Note : nous avons demandé à Besnard de nous envoyer la chemise et la cravate que vous allez découvrir dans cet article
Texte : Romain @Lastrolab
Photos : Thomas M.
Il y a quatre ans, Victor Besnard, la trentaine et vivant à Amsterdam, tombe sur un costume réalisé par son arrière-arrière grand père (le papy de son papy), tailleur d’origine française installé à la Haye. Il n’en fallait pas plus pour ce passionné de mode masculine pour lancer son projet en parallèle de son activité professionnelle plus conventionnelle. Bien qu’outsider, Victor ne s’est pas pour autant lancé dans l’inconnu puisqu’il s’était déjà frotté au monde des vêtements en travaillant dans une boutique haut-de-gamme d’Amsterdam pendant ses études. Et c’est tant mieux, car un seul ancêtre n’aurait peut-être pas suffit à lui ouvrir les portes des ateliers italiens qui fabriquent aujourd’hui pour Besnard.
En passionné pointilleux, Victor a conçu avec ses fournisseurs (ainsi qu’avec l’aide d’un patronnier indépendant, pour ses vestes) une gamme de vêtements et d’accessoires au style sobre et homogène, revendiquant des inspirations à la fois Ivy et Riviera italienne, un peu comme un cross-over entre Mr Ripley et the Graduate. Les vestes sont souples, dans une coupe florentine. Les pantalons ont la taille haute, un pli et des pattes de serrage et basta (je suis le seul à faire une overdose des gurkha slim fit feu de plancher et autres pantalons aux ceintures excentriques ?) Les chemises sont à col classique, button-down ou ouvert et sont coupées dans des tissus aux tons bleu ciel et blanc.
Puisque nous parlons de chemises, j’ai pu essayer une chemise en popeline à rayure bengale avec un col spread, ainsi qu’une cravate en grenadine à grosse gaze (garza grossa) marine.
En main, la popeline est soyeuse et, une fois dépliée, la chemise dévoile une belle fabrication : coutures anglaises, une emmanchure décalée pour plus d’aisance, des poignets coniques (j’adore, j’y reviendrai) et des raccords de rayures bien respectés. Besnard se targue, également de proposer des chemises avec quatre « passages main » : montage du col et des manches, couture des hirondelles de renforts et des boutons (en patte de gallinacé). La comparaison des avantages et des inconvénients entre une couture manuelle et une belle couture machine fait toujours débat. Chez les Indispensables même, il n’y a pas de consensus. En revanche, tout le monde s’accorde à dire que, quand c’est bien fait (comme ici), c’est quand même ce qu’il y a de plus beau.
Du côté de la coupe, pas de mauvaise surprise, les manches sont assez longues et ça fait bien plaisir. La coupe est flatteuse sans être trop ajustée. En tout cas, elle contient mes tablettes sous le chocolat. Les emmanchure sont hautes, ce qui permet assez d’aisance pour faire le pitre sur la place de la concorde. Au bout des manches, les poignets coniques permettent de bien coller à l’articulation sans pour autant serrer à faire un garrot, ce qui est toujours appréciable.
Avec un tarif à 175€, nous avons quitté depuis longtemps l’entrée de gamme de la chemise, mais Besnard propose un niveau de qualité que l’on retrouve difficilement ailleurs (même en rajoutant un ou deux billets).
La cravate est également très bien réalisée. Sans doublure, mais avec triplure, les extrémités sont roulottées à la main (comme le bas de mon pantalon ce jour-là). J’aimerais vous dire qu’elle a une belle main, mais je n’ai pas trouvé sa main. En tout cas la grenadine de soie présente une belle texture et crisse agréablement entre les doigts. Etant habitué à des cravates entre 8,5 et 9 cm de large, j’avoue avoir eu une appréhension quant aux 8 cm annoncés. J’avais tort car les proportions restent harmonieuses et permettent de réaliser un nœud qui s’accorde bien avec le col de la chemise.
Si, malgré les points d’arrêt au fil rouge, la grenadine bleu marine vous semble trop sage, Besnard offre également des shantungs plus rugueux, des rayures club (attention à ne pas vous faire attraper par un vrai membre du club !), et des motifs imprimés plus originaux. Les cravates sont vendues à 110€. Je n’ai pas acheté de cravate neuve depuis longtemps, mais une rapide étude de marché semble indiquer que, là encore, la marque affiche des tarifs contenus au regard de la qualité proposée.
Pour finir, Victor nous a confié que son imminente prochaine collection tire son inspiration dans un autre classique hollywoodien : Wall Street. Affaire à suivre (sur vos Bloombergs)…