Christopher Payne - Photographe de l’industrie textile américaine

 
 

Christopher Payne est un photographe américain spécialisé dans la photographie industrielle. Son travail se porte notamment sur l’industrie textile américaine. Des photos très captivantes aux couleurs très flashies. Une photo prise chez S&D Spinning Mill à Millbury nous a particulièrement marqué. Vous pouvez la visionner ici.

Christopher Payne a démarré ce travail en 2010. Si certaines des usines prises en photos se portent toujours bien, d’autres éprouvent plus de difficultés voire ont totalement fermé à l’image de la mythique usine Woolrich Woolen Mill en 2018, qui était totalement intégrée verticalement et produisait des dizaines de milliers de couvertures made in USA.

Les usines et les ateliers visités par Christopher Payne :

  • Polartec

  • Bloomsburg Carpet Industries

  • Langhorne Carpet

  • Conrad-Jarvis

  • Darn Tough Socks

  • Bartlettyarns

  • Sterlingwear of boston

  • Bollman Hat Company

  • Woolrich Woolen Mill

  • True Textiles, Maine

  • Martin Greenfield Clothiers

  • Joseph Abboud factory

  • Sunbury Textiles

  • Draper Knitting Company

  • Annin Flagmakers

  • Leavers Lace, West Greenwich

  • Klotz Throwing Mill

 

Interview de Thom H. Boehm, technicien sur machines circulaires et influenceur Linkedin

 
 

Thom H. Boehm est un technicien spécialiste des machines circulaires. Suivi par plusieurs milliers d’abonnés, il écrit régulièrement sur Linkedin des articles touchant à la fois à son travail mais aussi à la vie en général. Il prévoit à terme d'écrire un livre sur ses expériences dans la maille.

Nous lui avons posé quelques questions afin de mieux comprendre l’univers des machines à tricoter circulaires.

Thom H. Boehm au milieu des machines à tricoter circulaires Photo @Thom H. Boehm

Thom H. Boehm au milieu des machines à tricoter circulaires
Photo @Thom H. Boehm

Eh bien, pour la qualité, je ne la connais que du point de vue du tricoteur. Je sais que des points de tricot moins denses sont souvent utilisés pour économiser du fil, mais en général je préfère tricoter avec un point beaucoup plus serré. J’ai aussi l’impression que cela aide à réduire le rétrécissement du produit fini.
— Thom H. Boehm

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Thom H. Boehm, et je vis actuellement à Truro, en Nouvelle-Écosse au Canada avec ma femme et mon fils qui révise pour son master au sous-sol en raison des restrictions dues au covid.

Comment êtes-vous tombé dans le monde du textile ?

Je me suis marié et j'ai déménagé au Japon à l'âge de 20 ans. Une fois là-bas, j'ai repris le métier que la plupart des étrangers au Japon ont, c'est-à-dire l'enseignement de l'anglais. Je n'avais pas de diplôme universitaire, mais j'avais un visa conjoint, alors mon patron au Japon m’a inventé un diplôme universitaire et l'a transmis aux services de la préfecture. J'ai enseigné dans la même école pendant près de 10 ans. À l'âge de 30 ans, nous sommes revenus au Canada en famille. Comme je n'avais pas de diplôme universitaire, le travail en usine était le travail le plus facile à trouver. Je suis entré à l'usine - où je travaille actuellement - en août 2001 en tant que tricoteur à la pièce* avec l’équipe de nuit. Plus tard, j'ai fait un apprentissage en tant que réparateur, et maintenant je fais un peu de tout, ou tout ce qui doit être fait.

Dans quelle entreprise travaillez-vous actuellement ?

Je travaille pour Stanfield’s Limited à Truro, en Nouvelle-Écosse. Elle a été fondée en 1856 à Tryon, Prince Edward Island, puis a déménagé en Nouvelle-Écosse.

L’usine Stanfield’s au Canada Photo @Thom H. Boehm

L’usine Stanfield’s au Canada
Photo @Thom H. Boehm

Sur quelles machines travaillez-vous ? Quels types de vêtements produisent-ils ?

Selon les jours, je travaille sur des machines qui produisent des tricots jersey, polaire, interlock, double-face, côtelé ou encore sur des machines d’impression. Stanfield fabrique une grande variété de produits, mais beaucoup d’entre eux sont encore des sous-vêtements ou des tricots pour l’hiver. Nous produisons également de nombreux vêtements ignifugés pour les travailleurs dans le domaine pétrolier, les pompiers ou toute autre personne ayant besoin de vêtements ignifugés.

Quelles sont vos tâches quotidiennes ?

Au quotidien, je couvre beaucoup de terrain. Dernièrement, mes statistiques affichent en moyenne plus de 10 km parcourus en une journée. La salle de tricot est grande et souvent les machines dont je m'occupe se trouvent de part et d'autre de la pièce. J'utilise ces machines, je les entretiens, je jette les déchets de production et je tiens mon responsable au courant de ce qui se passe et de l'entretien en général. En somme, je fais tout ce qui doit être fait pour que les machines continuent de fonctionner.

Quelle est votre machine préférée et pourquoi ?

Ma machine préférée ? C'est difficile, car la plupart d'entre elles me plaisent d'une manière ou d'une autre. Ma préférée serait probablement la MC # 62. Une vieille machine Mayer de 30 pouces qui produit du tissu à côtes avec lycra. C'était une machine terrible à faire fonctionner lorsque j'étais tricoteur à la pièce, mais elle fonctionne beaucoup mieux ces jours-ci, et c'est une machine intéressante avec une personnalité attrayante et affable.

Souhaitez-vous apprendre à utiliser des machines à tricoter rectilignes? (Comme ceux de Shima Seiki par exemple)

J'adorerais apprendre à utiliser des machines à tricoter rectilignes, mais je ne pense pas que cela se produira un jour. J'aimerai beaucoup voir une machine Shima Seiki en action, afin de pouvoir comprendre comment elles fonctionnent.

Avez-vous des marques de mode préférées ? Ou des marques que vous pensez que leurs t-shirts et sweatshirts sont vraiment bons ?

La majorité de mes vêtements, je les achète en brocante. Allez dans les magasins de seconde main et vous pourrez voir quelles marques produisent des vêtements de qualité. Si des vêtements ont toujours l'air bien après tant d’années, alors généralement ils sont plutôt bien fabriqués. Pour mes t-shirts, je suis souvent attiré par American Eagle, car ils tiennent bien et j'aime leur coupe. Lorsque j'achète quelque chose de nouveau, ces derniers temps, je vais chez Puma et Diesel, mais honnêtement je n'achète pas de nouveaux vêtements très souvent.

La mode masculine est très attachée à la notion de qualité. En tricot circulaire, que signifie «bonne qualité» ? Est-ce nécessairement un tricot plus épais ?

Eh bien, pour la qualité, je ne la connais que du point de vue du tricoteur. Je sais que des points de tricot moins denses sont souvent utilisés pour économiser du fil, mais en général je préfère tricoter avec un point beaucoup plus serré, et j'ai aussi l'impression que cela aide à réduire le rétrécissement du produit fini. Malheureusement mes connaissances se limitent principalement à mon périmètre. Mais j'aime autant que possible produire un tissu de qualité sans défauts avec les ressources limitées dont je dispose.

Les t-shirts tubulaires ont souvent une très bonne presse. Cependant, aucun article n'explique pourquoi un t-shirt tubulaire serait meilleur qu'un t-shirt coupé et cousu.
Avez-vous un avis sur la question ?

C’est en dehors de mon domaine d’expertise, mais je ne pense pas qu’il y ait une différence. Et en tricot circulaire, la plupart des vêtements sont coupés et cousus. Je serais plus préoccupé par la qualité des matières et de la fabrication.

Machines à tricoter circulaires Photo @Thom H. Boehm

Machines à tricoter circulaires
Photo @Thom H. Boehm

Machine à tricoter circulaire Monarch Photo @Thom H. Boehm

Machine à tricoter circulaire Monarch
Photo @Thom H. Boehm

*Le travail à la pièce fait référence à un système où le salaire est calculé sur la quantité produite.

 

Camessi – Chemises en Demi-Mesure

 
 

Note : nous avons demandé à Camessi de nous envoyer les chemises que vous allez découvrir dans cet article.

Texte : Marcos Eliades
Photos : Thomas M.



La chemise est certainement une des pièces les plus portées dans la mode masculine : habillée, décontractée, fantaisie…les choix sont infinis. J’aime particulièrement les chemises, c’est pour cette raison que je suis continuellement en quête de nouveaux chemisiers. C’est là où je tombe sur Camessi, un faiseur…Indien. Soyons honnêtes, lorsque vous entendez parler du « made in India », vous supposez de manière stéréotypée que la qualité n'est pas très bonne et que les conditions de travail ne sont pas forcément meilleures. Pourtant, tout n’est pas si simple et certaines marques tel que Camessi sortent du lot.

Décryptage.

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Une histoire de famille

Camessi est un fabricant de chemises sur mesure basé à Bombay. L’entreprise a été fondée par Shanker Shroff en 2007. Aujourd'hui, son fils Sanjiv Shroff et ses deux petits-fils Rahul et Ameya ont repris l'entreprise.

J’étais très curieux d’en savoir plus sur cette marque. Lors de mon premier appel téléphonique avec Ameya, il m'a expliqué la philosophie de l’entreprise. L'objectif de Camessi est d'offrir « la meilleure qualité que l'on puisse attendre d'un fabricant de chemises sur mesure ». Pour cette raison, l’entreprise forme ses propres couturières (jusqu’à 70), c’est même un prérequis : elles ne doivent pas avoir d'expérience préalable ! Cela permet à la marque de leur inculquer de bases solides.

A ses débuts, le fondateur et sa famille se sont rendus en Italie chez les meilleurs fabricants de chemises du monde et ont analysé chaque style de différents producteurs afin de reprendre les connaissances acquises et de les interpréter à leur manière. Ces informations et connaissances sont encore utilisées aujourd'hui par leurs artisans qualifiés. Chaque étape du processus de fabrication d'une chemise est soigneusement vérifiée par quelqu’un d’expérimenter. La marge d’erreur que Camessi s’autorise est de 1mm !

Par exemple : Imaginez un tailleur travaillant sur un côté de la chemise. Lorsque le fil se casse, un chemisier italien ou européen, prendrait un autre fil et commencerait là où l'autre fil s'est cassé. Ce fil est le plus souvent coupé avec soin, laissant une sorte de nœud invisible pour la plupart des yeux. En comparaison, lorsque cela se produit chez Camessi, le tailleur recommence à zéro afin de livrer la qualité promise. La plupart des tailleurs européens ne le feront pas, car c'est tout simplement trop cher et trop long.

Camessi a plus de 2000 tissus en stock provenant des meilleurs fabricants, notamment un typiquement indien, le mythique Madras. Les options sont infinies.

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Une chemise OCBD et une chemise en jeans un peu spécial

Pour cette expérience, je voulu voir deux tissus : un oxford et du denim. Et je ne suis pas déçu ! Les tissus sont vraiment impeccables au toucher et une fois les chemises portées.

L’OCBD est très souple et d’une belle couleur bleu ciel. Elle est parfaite dans une tenue habillée mais sied tout autant à celles plus casual.

Pour le total casual, la chemise en denim est un must. Ici des poches poitrines plaquées arrondies, boutons en nacre, et un col aux proportions généreuses.

Vous l’aurez compris…Made in India ne rime pas avec basse qualité, Camessi est en l’exemple vivant.

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T-shirts coupe boxy, cols larges et ras du cou

 
 

Où trouver des t-shirts à la coupe boxy, aux manches un peu plus longues que la normale, munis d’un bord-côte (au niveau du col) large de plusieurs centimètres et très proche du cou ?
C’est la question que l’on s’est posée, ce type de t-shirts étant à notre avis dans l’air du temps - à la mode pour le dire plus simplement.

Quelques exemples ci-dessous. Cinq pour être précis.


1. SUNSPEL

T-shirt pour homme en coton brossé bleu marine.
105€.

Sunspel précise que ce t-shirt est fabriqué dans un jersey de coton compact  lourd Image Sunspel.fr

Sunspel précise que ce t-shirt est fabriqué dans un jersey de coton compact lourd
Image Sunspel.fr

Le col est très proche du cou et les manches plus longues que la “normale” Image Sunspel.fr

Le col est très proche du cou et les manches plus longues que la “normale”
Image Sunspel.fr

 

2. DRAKE’S LONDON

Navy Cotton Crew Neck Hiking T-Shirt.
100% Cotton. Made in Portugal.
75£.

Le col est un bord-côte large  Image Drakes.com

Le col est un bord-côte large
Image Drakes.com

Les manches descendent bien au niveau de l’avant bras Image Drakes.com

Les manches descendent bien au niveau de l’avant bras
Image Drakes.com

 

3. Berner Kühl

Supima Test Tee, Navy.
81€.

Les manches descendent jusqu’aux avant-bras Image goodscph.com

Les manches descendent jusqu’aux avant-bras
Image goodscph.com

Le bord côte est proche du cou et assez large Image goodscph.com

Le bord côte est proche du cou et assez large
Image goodscph.com

 

4. LADY WHITE CO.

Athens t-shirt.
$75.
Made in USA.
jersey de coton léger. Coupe légèrement boxy avec une épaule tombante. Prélavé pour réduire le rétrécissement.

Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

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Image ladywhiteco.com

 

Tout comme Sunspel, Lady White Co. propose également une version à col montant. Plus difficile à porter.

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Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

Image ladywhiteco.com

 

5. UNIQLO U

Uniqlo U propose en version manches courtes et manche longues ce type de t-shirt.

Image uniqlo.com

Image uniqlo.com

Image uniqlo.com

Image uniqlo.com

 

Une mode qu’on retrouve également dans les colletions femme. Comme ci-dessous avec un t-shirt de chez John Smedley et Margaret Howell.

Image John Smedley

Image John Smedley

Image Margaret Howell

Image Margaret Howell

 

Peut-on se passer des emballages plastiques - Polybags ?

 
 
Vêtements emballés dans des polybags Image Patagonia.com

Vêtements emballés dans des polybags
Image Patagonia.com

Afin de répondre à cette question, Patagonia a mené des études pour savoir dans quelles mesures il était possible de réduire le plastique dans leur chaîne d'approvisionnement. Il en ressort que, à l’heure actuelle, les sacs plastiques sont essentiels pour garantir que les vêtements restent propres à travers toute la chaîne de distribution jusqu’au client final. En éliminant les polybags, les vêtements seraient endommagés ou salis, ce qui entraînerait des coûts financiers et environnementaux. Un produit endommagé a, d’après Patagonia, un coût environnemental bien plus élevé que la fabrication d'un polybag.

Patagonia a mené ses différents tests sur 40 vêtements. Aucune solution concluante n’a été trouvée.

L’article complet est disponible ici.

Veste ayant parcouru la chaîne d’approvisionnement de Patagonia sans Polybag Image Patagonia.com

Veste ayant parcouru la chaîne d’approvisionnement de Patagonia sans Polybag
Image Patagonia.com

Une conclusion à mettre en perspective avec les solutions proposées par d’autres entreprises, qui sont de plus en plus nombreuses à retirer les emballages plastiques. Ou tout du moins entre leur entrepôt de distribution et le client final. Si vous commandez sur Yoox, Mr Porter, Matches Fashion…aucun emballage plastique n’est présent.


 

Tomorrowland - Collection printemps/été 2021

 
 

Tomorrowland est un groupe japonais de mode fondé en 1978 par le designer Hiroyuki Sasaki dont nous avons déjà parlé ici.

La marque homme Tomorowland vient de sortir ses dernières pièces pour le printemps et l’été à venir. Vous trouvez ci-dessous quelques photos issues de leur lookbook.
Concernant les détails des vêtements, les matières utilisées sont majoritairement précisées. Des laines de chez Fox Brothers, référence Fox Air qui est une laine tropicale idéale lorsque les températures montent. La marque utilise également pour ses vestes et pantalons un très beau tissu rayé de chez Bartolini en mélange laine/rayonne ainsi qu’un sergé en nylon/rayonne qui provient de chez Lyria. Concernant les pulls en maille, l’origine des fils est également souvent précisée. On a par exemple vu un mélange lin et coton de chez Manifattura Sesia, un très beau filateur italien.

Bartolini,
Lyria, Fox Brothers : 3 noms de fabricants de tissus homme à retenir, c’est le haut du panier.

Images Tomorrowland

Veste en laine Fox Brothers Fox Air

Veste en laine Fox Brothers Fox Air

Veste croisée, tissu en lin et rayonne de chez Bartolini

Veste croisée, tissu en lin et rayonne de chez Bartolini

Pull en maille en mélange coton lin de chez Manifattura Sesia

Pull en maille en mélange coton lin de chez Manifattura Sesia

Gilet sans manches made in Japan

Gilet sans manches made in Japan

Pull marin 100% coton - fil de chez Manifattura Sesia

Pull marin 100% coton - fil de chez Manifattura Sesia

Veste en laine Fox Brothers Fox Air

Veste en laine Fox Brothers Fox Air

 

Qu'est-ce que la bonneterie ?

 

Une réponse assez exhaustive à cette question a été donnée en 1891 par M. Auguste Mortier dans son livre par Le tricot et l'industrie de la bonneterie. Vous trouverez ci-dessous un extrait des passages qui nous intéressent.
Le livre est par ailleurs consultable entièrement et gratuitement en ligne ici grâce au travail de numérisation offert par la plateforme Gallica.

I. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. HISTORIQUE.

TRICOT ET BONNETERIE


Le mot Bonneterie (1) a toujours éveillé en nous un sentiment de protestation. Pourquoi le bonnet, ce simple détail du vêtement, a-t-il donné son nom à une industrie aujourd'hui si complexe et qui habille l'individu de toutes pièces? Pourquoi la partie pour le tout? Devant la nécessité d'accepter une dénomination consacrée par l'usage, nous voudrions tout au moins essayer d'en fournir une justification.

Si nous regardons autour de nous, nous trouvons des anomalies de même nature : hosiery, disent les Anglais, du mot hose, bas; strumpfwaaren, disent les Allemands, en se servant également du mot bas, strumpf. Les Italiens et les Portugais sont plus logiques : maglieri pour les uns, maglia pour les autres, sont des noms génériques, ayant un lien de parenté bien marqué avec notre mot maille, et, s'il était possible de créer chez nous une appellation nouvelle, l'expression de maillerie leur correspondrait exactement.
Enfin, et chose curieuse, les Espagnols placés entre les Portugais et les Italiens emploient un terme collectif particulier : puntos. Tout au plus pourrait-on le rapprocher du mot français point et y voir une allusion à la constitution du tissu à mailles. On y pourrait trouver aussi une preuve de communauté des origines de la Bonneterie et de la Dentelle : le point est, en effet, l'élément constitutif de la dentelle, comme la maille est celui du tissu de bonneterie.

Le mot propre pour désigner le tissu à mailles ne nous fait pas défaut cependant : nous avons le mot tricot (2). C'est le terme générique que nous réclamons et que l'usage a sanctionné : nos grand-mères ont fait du tricot; il ne nous arrivera jamais de dire qu'elles ont fait de la bonneterie.

Comment un mot a-t-il remplacé l'autre ? — Dans quelles conditions et à la suite de quelles circonstances la substitution s'est-elle opérée ? Un retour vers le passé va nous l'apprendre.

L'art de tricoter remonte à une époque que l'on ne saurait déterminer, et il est impossible de préciser quand, en quel pays et par qui le tricotage à la main fut pratiqué pour la première fois.

Le tissu tricoté a pour caractéristique d'être produit par l'enchevêtrement de boucles ou mailles, pouvant glisser les unes sur les autres et à la formation desquelles un seul et même fil suffit ; grâce à cette mobilité relative de ses éléments constitutifs, le tissu tricoté est élastique dans tous les sens. Il tient beaucoup du tissu pour filet de pêche; celui-ci, en effet, est également formé de mailles obtenues à l'aide d'un seul et même fil ; mais il a de plus à chaque maille des points d'arrêt ou noeuds, qui font perdre aux mailles la faculté de glisser les unes sur les autres et différencient le tissu à filet du tissu tricoté. De telles analogies permettent de supposer que les deux variétés ont pu exister presque simultanément et bien probablement on ne commettrait pas d'erreur en leur assignant la même époque d'origine. S'il en était ainsi, et quelle que soit la distance qui puisse les séparer, le tissu à filet étant connu dès la plus haute antiquité, le tissu tricoté devrait bénéficier d'une origine aussi reculée et remonter lui-même aux temps les plus anciens.

[…]

Nous avons ainsi la preuve officielle qu'en 1554 on connaissait en France le bas tricoté et que, contrairement à ce qui se passait à la même date en Angleterre où des Acts du Parlement de 1563 mentionnent le hosier ou fabricant de bas et le knee cap maker ou fabricant de bonnets au tricot, les bonnetiers français étaient devenus fabricants de bas ; sans rien ajouter à leur titre, sans le modifier, ils avaient joint peu à peu à leur industrie première du bonnet, du. gant, des mitaines et « autres appartenances, » la fabrication du bas.
Maîtres de cette fabrication et forts de la rigueur des règlements corporatifs, ils entendaient ne plus s'en dessaisir.

[…]

Réunies entre les mêmes mains, dans la même corporation, les deux industries du bonnet et du bas tricotés auraient dû, tout au moins à leurs débuts, se développer parallèlement. La fabrication du bonnet, néanmoins, prit rapidement l'avance sur celle du bas. Mieux que celle-ci, en effet, elle répondait à des besoins immédiats et la grande consommation de ces produits, assurée par leurs bas prix et leur facile production, lui donna de suite un essor considérable ; elle prit immédiatement rang parmi les indus-tries classées de l'époque.

[…]

Rien d'étonnant dès lors à ce que la Bonneterie ou fabrique de bonnets ait été l'industrie caractéristique des articles faits au tricot. Les bonnets furent les premiers objets tricotés, fabriqués industriellement; les bas, les camisoles, ne vinrent que plus tard.

Notre bonneterie actuelle, mal dénommée comme on le voit, n'est donc qu'une branche de l'ancienne bonneterie ou fabrique de bonnets. Celle-ci a, pour ainsi dire, disparu avec l'usage de son principal produit, mais le nom est resté.

Notes de bas de page :


(1) On doit prononcer régulièrement Bonèterie et non Bonn'trie comme l'accepte l'usage.

(2) Littré croit avec Diez que tricoter est pour estricoter, comme pâmer est pour espâmer ; il le fait dériver du mot néerlandais strik, maille. strikken, nouer.

Il en fournit aussi une autre origine. Un arrêt du Conseil, du 7 août 1718, concernant les serges, se réfère en ces termes à des lettres patentes: a le feu Roy... ayant autorisé par ses lettres patentes du mois de mars 1669 des statuts pour les manufactures des villages de Tricot et de Piennes en Picardie " Ainsi, dès le milieu du XVIIe siècle, le village de Tricot (département de l'Oise) avait des manufactures de serges.
Aurait-il fait du tricot et donné son nom au tissu à mailles? Littré pose la question sans la résoudre ; nous n'osons nous prononcer davantage. Nous admettons plus volontiers cette troisième explication du même auteur : les écrits du XVIe siècle mentionnent les « triquoteuses » et cette orthographe fait croire que tricot vient de trique, l'aiguille en bois, employée à cet effet, ayant été nommée triquot ou petite trique.

En tous cas, et quelle que soit l'origine du mot tricot, il n'est que le synonyme d'un mot plus ancien, avec un sens plus large toutefois. Nous verrons plus loin en effet que, dès le XIIIe siècle, le tissu tricoté en laine avait son nom propre; on l'appelait «l'estame. » Celui de tricot ne fut usité que plus tard; il s'appliqua au tissu tricoté en laine, en coton ou en soie.

 
Le tricot et l'industrie de la bonneterie par M. Auguste Mortier  Image Gallica

Le tricot et l'industrie de la bonneterie par M. Auguste Mortier
Image Gallica

 

Baracuta - Blouson G9

 
 

Note : nous avons demandé à Baracuta de nous envoyer les blousons que vous allez découvrir dans cet article.

Steve McQueen, James Dean, Elvis, Frank Sinatra, James Bond…ont un point commun : ils ont tous marqués la mode masculine, d’une façon ou d’une autre. Ces quatre stars ont tous aussi porté un blouson mythique, le modèle G9 de Baracuta. Mythique car ce blouson est la représentation de la veste Harrington, un blouson léger en toile imperméable et manches raglan. Mythique aussi car la marque anglaise a su décliner ses blousons en plusieurs coloris.

Décryptage.



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Pourquoi un blouson « G9 » ?

La firme Baracuta prend racine à Manchester dans les années 1930. Créée par John et Isaac Miller, le but était de proposer des vêtements imperméables élégants pour des marques comme Burberry. La marque devient indépendante au fil du temps.

En 1937, Baracuta invente un blouson court avec zip pour la pratique du golf. Le design permettait beaucoup de liberté de mouvement afin que les joueurs puissent faire leur swing. D’ailleurs, les Japonais les appelaient les « swing jackets », mais Baracuta décide de les surnommer « G9 » : « G » pour « Golf ». La doublure caractéristique en tartan a pour référence « Fraser », un tartan particulier issu de la Chieftain du Clan Fraser.

Dans les années 1950, la G9 rejoint les côtes américaines, des stars telles que Bob Hope ou Bring Crosby en portent, tout comme James Dean dans Rebel without a cause.

Dans les années 1960, la G9 devient indissociable du look British, dans les années 1970, 1980, 1990 il irrigue l’underground et la communauté Punk. Preuve que ce blouson est réellement un caméléon du style.

Pourquoi dit-on alors « blouson Harrington » ? Selon la marque anglaise, ce n’est que dans les années 1960 que le blouson prend cette dénomination. A l’origine de cela, une série américaine, Peyton Place, au sein duquel un personnage – Rodney Harrington portraituré par Ryan O’Neal – portait toujours un blouson G9. C’est John Simmons, un spécialiste de la mode masculine, baptise le blouson du personnage éponyme.

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Le confort et l’allure

Comme mentionné en introduction, le blouson s’enfile sans prise de tête. Il est à noter que la taille est plutôt près du corps donc nous recommandons de prendre une taille au-dessus si vous souhaitez être plus confortable.

Je porte ici une taille 36 qui est vraiment bien. Le double zip est vraiment un atout, j’adore le dézipper au milieu ! Les deux couleurs shootées font partie de la légende de Baracuta : un rouge vif et un vert « Bristish racing green » (si vous aimez les voitures, regarder la Jaguar Type E dans ce colori, un délice).

Si les couleurs peuvent faire peur de prime abord, je vous assure qu’il suffit de jouer avec la palette chromatique pour jouer avec ce blouson. A l’instar ici : je porte du vert et du jaune, deux couleurs tranchantes mais qui se complètent parfaitement.

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Le blouson idéal pour la mi-saison

Si vous souhaitez l’acquérir, c’est par ici :

Nous ne pouvons que vous recommander chaudement Baracuta et leur mythique blouson G9, après tout, n’est-ce pas plaisant de porter un bout d’histoire sur le dos ?

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Hender Scheme - L'une des collections les plus belles de chapeaux et casquettes

 
 

Hender Scheme est une marque japonaise connue pour son travail artisanal du cuir et en particulier sa collection Hommage qui reprend tous les classiques de la culture populaire (Nike Air Force One, Adidas Superstar…) en les produisant avec des méthodes artisanales et dans des cuirs plus nobles.

Hender Scheme propose également d’autres accessoires : sacs, ceintures…ainsi que des chapeaux et des casquettes. A notre avis, l’une des plus belle collection disponible sur le marché.

Images Hender Scheme.

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Nonnative x Polartec®

 
 

DISTRIBUTION EXCLUSIVE pour COVERCHORD

Nonnative utilise le tissu polaire Polartec® Wind Pro® pour une série de vêtements uniquement distribués via la magasin japonais Coverchord. Ce tissu polaire offre une très bonne résistance au vent tout en ayant une excellente respirabilité. Il y a 3 articles proposés : un sweatshirt col rond, un pantalon jogging et un cache-cou. Une panoplie confortable dans beaucoup de situations, que ce soit à la maison où à l’extérieur.

Toutes les couleurs sont disponibles en trois couleurs: noir, gris et olive.

Des vêtements à laver de préférence avec le GuppyFriend pour limiter le rejet de fibres plastiques dans l’océan.

Pièces disponibles ici sur Coverchord.

Images coverchord.com

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Prologue Hong Kong

 
 

Mars 2020 : premier confinement. L’occasion pour moi de faire un grand tri dans ma garde-robe. Un constat criant lorsque je l’examinais: mes costumes n’étaient plus vraiment à ma taille. Trop fin et slim à mon goût, héritage d’une époque où je m’habillais (trop) près du corps. C’est là où je me mets à la recherche d’une marque qui puisse me satisfaire. Comme souvent, je me tourne vers Instagram, une grande source d’inspiration. J’épluche divers comptes et tombe sur celui d’un tailleur Hongkongais : Prologue Hong-Kong. Les silhouettes sont simples, intrigantes et belles à la fois. Je décide de contacter la marque via le réseau social. Pour rappel, nous sommes en plein confinement, la situation est donc assez critique en Chine, mais Prologue est à l’écoute : leur idée est de lancer du Remote-Made-To-Measure, à savoir du demi-mesure à distance. Grâce à un guide de prise de mesures efficient, je commande mon premier costume deux-pièces dans un tissus bleu de la maison anglaise Holland & Sherry qui est une véritable réussite. Les mesures ont été prises par ma copine – merci à elle – et perfectionnées par l’équipe de Prologue. A l’arrivée, le costume tombe parfaitement, je suis complètement sous le charme de la coupe et de la qualité de confection, très propre.

Depuis, ma garde-robe s’est étoffée grâce à leur offre imbattable. Voici le review de leur veste emblématique et d’un pantalon un peu spécial.

Décryptage.

L’équipe Prologue Image prologuehk.com

L’équipe Prologue
Image prologuehk.com

Les trois fondateurs de la maison – Jerry Tong, Chris Tang et Maslow So – étaient frustrés lorsqu’ils partaient à la quête de costumes : bien qu’ils auraient adorés pouvoir s’habiller chez Liverano Liverano, Sartoria Panico ou encore Corcos à Florence, la qualité coûtait un certain prix qu’ils ne pouvaient s’accommoder.

Lorsque des amis leur demandait où trouver des costumes pas chers mais de qualité, ils n’avaient jamais de réponse à leur donner.

C’est là où Chris et Jerry commencent à travailler avec des tailleurs hongkongais pour reproduire les silhouettes de leurs maisons favorites. Mais les tailleurs ne souhaitaient pas s’adapter aux goûts des deux hommes : ils n’avaient pas de temps à leur accorder.

Ils trouvent un atelier en Chine disposé à apprendre à couper leurs patrons. Petit à petit, la silhouette se précise et se perfectionne. Leurs costumes sont confectionnés à partir de patrons préexistants, mais réajustés à la main, voici pourquoi Prologue parle d’une offre semi-bespoke.

Une veste et pantalon pour tous les jours

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Le bleu et le gris sont les meilleurs amis de la garde-robe masculine. Mais ils peuvent rapidement prendre le dessus, le résultat de cela étant que l’on ne souhaite pas s’aventurer à outre sa zone de confort.

Mais parfois, cela paye. Faire des erreurs fait partie intégrante du chemin pour construire sa garde-robe (les sites de reventes de vêtements sont là pour rattraper le coup !).

Prologue nous offre à voir une veste deux-boutons (faux trois-boutons) aux revers larges (10 cm), et aux épaules légèrement structurées. Dans un tissu composé en 50% laine et 50% soie de la maison Marling and Evans, cette veste à motif Prince de Galles à rayures discrètes vertes est un véritable coup de jackpot pour une garde-robe.

Prologue ayant déjà mes mesures de ma commande précédente, il était donc simple de les reprendre pour l’appliquer à cette veste. La veste tombe parfaitement !

Dans un monde de moins en moins formel, Prologue voulait proposer de nouvelles pièces hybrides s’intégrant dans notre quotidien chamboulée par la situation sanitaire actuelle. Ainsi,

La maison hongkongaise propose également de découvrir une véritable pépite : un pantalon habillé – sartorial – en denim. Je dois avouer avoir été quelque peu circonspect au début, mais Jerry a su me conseiller et guider efficacement. Grâce à cela, je le porte avec la veste détaillée précédemment, visible sur les photos. Finalement, j’aime beaucoup ce pantalon car il est à la fois habillé et décontracté. Habillé par sa couleur sombre – d’un bleu profond – et décontracté de par le tissus denim.

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Du « Made in China » de qualité

Ce review de Prologue est l’occasion pour nous de redire que, oui, il est possible d’avoir un vêtement fabriqué en Chine dans les règles de l’art. La maison hongkongaise est pleinement dans l’artisanat. La confection est de très bonne facture et le prix imbattable.

Quid des frais de douanes ? Prologue expédie les commandes via Hong-Kong Post ce qui pallie les taxes douanières considérablement : d’expérience, compter environ 30 euros de frais à la réception à régler à Chronopost.

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Une marque qui a su s’adapter

Prologue a lancé son site internet il y a peu, Prologuehk, et a surtout étoffé sa gamme, en proposant des pièces en prêt-à-porter ou made to order. Leur programme de Remote-made-to-measure devrait se lancer d’ici quelques semaines.

Pour retrouver la veste de ce review en ready-to-wear, il suffit de suivre ce lien : Prologues Signature Brown Cream Pow Check Wool Silk Jacket

Prologue est composée d’une équipe exemplaire, Jerry étant d’une gentillesse et bienveillance incroyable, nous ne pouvons que recommander de sauter le pas. Vous pouvez également découvrir leur offre via Instagram, leur page est une véritable source d’inspiration !

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Les fabricants de denim japonais ont-ils vraiment importé des vieux métiers à tisser américains ?

 
 
Les premiers denim japonais ont-ils été fabriqués sur des machines importés - des USA ? D’après Kurabo, il semblerait que oui. Et pourtant… Capture écran - kurabo-denim.com

Les premiers denim japonais ont-ils été fabriqués sur des machines importés - des USA ? D’après Kurabo, il semblerait que oui. Et pourtant…
Capture écran - kurabo-denim.com

UN MYTHE

On entend souvent dire que les entreprises japonaises produisent ou ont produit leurs tissus selvedge sur des machines à tisser importées des États-Unis. Dans la réalité, ce fait relève plus du mythe que de la vérité. David Marx, un des experts sur les liens entre la culture du vêtement japonaise et américaine, le confirme dans une interview pour NoManWalksAlone.

Ci dessous la version traduite - via Google Translate - sur la question qui nous intéresse. L’interview complète et originale est disponible ici sur NoManWalksAlone.

David Isle : En parlant de jeans, pouvons-nous parler du mythe selon lequel les fabricants de denim japonais ont acheté les vieux métiers à tisser selvedge de Levi's ? Cette histoire est très répandue dans la blogosphère. Comment cela a-t-il commencé et comment savez-vous que ce n'est pas vrai?

W. David Marx : À ce stade, ce mythe est si répandu que même certaines personnes chez Levi's le croient. Je l'ai entendu pour la première fois à la fin des années 90. Je pense que tout cela remonte au fait qu'Evisu est devenu un acteur important en Occident, mais je ne sais pas à quel point Evisu était intentionnel en essayant de propager ce mythe.

Je pense qu'il est clair sous plusieurs angles que le mythe n'est pas vrai. (Félicitations à Paul Trynka et Kiya Babzani, qui ont créé beaucoup de mythes.)

- Tout d'abord, il n'y a pas de «métiers à tisser Levi's» : Levi's achetait du denim selvedge à Cone Mills.

- Ensuite, Cone Mills a déclaré qu'ils n'avaient jamais vendu de métiers à tisser au Japon. Apparemment, ils ont tous été mis à la ferraille pour leur poids en métal.

- Troisièmement, ce sont de vieux métiers à tisser Toyoda qui sont utilisés pour fabriquer du denim selvedge au Japon et qui sont de bien meilleure qualité que les métiers à tisser Draper utilisés chez Cone Mills.
J'ai lu une interview d’un gars de Cone Mills qui disait que lorsque les Japonais ont lancé leurs métiers selvedge, ils ont également sorti leurs vieux métiers à tisser Draper, et ils ont juste eu beaucoup plus de problèmes mécaniques que les japonais. Donc l'idée que les entreprises japonaises achèteraient ces vieux métiers à tisser américains - qui sont incroyablement lourds et difficiles à importer et fonctionnent de manière moins fiable - n'a pas vraiment beaucoup de sens.

- Quatrièmement, chaque personne que je connais qui a travaillé en étroite collaboration avec ces petites usines japonaises qui fabriquent du denim selvedge n'a jamais vu un seul métier à tisser Draper en service. Je pense qu'à un moment donné, quelqu'un aurait une photo d’un métier à tisser Draper de Cone Mills utilisé au Japon.

L'autre chose à comprendre à propos du denim selvedge est que les États-Unis avaient une histoire dans la fabrication de denim selvedge non pas parce que c'était du denim selvedge, mais simplement parce que tous les denim était autrefois fabriqué sur ces métiers à navette à laize étroite. Au fur et à mesure que la production augmentait, ils avaient besoin de métiers plus grands et plus modernes, et les vieux métiers navette ont donc disparu.

Etant donné que le Japon n'a vraiment commencé la production de denim qu'en 1972 ou 1973, ils l’ont faite sur des métiers à tisser très modernes. Kurabo était fier d'être le premier au monde à fabriquer du denim sur des métiers à tisser Suisse Sulzer de haute technologie. Ce n'est que lorsque la marque Big John a lancé la ligne Big John RARE en 1980 qu'une marque japonaise a même envisagé de commander la production de denim selvedge à ses usines japonaises. Il n'y avait donc vraiment aucun héritage dans la fabrication de denim selvedge jusqu'à ce que les marques veuillent se lancer dans la reproduction de styles anciens. Et à Okayama, ils avaient de très bons métiers selvedge pour fabriquer des toiles pour la voile qui est une très grande industrie à Kojima.


Ainsi la plupart - sinon la totalité - des métiers à tisser utilisés par les tisserands de denim japonais, tels que Kurabo, Kuroki, Kaihara ou même la marque assez confidentielle Momotaro, proviennent du constructeur japonais Toyoda. Comme expliqué par David Marx, les métiers à tisser sont des machines complexes et lourds, et il n'y aurait aucune raison d'importer les métiers américains au Japon, étant donné le grand nombre de métiers Toyoda déjà disponibles et de bonne qualité. Le métier à tisser automatique Toyoda a été introduit sur le marché japonais vers 1924, par Sakichi Toyoda. Le type G était extrêmement populaire et a été produit dans une version sous licence par la société britannique Platt Brothers. Ce fût un tel succès qu’il a permis à la société Toyoda de se développer dans la production automobile, sous le nom de Toyota, en 1937.

Draper X-3 loom - métier à tisser américain  Image conedenim.com

Draper X-3 loom - métier à tisser américain
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Momotaro - Vintage Toyoda looms  GL-9s Image Japan blue

Momotaro - Vintage Toyoda looms  GL-9s
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Usine Kaihara - toile Selvedge en cours de fabrication sur un ancien métier à tisser Toyoda G9 qui ne produit que 120 mètres de tissu en 24h Image issue du magazine gratuit LifeWear d’Uniqlo

Usine Kaihara - toile Selvedge en cours de fabrication sur un ancien métier à tisser Toyoda G9 qui ne produit que 120 mètres de tissu en 24h
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Usine Kuroki - Métiers à tisser Toyoda Image 3sixteen’s

Usine Kuroki - Métiers à tisser Toyoda
Image 3sixteen’s

 

AURALEE - Collection automne-hiver 2021-2022

 
 

Fondée en 2015 par le designer Ryota Iwai, Auralee est une marque japonaise basée à Tokyo. Entièrement fabriqué au Japon, les pièces Auralee jouent sur palette de couleurs très douces. Des nuances de beige sable, de kaki et de brun terre se mélangent à des tons plus vifs et plus froids comme le bleu, le gris tourterelle, ainsi que quelques touches de magenta.
Auralee est également réputée pour ses silhouettes épurées, la qualité générale de ses vêtements et son style minimaliste.

Ci dessous le lookbook de la collection Automne-Hiver 2021/2022.


Photos @Auralee

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Chaussettes Shaggy

Chaussettes Shaggy

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Qu'est ce qu'une chemise Bengal Stripe ? (Rayures Bengale)

 
 

Plus fine que la Candy stripe ou l’Awning stripe, la Bengale Stripe est une rayure dont la largeur oscille souvent autour des 6mm (1/4 inch) et qui alterne une couleur blanche avec une autre couleur. Le plus souvent bleu, vert ou rouge.

Cette rayure était portée de la fin des années 1800 au début des années 1900 par les officiers anglais des Bengal Lancers - d’où son nom -, l'un des régiments les plus célèbres de l'armée indienne de l'époque, lorsqu’ils n’étaient pas en service. Si ce régiment a permis aux rayures Bengal de gagner en popularité, son origine est beaucoup plus ancienne puisque les premières traces de ce type de tissu remontent au XVIIème siècle en Inde.

Un intemporel de la garde robe masculine qui est parfait pour l’été ou le printemps.

Chemise Gitman Bros Vintage x Frans Bonne en Bengale Stripe Image FransBonneStore

Chemise Gitman Bros Vintage x Frans Bonne en Bengale Stripe
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Chemise Gitman Bros Vintage x Frans Bonne en Bengale Stripe
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Chemise Gitman Bros Vintage x Frans Bonne en Bengale Stripe
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Cravate Archivio E. Marinella – Napoli

 
 

Note : nous avons demandé à Marinella de nous envoyer la cravate que vous allez découvrir dans cet article.

Dans un monde de moins en moins formel, il apparaît incongru de porter une cravate. Cet accessoire est graduellement devenu au fil du temps un emblème de démarcation parmi les autres. Difficile de défendre le port de la cravate au travail lorsque tous vos collègues adoptent les cols de chemises ouverts – cols souvent bien trop courts qui rebiquent vers l’intérieur – le jeans ainsi qu’un blazer étriqué. Une minorité continue de porter la cravate, parfois par obligation mais surtout par choix. Je tombe dans cette seconde catégorie. 

Si la maison E. Marinella ne vous parle pas, vous allez découvrir l’essence même de la cravate. Pour ceux qui connaissent, vous ne pourrez qu’acquiescer et savourer nos photos. 

Décryptage. 

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Une italianité napolitaine revendiquée

Beaucoup a été écrit et dit sur Naples – Napule en dialecte napolitain. La ville parthénopéenne est un concentré d’art tailleur en constante ébullition. Sans doute à cause du Vésuve tout proche qui veille plus qu’il ne menace la ville. Ceux qui ont déjà eu la chance de voyager dans cette ville attesteront quant à son atmosphère si particulière. 

À Naples, les habitants ne sont pas Italiens, mais Napolitains en premier lieu. Le dialecte et l’art de vivre napoletano irriguent les relations au quotidien. Naples est un concentré de culture, de foot et de savoir-faire tailleur. 

Au 287 de la Via Riviera Chiaia se niche une échoppe plus que centenaire, une véritable institution napolitaine : E. Marinella. Si la boutique ne fait que 20m2, son rayonnement est mondial. 

La maison propose une sélection de chemises, foulards, pochettes de costume, écharpes, pulls, bérets, souliers et surtout cravates. Un choix exceptionnel à en faire pâlir plus d’un. La maison voit le jour le 26 juin 1914 lorsque Don Eugenio concrétise sa vision d’un magasin qui serait un miroir de ce qu’il y a de plus élégant, en s’inspirant des Anglais. Si le terme galvaudé de la sprezzatura a été analysé et décortiqué à tort et à travers, Eugenio Marinella défend la sobriété dans l’élégance : « ne jamais porter une chemise bleu-ciel le soir ou une cravate rouge criarde » font partie de ses préceptes. 

Grâce à un article de la romancière et journaliste Matilde Serao au début du siècle, la maison Marinella gagne de l’importance et attise la curiosité du Prince Humbert de Savoie qui se rend en personne dans l’échoppe pour s’armer d’élégantes cravates pour ses sorties mondaines. Son oncle, Emmanuelle Filiberto Duc d’Aoste, y passait des après-midi entiers. 

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Fabrication

Si nous n’avons pas encore eu la chance de visiter les ateliers Marinella, la marque est présente chaque année au Bon Marché Rive Gauche à l’occasion des fêtes de Noël. Maurizio Marinella se déplace régulièrement en personne, accompagné de deux couturières qui réalisent sur place des cravates sur-mesure.
C’est à cette occasion que nous avons pu voir le montage dans les règles de l’art d’une cravate Marinella. A titre d’exemple, la structure de la cravate - la couture qui ferme la cravate sur sa longueur - est montée à la main. C’est encore le seul moyen de garantir une main et une longévité exceptionnelle de la cravate. 

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Un bout de tissu de la collection E. Marinella Archivio

La collection E. Marinella Archivio est une machine à remonter le temps. Elle permet de (re)découvrir des tissus du passé. L’occasion de mettre la main sur de véritables pépites, des trésors qui attendent d’être déterrés. Il n’est pas rare que les hommes les plus illustres du siècle en aient portés autour du cou. 

L’archivio rassemble des tissus produits au Royaume-Uni depuis les années 1930 jusqu’aux années 1980. L’archive compte plus de soixante motifs dans plus de deux-cents couleurs qui enrichissent la collection déjà bien garnie de la maison. 

La collection archivio est ainsi un véritable cadeau que nous offre la maison E. Marinella, un cadeau à porter sans modération fièrement autour du cou. 

Je porte une cravate Marinella Vintage issue d’une étoffe datant de 1948. Je l’associe ci-dessus avec une veste et un pantalon Prologue ainsi qu’une chemise Camessi*. La cravate est d’une belle teinte bordeaux à médaillons couleur crème. Elle relève une tenue sans l’occulter. 

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*Article à découvrir bientôt. 

Texte : Marcos Eliades
Photo : Thomas M.













 

Qu’est ce qu’un pull Guernesey ?

 
 
Tout comme l’île de Jersey, l’île de Guernesey est proche des côtes normandes. Ces deux îles sont des territoires autonomes, possessions de la Couronne Britannique mais ne font pas pour autant parties du Royaume-Uni. Capture écran - Google Maps - Do…

Tout comme l’île de Jersey, l’île de Guernesey est proche des côtes normandes. Ces deux îles sont des territoires autonomes, possessions de la Couronne Britannique mais ne font pas pour autant parties du Royaume-Uni.
Capture écran -
Google Maps - Données Cartographiques @2021 Google

Un pull Guernesey (ou Gansey, mais aussi “knit-frock” et “Polperro knitfrocks”) est un pull marin vraisemblablement* originaire de l'île de Guernesey, où il a été développé il y a plus de 400 ans.

L'industrie du tricot à Guernesey a commencé au début du 16e siècle, lorsque des licences ont été accordées à l'île de Guernesey par la Couronne Britannique pour importer de la laine d'Angleterre. A cette époque la majorité des tricots produits sont des sous-vêtements et plus particulièrement des collants. La reine Elizabeth I les portait brodées de soie, et l’histoire raconte que la reine Marie Stuart a insisté pour porter une paire de bas de Guernesey avant d’aller à son exécution. Si le pasteur William Lee invente la première machine à tricoter en 1589, celle-ci est uniquement conçue pour la production de bas. Le pull Guernesey étant une maille beaucoup plus grosse, il sera pendant longtemps tricotés à la main.

Le pull Guernesey gagnera en notoriété lorsque le célèbre amiral Nelson le recommanda à la Royal Navy. C’est ainsi qu’en 1857, les soldats de la garnison d'Halifax, en Nouvelle-Écosse, reçurent des Guernseys dans le cadre de leur équipement d'hiver. Certains régiments de la Royal Navy utilisent encore ce type pull aujourd’hui.

Tricoté à la main en une seule pièce, le pull Guernsey est particulièrement adapté au travail des marins qui sont à la merci du vent et de la météo en général. Le pull Guernesey est une pièce très dense et lourde afin d’être non seulement chaude, mais aussi résistante à l'eau et au vent grâce à un tricotage très serré. C’est pour cette raison qu’il fût adopté par de nombreux pêcheurs et leurs familles. Les pulls étaient souvent tricotés par les épouses de ces pêcheurs même s’il n’était pas rare que les hommes tricotent également eux même des pulls. Jusqu’à 80 heures de travail pour tricoter un seul pull. Les modèles de tricot de ces pulls étaient transmis à travers les générations, de manière purement orale et non écrite. Traditionnellement, les Ganseys sont tricotés à partir de laine 5 fils dans une couleur marine profonde, teinte naturellement à partir d'indigo.

 
Photo de portrait d’un marin de Guernsey Image letricoteur.co

Photo de portrait d’un marin de Guernsey
Image letricoteur.co

 

La silhouette des pulls Guernesey est très particulière. Les épaules sont tombantes et le col légèrement montant présente une forme allongée à cause de ses goussets - cf. plus bas. De même, des goussets sont souvent ajoutés sous les bras pour une plus grande facilité de mouvement, très utile pour les marins qui doivent régulièrement lever les bras. Certains modèles de pull Gansey présentent également des fentes sur le bord côte inférieur afin de faciliter mouvements. Le pull se porte près du corps pour éviter que le marin ne s’accroche accidentellement aux différents outils de pêche pendant les longues sorties en mer.

Historiquement, on pourrait distinguer plusieurs catégories de pulls Guernesey selon leur usage : ceux prévu pour l’été, ceux adaptés à la période hivernale et ceux, plus excentriques, qui étaient exclusivement portés le dimanche et les jours fériés. Avant l’avènement des colorants synthétiques à la fin du XIXe siècle, le bleu était obtenu en utilisant l'indigo naturel, un extrait de plante importé d'Inde et que l’on connaît tous aujourd’hui grâce au denim. Les pulls d’été étaient quant à eux parfois gris pâle ou fauve. Le poids des pulls ganseys fabriqués variaient également selon la saison. En hiver les pulls étaient tricotés avec un cinq fil et l’été dans un fil, deux fils, trois fils, ou quatre fils.

Pour trouver plus de photos d'époque, on vous conseille de regarder le travail de Francis Meadow Sutcliffe. C’est un photographe anglais connu pour ses clichés pris à Whitby, en Angleterre, à la fin de l'ère victorienne et au début du 20e siècle.

Fait intéressant, les pulls Guernesey sont unisexes et le devant et le derrières sont identiques. Ils étaient tricotés à l'identique afin de pouvoir être inversés en cas d'usure excessive au niveau des coudes ou ailleurs. Certaines parties des pulls étaient même démaillées et réparées au besoin. Cela signifie aussi que la couleur indigo des pulls pouvait varier énormément à mesure que certaines parties vieillissaient et que d’autres étaient remplacées. 

Chaque pull Guernesey présente un motif qui raconte une histoire. Certains sont basés sur la météo, d’autres font écho aux formes faites par les vagues, la grêle les éclairs...ou encore à la pêche, aux cordes…Dans le Livre de Gladys Thompson,“Patterns for Guernseys, Jerseys & Arans” on apprend même qu’il existe un motif «mariage lines» qui représente les hauts et les bas de la vie de couple.

Chaque motif était souvent propre à une famille de pêcheurs ou à un village de pêcheurs. Les initiales étaient aussi parfois ajoutées afin d'aider à identifier un corps récupéré du mer suite à la la perte d'un bateau, événement qui était assez fréquent.*

Livre de Gladys Thompson,“Patterns for Guernseys, Jerseys & Arans” Image amazon.fr

Livre de Gladys Thompson,Patterns for Guernseys, Jerseys & Arans”
Image amazon.fr

De nos jours les modèles les plus courants de pulls Guernesey sont : Whitby, Filey, Staithes, Channel Islands, Scarborough…Mais le plus simple et le plus connu est sans doute le Channel Island Guernsey. On le reconnaît grâce à ses deux colonnes en point mousse sur la poitrine, son col côtelé en forme de bateau, le point 2x2 qui ressemble à une corde au niveau des emmanchures, la présence de goussets, les bords côtes des poignets très longs et serrés pour éviter que l’eau ne pénètre et les manches légèrement plus courtes pour la même raison.

Pull Guernesey motif Channel Islands

Pull Guernesey motif Channel Islands

La flèche rose indique le sens de tricotage lorsque les pulls étaient tricotés à la main.
Concernant les flèches vertes :

  1. Ce qu’on appelle un gousset, une pièce (ici en maille) située aux aisselles qui facilite les mouvements

  2. Point mousse (garter Stitch)

  3. Fente sur le côté pour faciliter les mouvements

  4. Point mousse (garter Stitch)

  5. Côtes 2x2 qui représente les cordes des bateaux

  6. On ne le voit pas très bien sur cette photo, mais il y a un gousset similaire à celui présent sous les aisselles

 

Où trouver des pulls GUERNSEY ?

La tradition des pulls Guernesey se perpétue bien qu’ils soient à présent principalement tricotés via des machines. On recommande 3 marques :

  • Le Tricoteur Guernsey

  • Guernsey Woollens

  • Channel Jumper

Elles tricotent toutes les 3 leurs pulls sur l’île de Guernsey dans les règles de l’art.

Quelques exemples de pulls Guernsey modèle Channel Islands provenant de la marque Le Tricoteur.
On a volontairement mis un petit intrus dans les photos ci-dessous, saurez-vous le retrouver ?

100% laine peignée.

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Dernière suggestion, la marque Flamborough Marine propose des tricots Guernesey réalisés entièrement à la main. A partir de 400£.


*Comme expliqué dans cet article, les preuves ne sont pas établies, les pulls Ganseys pourraient initialement ne pas être originaires de Guernesey. Il en va de même sur l’ajout d’initiales afin d'aider à identifier un corps récupéré en mer suite à la la perte d'un bateau. Cela relève sans doute plus du mythe que de la réalité. Voir notamment les travaux de Siún Carden sur ce sujet.

 

Fast fashion - Les dessous de la mode à bas prix

 

Arte diffuse jusqu’au 06/06/2021 un reportage de 92 minutes intitulé Fast fashion - Les dessous de la mode à bas prix.

Vous y découvrirez notamment :

  • Un focus sur Leicester, l’ancienne capitale mondiale de la bonneterie. Si la majorité de l’activité de production a été délocalisée à partir des années 80, Leicester est devenue depuis 2008 le plus gros centre de production de fast-fashion du Royaume-Uni. Un reportage qui permet de prendre conscience que le Made in UK n’est pas toujours synonyme de conditions environnementales et sociales décentes.

  • Les effets néfastes de la transformation chimique de la cellulose de bois en viscose, aussi appelée soie artificielle ou rayonne. Ce procédé a été inventé par un Français, le comte Hilaire de Chardonnet en 1884. L’un des composants chimique le plus dangereux utilisé est le disulfure de carbone (CS2). Un produit dont l’action néfaste sur le corps humain est connue depuis plus d’un siècle. Paul Blanc, médecin du travail américain et spécialiste de la viscose, affirme que dès 1850 on connaissait ses effets de part son utilisation dans l’industrie du caoutchouc en France. “Après des jours d’exposition au produit, les ouvriers devenaient fous, ils devenaient cinglés”.

  • Le combat de la marque Rains contre le géant Zara

  • Des robes à quelques euros montées rapidement avec des surjeteuse-raseuses qui “n’ont pas du tout de forme, ce sont des sacs” - dixit le reportage. “Des vêtements vite portés, vite jetés”.

 
 
Le livre du docteur Paul blanc : Fake Silk: The Lethal History of Viscose Rayon  Image amazon.fr

Le livre du docteur Paul blanc : Fake Silk: The Lethal History of Viscose Rayon
Image amazon.fr

 

Le résumé du livre :

Ce livre inquiétant raconte une sombre histoire de matières toxiques, d'abus environnementaux et de machinations politiques et économiques qui l'emportent sur les préoccupations en matière de sécurité. Il explore l'histoire centenaire de la «fausse soie», aussi appelée viscose, utilisée pour fabriquer des produits tels que les textiles, les pneus, le cellophane ou encore les éponges de cuisine. Paul Blanc découvre la sombre histoire d'un produit qui a paralysé et même entraîné la mort de nombreux travailleurs tout en libérant du sulfure de carbone toxique dans l'environnement.

La viscose, un produit innovant et lucratif introduit pour la première fois au début du XXe siècle, est rapidement devenue une entreprise multinationale. Blanc étudie les pratiques de l'industrie depuis le début en passant par les deux guerres mondiales qui furent très rentables, la délocalisation des usines de production dangereuses vers les pays en voie de développement et le "greenwashing" actuel de la viscose en tant que produit écologique. Très documenté et présenté avec audace, ce livre met en lumière un danger industriel dont l'histoire rejoint celle de l'amiante, du plomb et du mercure.

Camber USA - De ces détails qui n'en sont pas

 
 

Avez-vous lu l’article de Marcos sur Camber USA ? Il s’agit de l’un des articles les plus lu du site. En le relisant, un détail qui m’avait échappé jusqu’à présent m’a immédiatement frappé : le placement du panneau de jersey avant. Contrairement à la quasi majorité des sweat-shirts, ici la “trame”* du panneau avant ne suit pas le droit fil mais est visiblement orientée à 90°. En clair, le tissu avant est mis dans le sens horizontal et non vertical. On le remarque sur la deuxième photo : les colonnes de mailles sont à l’horizontale, ce qui n’est - par exemple - pas le cas sur la capuche.


Pourquoi ? Bonne question.

Sweatshirt Camber USA

Sweatshirt Camber USA

Un tissu en jersey est le plus élastique dans le sens trame, ici à l’horizontal.

Un tissu en jersey est le plus élastique dans le sens trame, ici à l’horizontal.

*dans le tricot on parle plutôt de colonne de mailles, soit le sens de la longueur du tricot - par opposition à une rangée de mailles qui est dans le sens de la largeur

 

Qu'est ce qu'un pull Norvégien ?

 
 

A vrai dire, il existe plusieurs types de pulls norvégiens. On pense aux pulls Eskimos, Mariusgenser, Fanatrøye, Lusekofte…mais le plus célèbre est sans aucun doute l'Islender qui présente des motifs de petites tailles répétés sur toute sa surface - tel un print all-over.
Ces motifs sont couramment en forme de X, un simple trait ou encore inspirés du pull “Lusekofte”, qui signifie “veste anti-poux ou anti-puces” en norvégien. Comme le précise la conservatrice en chef du Musée norvégien-américain de Vesterheim, Laurann Gilbertson :

“Les pulls Islander étaient produits en masse dans les îles Féroé (appartenant au Danemark) et exportés vers 1800. Ils étaient souvent tricotés et foulés pour être revendus par la suite - parfaits pour les pêcheurs, les trappeurs, les chasseurs et même les explorateurs polaires. Certains pulls Islander étaient fabriqués à partir de tissus tricotés préalablement à la machine.

Les deux premières entreprises norvégiennes à tricoter des pulls de ce style étaient Devold à Ålesund et Petersen & Dekke près de Bergen. Les tricoteurs à la main (NDLR : les tricoteurs individuels, qui travaillent à la maison) ont également créé des pulls avec de petits motifs simples. Ceux-ci s'appelaient sponsetrøyer et étaient réservés au travail - en mer ou sur terre.”

Pull Norvégien Devold Image devold.com

Pull Norvégien Devold
Image devold.com

Pull Norvégien Petersen & Dekke Image ebay.com

Pull Norvégien Petersen & Dekke
Image ebay.com

Pull Norvégien Devold - Made in Lituanie Image devold.com

Pull Norvégien Devold - Made in Lituanie
Image devold.com

Le pull Islender est vraiment devenu célèbre mondialement lorsque la marque LL Bean, fondée en 1912 dans le Maine aux Etats-Unis, a importé ce type de pull dans les années 1965. Il est facilement reconnaissable par son motif “triple Lusekofte”. Le pull était originellement fabriqué en Norvège en 80% laine, 20% rayonne. Par la suite, LL Bean a lancé la production de ce pull en Chine. Le début de ce qu’on appelle couramment la “mondialisation”. Fabriqués dans un mélange de coton, de laine et de nylon, ils n’ont pas reçu un bon accueil. LL Bean a donc arrêté sa production en 1999.
Depuis 2009, ils font fabriquer à nouveau ce pull mythique en Norvège, et cette fois-ci en 100% laine.

Le pull originel de chez LL Bean Image @fukukei1635

Le pull originel de chez LL Bean
Image
@fukukei1635

Les pulls norvégiens étaient considérés comme essentiels dans les années 1980  Image The Official Preppy Handbook

Les pulls norvégiens étaient considérés comme essentiels dans les années 1980
Image The Official Preppy Handbook

Pull LL Bean Fabriqué en Norvège Image llbean.ca

Pull LL Bean Fabriqué en Norvège
Image llbean.ca

Les pulls originel avaient tendance à gratter Capture écran reddit.com

Les pulls originels avaient tendance à gratter
Capture écran reddit.com

Version femme à col roulé  Image llbean.ca

Version femme à col roulé
Image llbean.ca

Où trouver des pulls norvégiens Islender ?

Pour un pull authentiquement norvégien vous pouvez regarder du côté de chez LL Bean Canada. La marque norvégienne Norlender propose également pull fait en Norvège, 100% laine et dans le mythique motif “triple Lusekofte”. Il s’agit du modèle Svalbard.
Autre possibilité chez Devold. Les pulls sont également en 100% laine. Le motif est cependant légèrement différent du “triple Lusekofte” - il n’y a qu’un “Lusekofte” - et les pulls ne sont plus fabriqués en Norvège mais en Lituanie. Si cela ne signifie pas que leurs pulls soient de moindre qualité, cela n’a probablement pas le même attrait ni la même authenticité.