Cravatte sartoriali E. & G. Cappelli

Oubliez votre GPS pour trouver cette charmante boutique napolitaine de cravates faites main. Au 37 de la Via Cavallerizza dans le quartier huppé de Chiaia, vous tomberez sur…une épicerie fine. Pour y accéder, poussez l’élégant portail mitoyen dévoilant une paisible cour intérieure, tournez à droite juste avant le magnifique escalier en pierre blanche et vous y êtes. Pour entrer dans la boutique, il faut sonner car on entre chez E. & G. Cappelli comme on entre dans un appartement et on s’y sent comme à la maison.

 

La Magnifique sélection de cravates dans la boutique E.G. Cappelli

 
 

le couloir menant au l’étalage de cravates

 

Patrizio Cappelli aurait du être pharmacien. Erratum, il a endossé la blouse blanche pendant 10 ans dans l’officine familiale et décide de faire scission en 1995 lorsqu’il lance sa marque éponyme.

“J’ai toujours aimé m’habiller, j’ai commandé mon premier costume sur-mesure à seulement 17 ans, un complet en flanelle grise” précise “Dottor” Patrizio.

Pari réussi.

Au fait, que signifient les initiales “E.G.” ? 

“Ce sont les initiales des prénoms de mes fils, Ettore et Gaetano” nous informe Patrizio.

Une aventure commencée par le père qui verra peut-être un jour les fils reprendre le flambeau.

 

La sélection incroyable de cravates E. & G. Cappelli, une explosion de couleurs et motifs

 

Les cravates Cappelli sont de véritables oeuvres d’art. Elles sont confectionnées au sous-sol de la boutique par cinq artisans qualifiés qui suivent un processus de neuf étapes pour voir naître une cravate.

Patrizio rend régulièrement visite à des filatures, notamment anglaises, pour sélectionner lui-même les précieuses étoffes à la main incomparable. Il est particulièrement friand des madder silks, ces étoffes teintes naturellement grâce à  l’aide d’une plante, la Rubia tinctorum conférant à ses cravates une main plus rugueuse mais aux couleurs éclatantes. Comment Patrizio sélectionne-t-il les tissus pour les cravates ? A cette question, il répond:

“Je suis mon coeur pour sélectionner les bons tissus, tout simplement”

Car ce qui motive Patrizio est la recherche d’une soie pas trop brillante, des motifs uniques - il travaille en étroite collaboration avec des ateliers d’impression pour en offrir de nouveaux constamment - et surtout le noeud parfait. 

“Je ne porte que des cravates non doublées, le noeud y est plus beau, la cravate plus légère”

Nous ajouterons “à la napolitaine”. Ce qui rend les cravates E.G. & Patrizio Cappelli si uniques sont les étoffes choisies ainsi que les motifs, l’ensemble conférant une main inégalable.

E.G. & Patrizio Cappelli, le roi de la personnalisation sur-mesure

Dans cette fameuse cour d’immeuble où se trouve notre boutique, se niche une autre institution napolitaine: Sartoria Formosa. Le tailleur Gennaro Formosa est un ami proche de Patrizio Cappelli, ils partagent l’amour du beau et des choses bien faites. Il était donc logique pour Patrizio de proposer un service de sur-mesure pour ses cravates. Choisissez votre tissu - ou venez avec le vôtre - le nombre de plis (de 3 à 12 !), doublée ou non, la longueur totale et la largeur de votre cravate pour une création unique.

À noter que le site internet de la marque propose - entre autres - la possibilité de sélectionner le nombre de plis ainsi que la longueur et largeur de sa future cravate (de 6 à 12 cm). 

Comptez entre 100 et 120 € pour ce bout de savoir-faire napolitain unique.

 

Un étalage de cravate sur la table d’entrée vous accueil d’emblé

 
 

au fond de la boutique, de par et d’autre des tissus…

 
 

…beaucoup…

 
 

…de tissus !

 
 

cravates à motifs paisley de la maison. ce motif dit communément “cachemire” s’est répandu en europe au XVIIème siècle par l’intermédiaire de châles cachemire. c’est la ville écossaise de paisley qui donnera le nom de ce motif. a noter que le motif en question est un “boteh” venant du persan et signifiant “buisson” ou “arbre”. si vous regardez de plus près, vous remarquerez un cyprès allongé stylisé.

 
 

E.G. Cappelli offre la possibilité de se tailler une cravate avec l’étoffe de son choix

 
 

des etoffes italiennes mais aussi et surtout anglaises

 
 

dES écharpes et foulards complètent l’offre E.G. cAPPELLI

 
 
 

Eduardo De Simone - EDESIM⎟Une usine tailleur napolitaine de haute volée

 

Note : nous avons demandé à Edesim de nous envoyer les pièces que vous allez découvrir dans cet article



« Vedi Napoli e puoi muori »
disait Goethe. Comprenez « voir Naples et mourir ». Cette fascination pour la cité parthénopéenne s’est exacerbée au fil des siècles. Si au XVIII et XIXème siècles elle est le centre du Grand Tour, ce voyage initiatique des aristocrates de l’Europe entière, elle connaît un déclin au XXème. Reléguée au second plan durant le siècle dernier, marquée par la Seconde Guerre et estampillée comme ville sale, bruyante et dangereuse, elle connait aujourd’hui une renaissance. Ceux qui sont déjà allés à Naples peuvent l’attester, cette ville a un charme fou. Les ruelles, les habitants, la nourriture et bien sûr les sartorie par centaines. 

Nous vous proposons un voyage dans ces ruelles étroites, cette ambiance si spéciale, grâce à la marque Eduardo De Simone.

Décryptage.

Histoire 

Nous sommes en 1954, Eduardo De Simone vient d’ouvrir la sartoria « Edesim » à Naples. Avec l’aide de sa famille – sa femme Carmela et ses fils Vincenzo, Michele et Rino – l’atelier tailleur devient une entreprise industrielle florissante et travaille pour les plus grandes maisons européennes.

En 2006 s’ouvre un nouveau chapitre. Eduardo Jr. prend les rennes de l’entreprise et en redéfini l’identité. C’est ainsi que voit notamment le jour de la marque en propre de l’usine : Edesim.
Chose plutôt rare pour un atelier de confection, l’offre d’Edesim va du costume sur-mesure au prêt-à-porter en passant par le MTM.

Les vestes Edesim reprennent les caractéristiques de l’école napolitaine : elles sont déstructurées, les épaules sont naturelles et les tissus ont souvent des accents britanniques.

Une offre qui est désormais accessible en ligne. Car oui, Edesim vient s’ajouter à notre longue liste d’ateliers qui sont connus et reconnus dans le milieu professionnel du textile mais pas encore suffisamment du consommateur final. Cet atelier fait sans aucuns doutes parti des plus belles entreprises de confection de costume au monde. Une petite pépite.


Nous avons pu converser avec Eduardo, qui a très gentiment accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. Nous avons le plaisir de vous dévoiler une petite interview avec Eduardo De Simone.

Comment est née la marque Eduardo De Simone ?

En l'honneur de mon grand-père Eduardo, dont je porte le nom et le prénom. C'est à lui et à mon père que je dois mon amour pour cette profession.

Quelles sont vos sources d'inspirations ?

Je ne pense pas que l'on puisse parler d'une source d'inspiration, mais les grandes marques pour lesquelles je travaille ont certainement eu une influence indirecte sur ma vision de la mode.

Pouvez-vous nous dire comment est fabriquée la veste que nous présentons ? Et le pantalon ?

La veste est en partie produite selon une construction traditionnelle qui comprend l'entoilage complet du devant de la veste, les coutures à la main du bas de la veste, de la patte de boutonnage, du dessous de col, de la doublure des manches, des boutonnières et des boutons.

La poche poitrine est en « barchetta » et les poches rappellent la forme Pignatiello.

Bien sûr, nous pouvons aussi fabriquer la veste entièrement à la main, mais cela n'est disponible que pour le service Bespoke.

Le "fait main en Italie" est-il important dans le paysage actuel de la mode masculine ?

Il est important que vous acceptiez d'être ouvert à la nouveauté et donc que votre travail et votre savoir-faire évoluent et soient mis à jour. Une caractéristique que je trouve d'ailleurs intrinsèque à la figure de l'artisan, toujours prêt à relever de nouveaux défis, et j'aime donc m'imaginer comme un artisan entrepreneur.

Enfin, si vous deviez recommander un vêtement essentiel à posséder dans la votre garde-robe, quel serait-il et pourquoi ?

Il est vrai que l’habit ne fait pas le moine, mais je crois que lors des 10 premières minutes d'un rendez-vous, qu'il soit romantique ou d'affaires, la première impression est fondamentale.


Notre ressenti des pièces

Nous avons essayé 2 pièces de chez Edesim. Evidemment une veste, en taille 48. Son design classique et élégant est confectionné dans un tissu 100% laine Vitale Barberis Canonico de 240 gr/mt, ce qui est parfait pour le printemps même si au moment du shooting photo il faisait particulièrement froid !

La veste a vraiment une belle allure, elle est complètement déstructurée et on aime beaucoup ce carreaux vert et rouge/orangé qui sort de l’ordinaire.

C’est un modèle “Zéro” de la nouvelle collection capsule d' Eduardo de Simone.

Caractéristiques principales :

  • veste à simple boutonnage

  • three-button roll two

  • emmanchure « a camicia »

  • poches plaquées

  • double fente (notre préférence)

  • fabriquée en partie à la main à Naples

La deuxième pièce que nous avons essayé est un pantalon sartorial en jeans : c’est la deuxième fois que nous en proposons sur Les Indispensables et nous sommes conquis. La première fois c’était avec Prologue. Si historiquement la matière du jeans est destinée à un usage plus casual, nous adorons ici le rendu plus formel.

Plusieurs modèles sont proposés par Edesim. Ils font partis de la nouvelle collection Zed fabriqués dans un denim 10 oz en coton composé d'une trame blanche et d'une chaîne bleue. 
Selon les modèles, trois styles se dessinent :

  • 1er style : Devant plat, taille haute et coupe légèrement cintrée

  • 2ème style : Un pli traditionnel, taille moyenne et coupe classique 

  • 3ème style : Deux plis, taille moyenne et coupe droite : celui que nous avons essayé

Les trois modèles sont dotés d'une braguette zippée, de boutons en métal et de passants de ceinture. 
Le bas est livré non fini pour que vous puissiez le faire retoucher à la longueur idéale.

Nous avons essayé la taille 46. La taille était légèrement serré, un 48 aurait sans doute était plus adéquat. Mais cela n’est pas d’importance car Edesim laisse suffisamment de matière pour gagner une taille.
Question coupe, la jambe est assez large pour être confortable sans en faire trop. Le juste milieu.

En résumé, ces pièces sont le parfait compromis entre un vestiaire casual et plus habillé. Un double registre que nous apprécions beaucoup.

En bref

Naples s’invite à Paris, mais pour de bon cette fois. EDS fait partie de ces marques ateliers qui ont un savoir-faire reconnu et qui avec l’avènement d’Internet cherchent à la développer au maximum tout en misant sur ce qui fait leur force : des vêtements haut-de-gamme proposés à des prix contenus.

Chez EDS, le produit est roi et son royaume est Naples.

 

De Petrillo - Une marque atelier napolitaine

 
 

De Petrillo est une marque familiale italienne fondée par Benedetto De Petrillo en 2006 à Naples. Elle possède son propre atelier de fabrication.

Le Japon est le premier marché de De Petrillo et a immédiatement posé des bases solides pour le positionnement de la marque. Elle est notamment distribuée chez Isetan et Beams. En tapant #depetrillo sur Instagram on se rend bien compte qu’elle est bien implantée en Asie.

De Petrillo propose à la fois des vêtements entièrement entoilés et semi-toilé avec un bon nombre d'étapes cousues à la main qui suivent la tradition napolitaine.
A côté de De Petrillo, l’atelier napolitain distribue également de manière plus confidentielle une autre marque en propre : Gaiola. Les prix sont moins chers, principalement du fait de temps de production plus courts, il y a moins de finitions à la main.


Pièce phare de cette saison AH21, le bomber en laine Casentino. Il est décliné en plusieurs coloris, dont un jaune moutarde qui est utilisé sur sa face intérieur pour une touche plus contemporaine.

De Petrillo possède son propre e-commerce. La collection est actuellement soldée à -40%. On vous conseille d’y jeter un oeil. Et notamment pour les pantalons en flanelle de laine, disponibles dans toutes les tailles.

Vous trouverez en fin d’article une vidéo de présentation de la marque réalisée par Mr Porter à Naples. On y découvre notamment son atelier de confection.

 

Cravate Archivio E. Marinella – Napoli

 
 

Note : nous avons demandé à Marinella de nous envoyer la cravate que vous allez découvrir dans cet article.

Dans un monde de moins en moins formel, il apparaît incongru de porter une cravate. Cet accessoire est graduellement devenu au fil du temps un emblème de démarcation parmi les autres. Difficile de défendre le port de la cravate au travail lorsque tous vos collègues adoptent les cols de chemises ouverts – cols souvent bien trop courts qui rebiquent vers l’intérieur – le jeans ainsi qu’un blazer étriqué. Une minorité continue de porter la cravate, parfois par obligation mais surtout par choix. Je tombe dans cette seconde catégorie. 

Si la maison E. Marinella ne vous parle pas, vous allez découvrir l’essence même de la cravate. Pour ceux qui connaissent, vous ne pourrez qu’acquiescer et savourer nos photos. 

Décryptage. 

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Une italianité napolitaine revendiquée

Beaucoup a été écrit et dit sur Naples – Napule en dialecte napolitain. La ville parthénopéenne est un concentré d’art tailleur en constante ébullition. Sans doute à cause du Vésuve tout proche qui veille plus qu’il ne menace la ville. Ceux qui ont déjà eu la chance de voyager dans cette ville attesteront quant à son atmosphère si particulière. 

À Naples, les habitants ne sont pas Italiens, mais Napolitains en premier lieu. Le dialecte et l’art de vivre napoletano irriguent les relations au quotidien. Naples est un concentré de culture, de foot et de savoir-faire tailleur. 

Au 287 de la Via Riviera Chiaia se niche une échoppe plus que centenaire, une véritable institution napolitaine : E. Marinella. Si la boutique ne fait que 20m2, son rayonnement est mondial. 

La maison propose une sélection de chemises, foulards, pochettes de costume, écharpes, pulls, bérets, souliers et surtout cravates. Un choix exceptionnel à en faire pâlir plus d’un. La maison voit le jour le 26 juin 1914 lorsque Don Eugenio concrétise sa vision d’un magasin qui serait un miroir de ce qu’il y a de plus élégant, en s’inspirant des Anglais. Si le terme galvaudé de la sprezzatura a été analysé et décortiqué à tort et à travers, Eugenio Marinella défend la sobriété dans l’élégance : « ne jamais porter une chemise bleu-ciel le soir ou une cravate rouge criarde » font partie de ses préceptes. 

Grâce à un article de la romancière et journaliste Matilde Serao au début du siècle, la maison Marinella gagne de l’importance et attise la curiosité du Prince Humbert de Savoie qui se rend en personne dans l’échoppe pour s’armer d’élégantes cravates pour ses sorties mondaines. Son oncle, Emmanuelle Filiberto Duc d’Aoste, y passait des après-midi entiers. 

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Fabrication

Si nous n’avons pas encore eu la chance de visiter les ateliers Marinella, la marque est présente chaque année au Bon Marché Rive Gauche à l’occasion des fêtes de Noël. Maurizio Marinella se déplace régulièrement en personne, accompagné de deux couturières qui réalisent sur place des cravates sur-mesure.
C’est à cette occasion que nous avons pu voir le montage dans les règles de l’art d’une cravate Marinella. A titre d’exemple, la structure de la cravate - la couture qui ferme la cravate sur sa longueur - est montée à la main. C’est encore le seul moyen de garantir une main et une longévité exceptionnelle de la cravate. 

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Un bout de tissu de la collection E. Marinella Archivio

La collection E. Marinella Archivio est une machine à remonter le temps. Elle permet de (re)découvrir des tissus du passé. L’occasion de mettre la main sur de véritables pépites, des trésors qui attendent d’être déterrés. Il n’est pas rare que les hommes les plus illustres du siècle en aient portés autour du cou. 

L’archivio rassemble des tissus produits au Royaume-Uni depuis les années 1930 jusqu’aux années 1980. L’archive compte plus de soixante motifs dans plus de deux-cents couleurs qui enrichissent la collection déjà bien garnie de la maison. 

La collection archivio est ainsi un véritable cadeau que nous offre la maison E. Marinella, un cadeau à porter sans modération fièrement autour du cou. 

Je porte une cravate Marinella Vintage issue d’une étoffe datant de 1948. Je l’associe ci-dessus avec une veste et un pantalon Prologue ainsi qu’une chemise Camessi*. La cravate est d’une belle teinte bordeaux à médaillons couleur crème. Elle relève une tenue sans l’occulter. 

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*Article à découvrir bientôt. 

Texte : Marcos Eliades
Photo : Thomas M.













 

Monocle - Nouveau livre consacré à l'Italie

 
 

La couverture du nouveau livre de Monocle consacré à l’Italie a attiré notre attention. Et pour cause, sur la première image, on distingue un homme qui porte très bien le costume sur sa Vespa. Il s’agit de Patrizio Cappelli, l'un des très grands cravatiers napolitains. Une voie qui n’était pas tracée d’avance puisque Patrizio Cappelli était censé devenir pharmacien. Après de longues études, il a effectivement commencé sa carrière dans la pharmacie de sa famille. Mais à l'approche de la trentaine, au printemps 1995, Patrizio décide de tout risquer pour suivre sa passion. Comme précisé sur le site de la marque, le style était dans son sang. «J'ai toujours adoré m'habiller. J'ai même eu mon premier costume sur mesure à 17 ans. En flanelle grise.»

Pour en revenir à notre sujet, ce livre consacré à l’Italie est la suite du livre Monocle consacré au Japon, The Monocle Book of Japan. Après plus d'une décennie sur le terrain, il rassemble tous les meilleurs reportages et les bonnes adresses de Monocle. Des vignobles, aux épiceries, au Salone del Mobile, aux meilleures boutiques…on y découvre la culture du italienne sous un nouvel oeil.

Disponible ici en pré-commande - publication et expédions le 25 mars.
£50 - livraison gratuite au Royaume-Uni, en Europe, à Hong Kong, au Japon, aux États-Unis et au Canada.

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On distingue également Giuliano Alborghetti sur la photo du bas, à gauche

On distingue également Giuliano Alborghetti sur la photo du bas, à gauche

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Images Monocle.com

 

Vanacore Napoli

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Vanacore Napoli

Chemisier Napolitain

 

« Tous les chemins mènent à Rome » dit le célèbre proverbe, mais il vous faut « voir Naples et mourir » disait Goethe. La cité parthénopéenne, berceau d’une civilisation plus que millénaire, est aujourd’hui le produit de fantasmes du monde vestimentaire masculin.

Ces dix dernières années, la France a connu une véritable « italopazzia » ou « italomanie » aiguë. Certains détails d’un vêtement sont repris – parfois revisités – par les marques, pour insuffler à la pièce un air transalpin. Du « fatto in Italia » en passant par le « fatto a mano a Napoli », autant d’estampilles qui ouvrent les portes à la qualité et au voyage. Il est parfois difficile de défricher la forêt des maisons et des marques italiennes qui proposent un véritable savoir-faire de qualité. La jeune marque de chemises Vanacore Napoli fait partie des maisons discrètes qui méritent de sortir de cette jungle.

Décryptage.

Histoire de Vanacore Napoli

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Vanacore voit le jour en 2010 à Portici, au pied du Vésuve, grâce à la vision de la famille Nunziata. Le chemisier s’inscrit dans une longue ligne de tradition sartoriale locale, mais n’a rien à envier aux plus grands.

Les chemises proposées sont issues de filatures réputées, telles que Monti, Canclini ou encore Albini. Le site internet de la jeune marque est assez sommaire mais leur présence sur les réseaux sociaux – notamment Instagram – est au point.

Le credo de cette camiceria est une forte attention aux détails, rien n’est laissé au hasard : les chemises comptent jusqu’à 9 passages main, à savoir ce moment où la main remplace la machine à coudre. L’ambition de la jeune maison est d’offrir un choix tant formel que casual avec des tissus variant de la popeline au lin ou encore au denim.

Une chemise blanche formelle : la pierre-angulaire d’une garde-robe masculine.

Une chemise blanche formelle : la pierre-angulaire d’une garde-robe masculine.

Tout comme la « pasta della Nonna », on ne rigole pas avec les traditions en Italie : Vanacore permet à une jeune et nouvelle clientèle d’accéder à un savoir-faire cher et précieux, sans pour autant faire flamber le portefeuille. Cette balance est au cœur de la philosophie de la marque. La possibilité offerte d’un Remote Made-to-Measure renforce l’accessibilité d’un tel service napolitain.

Avant de disséquer la chemise que j’ai choisie pour ce test, il est important d’évoquer l’histoire de la toile de celle-ci : le denim.

Photos de l’atelier de production de Vanacore

Photos de l’atelier de production de Vanacore

Brève histoire du denim et de la couleur indigo

Une toile denim classique

Une toile denim classique

Le denim est une toile de coton twill qui utilise deux couleurs de fils différentes dans sa filature. Son origine Nîmoise – « sergé de Nîmes – est parfois contestée, mais la robustesse de la toile est légendaire. Au XVIIIème siècle, des tisserands Nîmois tentent de reproduire une toile en coton robuste, le « jeane » - du nom de sa ville de naissance, Gênes – mais réalisent à la place du sergé de Nîmes, à l’aide de laine et de soie des Cévennes voisines.

Le tissage très serré est fabriqué à partir d'une chaîne teinte en bleu et d'une trame écrue ou blanche. Les fils de trame sont entrelacés à un angle de 90 degrés avec les fils de chaîne. Le dessin de tissage, autrement appelé armure, est constitué de trois fils de trame se glissant sous un fil de chaîne puis d'un fil de trame passant sur cette même chaîne. Le décalage de ce dessin sur quatre fils conduit à des lignes diagonales visibles caractéristiques du sergé.

Indigo. La couleur qui caractérise le denim, une couleur parmi les plus anciennes encore produites. Elle signifie « l’Indien » ou « provenant d’Inde ». Les pigments sont originaires d’Inde et datent de 3300 avant J.-C. Extrait naturel de l’indigofera tinctoria, l’indigo est obtenu à la suite d’un processus particulier de fermentation des enzymes de la plante dans l’eau – appelé indoxyle – qui passent du jaune au bleu indigo une fois séché.

L’indigo inonde le Vieux Continent à la suite des périples indiens du navigateur Vasco de Gama en 1497. Ce n’est qu’en 1865 que le chimiste Allemand Adolf Von Baeyer commence à chercher la formule de synthétisation de l’indigo. Il y parvient en 1883 et l’indigo irrigue l’Europe et le monde de son emprunte bleu violacé.

Test de la chemise

Je découvre Vanacore grâce à – encore et toujours – Instagram, à la suite d’une publication représentant Nicola Radano, fondateur de la marque de cravates Spacca Neapolis – que nous avons testée ici –, avec une chemise en denim Vanacore.

 
La publication en question

La publication en question

 

Je suis tout de suite conquis par le bleu profond de la chemise et surtout par son col généreux button-down. Je contacte la marque et l’on m’informe que pour 160 € (frais d’envoi compris), il est possible de confectionner une chemise en remote made-to-measure (cf. mon article sur Shirtonomy pour l’explication). Le site internet de Vanacore est assez sommaire et ne révèle pas la partie immergée de l’iceberg : la maison offre une possibilité très poussée de personnalisation, de tissus ainsi que de styles de chemises.

Le processus de commande a été très simple et fluide. Salvatore Nunziata, un des fondateurs, a été d’une grande aide et bienveillance, sa disponibilité et son attention aux détails sont un vrai plus, ce qui rend l’expérience véritablement humaine.

vanacore napoli

Voici les caractéristiques de la chemise.

  • L’emmanchure : elle a une épaule à « mappina » ou spalla camicia, à savoir un léger excès de tissu qui donne l’impression visuelle qu’une cascade naît de votre épaule pour couler le long de votre bras. Elle est montée et assemblée à la main.

  • Le col : il est ici en button-down avec des coutures qui passent le long du col. Les pointes sont généreuses, quasiment 10 cm, et procure à la chemise un « rollino » absolument sublime.

  • La jointure d’épaule ou couture de la ligne d’épaule : elle est faite à la main et permet à la chemise de ne pas éclater sous la pression des tensions dues aux mouvements.

  • Les poignets : ceux-ci sont également faits main avec 10 points au centimètres ! Une très belle finition.

  • La gorge : la chemise en est dépourvue ici sur la face avant, mais sur la face arrière, la couture manuelle suit tout le long de la chemise en partant du col.

  • Les boutonnières : elles sont faites main également, très nettes !

  • Les boutons : ils sont en nacre brune et ne contrastent pas aussi fortement avec la chemise que s’ils avaient été de couleur blanche. Ils sont cousus en « ricamo a giglio » ou « zampa di gallina » : ils rappellent la fleur de lys ou encore l’empreinte de la patte d’une poule. Je trouve la nacre brune vraiment sublime, très peu courante car considérée – à tort – comme une partie moins luxueuse de la nacre.

  • Le travetto : c'est un renforcement sous forme de point de crochet, au niveau de la patte capucin (une patte qui part du poignet et qui se finit généralement au milieu de l'avant-bras). Il est exécuté à la main, cela est quasiment inexistant en prêt-à-porter.

  • L’hirondelle de renfort : un petit triangle qui relie conjointement les deux parties – avant et arrière – de la chemise en lui garantissant robustesse.

vanacore napoli
vanacore napoli

Tous ces points font de cette chemise une pièce réellement unique.

Concernant le fit, elle est très confortable et me permet aisément d’exécuter des mouvements amples et continus. Il est toujours difficile de faire confiance à une prise de mesure à distance, mais il vous suffit de vous calquer sur votre plus belle chemise ou de prendre vos mesures de corps directement. Par ailleurs, la toile denim rétrécissant légèrement au lavage, Vanacore prend en compte ce facteur et permet ainsi de ne pas se retrouver avec une chemise trop serrée ayant perdu sa forme originale.

vanacore napoli
vanacore napoli

Conclusion

La chemise en denim button-down Vanacore est une pièce unique de savoir-faire italien et surtout Napolitain. Cette chemise ne restera pas bleu immaculé longtemps : au gré des lavages successifs – toujours en programme délicat et jamais de sèche-linge – elle se patinera et s’éclaircira, pour révéler toute la splendeur de la matière et du tissu indigo. Bien que le denim soit une toile casual par essence, rien ne vous empêche de porter cette chemise avec une cravate, à l’italienne.
Je précise enfin que Vanacore offre une large gamme de styles ainsi que de tissus de chemises, qui ne sont pas tous sur leur site internet. Il suffit de les contacter – par mail ou via Instagram – afin d’en découvrir plus.
Je ne peux que recommander Vanacore à tous ceux qui souhaitent acquérir une véritable chemise napolitaine, « fatta a Napoli ».

Texte : Marcos Eliades
Instagram : lord_byron1

 

Vous avez toujours rêvé de voir le film E poi c’è Napoli produit par Kid Dandy ? On vous dit tout !

 
E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production

E poi c’è Napoli

Dans un autre article, on vous avait déjà parlé de Gianluca Migliarotti, producteur et réalisateur du film O'mast. Film que vous pouvez encore visionner gratuitement. Une célébration de l'art tailleur Napolitain.

Comme bien souvent dans les films de Gianluca, une certaine atmosphère se dégage. Ici, bien plus encore que pour les autres films.
E poi c’è Napoli, qui peut se traduite par "Et puis il y a Naples", est un documentaire construit autour de la culture Napolitaine, son artisanat, son art, sa mode...L'auteur s'appuie notamment sur les dires de Raffaele La Capria, un écrivain Napolitain de renommée mondiale. Il fait parti des intervenants spéciaux du film.
Tout comme Hugo Jacomet, le "connoisseur".

Vous aurez bien entendu la chance de pénétrer dans quelques uns des plus beaux ateliers de Naples. On pense à Kiton par exemple. (où l'on voit Ciro et Maria Giovanna Paone)

Mais ce n'est pas tout. Sont présent dans ce film tout ce qui se fait de mieux en matière d'artisanat :

  • Salvatore Ambrosi : réalise des pantalons sur-mesure

  • Davide de Blasio de Tramontano une marque de bagagerie

  • Maurizio Marinella de E.Marinella, les célèbres cravates napolitaines

  • Annalisa Calabrese de Calabrese dal 1924, marque d'accessoires napolitains

  • Massimiliano et Giuseppe Attolini de Cesare Attolini, une famille de tailleurs emblématique de Naples

  • Gianluca et Enrico Isaia de Isaia, marque de costumes napolitains

  • Mario Portolano et son fils, Salvatore Piccolo, fabricant de chemises PAP et sur-mesure

  • Antonio Panico, le célèbre tailleur et ancien Maître Coupeur de chez Rubinacci, fondateur de son atelier Sartoria Panico

  • Gennaro Formosa, fondateur de la marque éponyme Sartoria Formosa, dont vous pouvez trouver des costumes PAP sur l'excellent site No Man Walks Alone de Greg Lellouche

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production

 E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production

 E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production

E poi c’è Napoli - Kid Dandy ProductionL'artère principale et la plus animée de Naples : Spaccanapoli

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production
L'artère principale et la plus animée de Naples : Spaccanapoli

E poi c’è Napoli - Kid Dandy ProductionL'atelier Kiton

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production
L'atelier Kiton

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production"Les petites mains" de Kiton

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production
"Les petites mains" de Kiton

E poi c’è Napoli - Kid Dandy ProductionLes frères Attolini à la tête de la célèbre marque Cesare Attolini

E poi c’è Napoli - Kid Dandy Production
Les frères Attolini à la tête de la célèbre marque Cesare Attolini

 

Où LE REGARDER ?

On a gentiment demandé s'il était possible de vous partager le lien. C'est assez exclusif, on a eu l'autorisation !
Tapez "kid" pour le visualiser.


 

Technique

Pour ceux qui s'intéresserait un peu aux coulisses du film, il a été filmé avec une caméra Arri Alexa pour un budget estimé de l'ordre de 100 000€.

 

Bon film !

 

 

O'mast : visionnage gratuit et complet en ligne !

 

L'un des plus beaux films réalisés sur l'art sartorial napolitain est à présent entièrement disponible en ligne gratuitement ! Et sous-titré en anglais !

Et que dire de la bande son : écoutez le passage de 5 min à 7 min 20 secondes. De toute beauté ! Sans parler de cette voix rauque d'Antonio Panico...

1h15 d'immersion dans l'art sartorial napolitain

Le réalisateur est Gianlucca Migliarotti. Il a en outre réalisé Liverano Liverano È poi c’è.
Pour comprendre sa vision du monde et donc du vêtement masculin, vous pouvez lire cette excellente interview donnée ici dans le cadre de la présentation du film il y a quelques années en arrière. En 2011 pour être précis.
Une interview pleine de vérités. Je me sens un peu obligé de vous la commenter en quelques lignes. Vous y retrouverez l’explication sur la différence entre le Bespoke et le Made To Measure. Et pour la faire courte, elle rejoint celle d’Hugo Jacomet dans son interview récente pour BonneGueule : le costume Bespoke est réalisé à partir d’une feuille blanche. Le costume en demi-mesure s’appui quant à lui sur des patrons déjà existant qui sont réajustés à vos mesures.
Le Bespoke tailoring est un vrai travail d’ARTisanat. Gianlucca pense que le costume bespoke est imparfait par définition : il est réalisé à partir de rien et entièrement à la main. La perfection est le synonyme des costumes industriels. Il rejoint ainsi une théorie esthétique Japonaise : le Wabi Sabi. Une forme de beauté se dégage des objets imparfaits. 
Gianlucca est également un observateur très fin. Par exemple, sur la différence entre la culture vestimentaire à Milan et Naples. Entre ceux qui s’habillent en Prada et ceux qui vont chez un tailleur Bespoke. Entre ceux qui portent du noir (très courant à Milan) et ceux qui préfère plus de couleur. (à Naples).  

If you have to go to a business meeting, it’s considered much more elegant to wear a navy suit and dark brown shoes.

Si vous devez aller à un meeting d’affaires, il sera considéré plus élégant de porter un costume bleu avec des chaussures marron” : sous-entendu que de porter des chaussures noires avec un costume sombre.
— GIANLUCCA MIGLIAROTTI

Bon film !