The Elder Statesman - Cachemire et maille

 

Il y a deux ans nous avions écrit un article sur six marques qui utilisent des machines à tricoter manuelles pour la production de leurs pulls et accessoires en maille.

Nous aurions pu ajouter The Elder Statesman à cette liste. Depuis sa création en 2007, toutes les pièces - y compris les bonnets, pantalons, cardigans, coussins et chaussons - sont développées à Los Angeles par une équipe d’experts dans les métiers à tricoter main. The Elder Statesman travaille essentiellement la fibre de cachemire et est connue pour ses motifs tie-dye.

Le 12 juillet dernier, la marque a publié une vidéo sur son atelier de fabrication. L’atelier est composé d’une dizaine de machines à tricoter domestique type Silver Reed. On aperçoit également quelques machines à remailler.

Machine à tricoter type Silver Reed
Capture écran, A Look Inside The Elder Statesman's Factory in Los Angeles

Capture écran, A Look Inside The Elder Statesman's Factory in Los Angeles

Remailleuse en action
Capture écran, A Look Inside The Elder Statesman's Factory in Los Angeles

Le nom The Elder Statesman est un hommage au frère décédé du fondateur, Greg Chait. L’idée lui est venue après avoir reçu en cadeau une couverture en cachemire. Agé de 34ans, il quitte son poste au sein de la marque de denim Ksubi et décide de se lancer.
Il commence par développer une collection de couvertures personnalisées fabriquées à partir de fils épais dans une usine de l'Ouest canadien (Greg Chait est né à Toronto), qui s'est finalement transformée en une série de bonnets tricotés. La ligne a connu un certain succès, l’entreprise était lancée.

D’où proviennent leurs fils en cachemire ? Sans surprise, majoritairement d’Italie et d’Écosse.

Images MrPorter. Liens en cliquant dessus.

 

Interview d’un ancien directeur technique d’une usine de tricotage française

 
 

Ci-dessous une interview intéressante d’un ancien directeur technique, Gaëtan Douez, d’une usine de tricotage située à Vierzon qui fonctionnera jusque dans les années 1980.
Gaëtan Douez revient sur le développement de la société depuis son arrivée dans les années 50 jusqu’à la fermeture. Une discussion technique (à partir de la 20ième minute) qui permet de mieux comprendre les dessous des usines des tricotages.

  • L’usine de tricotage - Tricotages du Verdin - est initialement spécialisée dans la layette, c’est à dire les vêtements en maille destinés aux nouveau-nés. La layette est obtenue - à cette époque - à l’aide de machines dites à mailles retournées à cartes perforées. Les aiguilles de ces machines possèdent un double crochet qui permet d’obtenir des points particuliers très caractéristiques de la layette : point de mousse, point de riz…

  • Dans un deuxième temps, l’entreprise Tricotages du Verdin va s’équiper de machines rectilignes pour faire des vêtements Enfant.

  • Afin de lancer une ligne Femme, Tricotages du Verdin va également s’équiper de machines circulaires pour produire des tricots uni et jacquards au mètre. On parle généralement de maille au mètre, puisque de manière similaire aux tissus, cette matière est produite au mètre puis transformée en vêtements grâce au coupé-cousu.

  • Dernier ajout dans les années 70, un atelier de fully-fashioned. Tricotages du Verdin achète une machine anglaise Monk similaire aux machines Bentley Cotton dont on a déjà parlé ici. Elles permettent de produire simultanément plusieurs panneaux de tricot en fully-fashionned, c’est à dire déjà en forme via des diminutions/augmentations. Une machine qui est tellement massive que c’est un atelier qui est construit autour d’elle et non l’inverse.

Gaëtan Douez revient également sur ses tâches quotidiennes et notamment sur une notion qui est sans doute assez difficile à percevoir lorsque l’on ne travaille pas dans le milieu de la mode : la différence entre la production et la collection. En effet, Gaëtan Douez passe une bonne partie de ses journées à développer les nouveaux points de tricots des prochaines collections. Ce travail très technique est effectué en parallèle de la production des collections à livrer aux magasins et détaillants. Le directeur technique doit donc sans cesse jongler entre les collections futures et celles en cours de production.
L’atelier ne passera cependant pas le cap des machines électroniques, ne pouvant ainsi rivaliser avec la concurrence sur la rythme de création de nouveaux échantillons et donc de nouvelles collections.

Pour en savoir plus : Memoirevierzon
Image d’illustration : Photo d’archive Tricots Gégé