"Mohair" est dérivé du mot arabe “makhayer”, qui signifie "choix". Son utilisation dans la confection de vêtements remonte au 4ème siècle av. J.C. Les premières chèvres Angora seront importées en Europe par Charles V, mais sans grand succès. Elles seront à nouveau réintroduites en France dans les années 80 grâce à un petit nombre d’éleveurs français et à l’importation de chèvres Angora du Canada, du Texas, d’Afrique du Sud, d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
Si la plupart des chèvres d’élevages ont à la fois un pelage extérieur épais et une sous-couche plus fine pour assurer une bonne protection thermique, la toison de la chèvre Angora se rapproche plus de celle d’un mouton. Elle n’est globalement composée que d’une seule couche avec des fibres longues relativement grossières, entre 8 et 12 cm de longueur et entre 25 et 40 microns de finesse, localisées sur le dos, le vente, la tête et les pattes bien que les poils situées sur le cou et les pattes soient généralement moins frisés et moins doux.
A titre de comparaison les fibres de cachemire sont beaucoup plus fines, moins de 20 microns. C’est ce qui explique en partie pourquoi certains pulls mohair peuvent gratter lorsqu’il sont portés à même la peau. Cela reste malgré tout une fibre assez douce qui possède un brillant naturel et de bonnes capacités isolantes. Sans compter qu’elle est très légère.
Les fibres mohair sont récoltées 2 fois par an en tondant des chèvres en février-mars et en août-septembre.. Un procédé minutieux - et plus complexe que la tonte de moutons qui sont moins osseux et dont les toisons sont principalement situées sur le dos - qui permet de récolter plusieurs kilogrammes de laine mohair. Là encore le mohair se différentie du cachemire puisque pour récolter les fibres de cachemire, les chèvres ne sont pas tondues mais peignées au début du printemps lorsqu’elles muent. Chaque chèvre produit au maximum quelques centaines de grammes de cachemire, d’où son prix beaucoup plus élevé que le mohair.
Chaque année ce sont plus de 25 000 tonnes de mohair qui sont produites dans le monde. Les plus gros pays producteurs de laine mohair au monde sont l’Afrique du Sud (1er pays producteur, plus de 60% de la production mondiale), la Turquie, l’Argentine mais aussi les Etats-Unis, principalement dans l’Etat du Texas. L'élevage et la commercialisation de la laine et du mohair y fut introduit à la fin des années 1890 par la Charles Schreiner Company à Kerville. La chèvre angora est particulièrement bien adaptée aux paysages arides et secs. Elles n’aiment d’ailleurs pas beaucoup l’humidité.
A contrario les principaux pays consommateurs de mohair sont européens : le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Belgique en sont les plus gros importateurs.
La France importe quant à elle chaque année autour de 2 000 tonnes de mohair brut. Si les quantités produites sur le territoire français restent infimes, de l’ordre de 10 tonnes annuelles, la filière s’est professionnalisée depuis les années 80. On compte aujourd’hui une centaine d'éleveurs de chèvre Angora. Ils sont non seulement éleveurs mais également distributeurs et vendeurs. En effet, aucun éleveurs français ne revend le mohair brut, il le transforme en produits finis. Pour y parvenir, les éleveurs sont principalement regroupés autour de 2 labels : Mohair de Nos Chèvres ainsi que Mohair des Fermes de France.
Ces associations garantissent, non seulement des conditions d’élevages respectueuses de l’environnement et de l’animal, mais leurs permettent également de rassembler leurs productions afin de pouvoir bénéficier d’un effet de volume pour les opérations industrielles de transformation : le lavage, le filage…Pour qu’une exploitation soit rentable, elle doit compter au minimum une centaine de chèvres. Elle peut ainsi espérer produire jusqu’à plus de 300kg de mohair par an.
L’utilisation du mohair n’est pas limitée à la maille. Le mohair est historiquement utilisé dans la confection de vêtements chaîne et trame tel que construction des manteaux, des vestes… Ou encore pour les tissus d'ameublement, de costume, pour des couvertures, et même pour les peaux de phoque des skis de randonnées.
LES FILATEURS
Une fois la matière brute récoltée, des premiers tris sont directement effectués par les éleveurs pour classer les fibres selon leurs finesses. Le mohair de chevreaux (superkid mohair) est le mohair le plus fin et le plus doux. Il est issu de jeunes toisons et sera réservé aux produits en contact direct avec la peau : écharpes, gants, pulls et chaussettes. Le mohair issu de chèvres adultes, plus grossier, est quant à lui plutôt destiné à l’ameublement ou aux autres textiles (costumes, couvertures…).
Une fois trié, le mohair est ensuite cardé et peigné afin d’éliminer les matières végétales et les fibres courtes, tout en parellélisant les fibres longues. Cette transformation est majoritairement effectuée en Europe. On y trouve les meilleurs filateurs de laine mohair. On pense à Sesia en Italie, Igea, Illaria…ou encore Fonty en France.
En lisant les compositions des pulls, vous remarquerez très vite que les fils à tricoter sont très rarement en 100% mohair. Il y a très souvent au moins 2% de polyamide ou de soie, pour faciliter le tricotage. Les fils 100% mohair sont davantage destinés aux textiles en chaîne et trame, comme des plaids par exemple.
Ne soyez donc pas surpris de voir des compostions de pulls en mohair avec un fort pourcentage de nylon. Et bien entendu, la qualité du fil influe sur le prix du produit final. Un fil 80% mohair, 20% soie sera beaucoup plus cher et beaucoup plus noble qu’un fil 70% mohair, 30% polyamide. Les prix oscillent généralement entre 35€/kg jusqu’à plus de 200€/kg - pour un fil mohair haut de gamme produit en France par exemple.
La laine mohair est par ailleurs très souvent associée à d’autres laines comme la laine mérinos ou l’alpaga. Elle permet d’alléger le mélange et apporte de la brillance, un toucher doux ainsi qu’une très bonne capacité thermorégulatrice (jusqu’à 2 fois plus chaude qu’une laine de mouton).
En terme de jauge, les fils en mohair sont souvent adaptés pour de la grosse maille (jauge 5 et 7), mais il existe également des mélanges pour des pulls plus fins, tel qu’en jauge 12.
TEST AU QUOTIDIEN
On conseillerait de porter votre pull mohair par dessus un t-shirt. D’une part, parce que son tricot est très souvent assez lâche, transparent et qu’il ne tient pas excessivement chaud. Et d’autre part, comme évoqué précédemment, la laine mohair peut parfois gratter. Avec un t-shirt, le port de ce type de pull sera donc plus confortable.
Ci-dessous notre pull en superkid mohair de chez Roberto Collina. Coloris bleu marine, facile à porter. Il est très très léger, sans doute le plus léger de notre collection. Il peut donc se porter relativement tard dans la saison, de l’automne jusqu’au début du printemps.
Le mélange superkid mohair et alpaga est très doux et il peut être porté à même la peau.