Bienvenue chez La Botte Gardiane
Notre visite s’est déroulé en deux étapes. Tout d’abord une introduction sur l’histoire et les valeurs de La Botte Gardiane puis dans un deuxième temps une visite de l’atelier et de toutes les étapes de fabrications des chaussures de la marque.
Petit retour en arrière. Nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le Gard et le Languedoc-Roussillon sont alors des bassins très fertiles pour de nombreux métiers du textile : usines de confection, filatures, tisserands ou magnaneries (bâtiments destinés à l’élevage des vers à soie). À cette époque l’industrie du vêtement tourne à plein régime et emploie bon nombre de personnes dans la région Occitanie. Un exemple avec Millau, capitale du gant, qui comptait jusqu’à plus de 5000 salariés dans ce secteur. Il en reste aujourd’hui moins d’une cinquantaine.
En 1973 arrive le premier choc pétrolier ainsi que les accords sur la libéralisation des marchés mondiaux qui permettent de réduire les droits de douane sur des centaines de milliers de produits. Les importations sont en pleines croissance et dans le même temps le pouvoir d’achat baisse. Les ateliers de la région fermeront leurs portes les uns après les autres. De 60 fabricants de chaussures dans la ville de Nîmes, on passe à 0 dans les années 90. Une histoire qui se répète également pour les tanneries, elles passent de 600 à une quarantaine de nos jours. Elles ont en partie été conservé grâce aux maisons de luxe. Le déclin économique s’accompagne d’une montée en gamme.
En 1995, alors que la société est composée de 5 personnes, elle est rachetée par Mr Michel Agulhon, son dirigeant actuel. Un pari fou dans une époque où des entreprises textiles ferment toutes les semaines. Sans compter que le made in France est considéré à ce moment-là comme désuet. Plus personne n’achète français.
Dix plus tard, l’entreprise est en difficulté. Michel Agulhon tente alors un dernier salon professionnel à Paris, chez l’ancêtre de l’actuel Who’s Next. Beaucoup de clients internationaux sont séduits, notamment des Japonais. À cette époque le Japon est le deuxième marché pour l’industrie du luxe juste derrière les États-Unis. Ils raffolent particulièrement des entreprises avec une longue histoire et un savoir-faire spécifique. Le succès est au rendez-vous.
Mais une semaine après, nouveau coup dur. De fortes inondations touchent l’ensemble de l’usine. Les archives, les matières, les stocks, les machines…tout est détruit. Pour la famille, cela sonne la fin de l’aventure. Mais les salariés s’accrochent et commencent à nettoyer. Le fondateur et ses enfants (Antoine, Julien et Fanny) vont alors démonter toutes les machines, changer les moteurs et relancer la production 25 jours après. L’entreprise fait à nouveau preuve de résilience.
En décembre, les premières productions sont livrées aux clients Japonais, le pari est gagné. C’est un véritable engouement au pays du Soleil-Levant. En 2003 la moitié de la production part à l’export. La qualité doit être irréprochable. Une histoire d’amour qui dure depuis plus de 10 ans.
Deuxième rencontre marquante, la marque Céline en 2004. Mickael Kors, alors directeur artistique de la maison commande 2500 paires de bottes camarguaise (plus de 30% du CA à cette époque) en marque blanche. Au-delà de la notoriété et du chiffre d’affaire, la marque de luxe française apporte avec elle un cahier des charges exigeant et de nouveaux fournisseurs de matières premières telle que la tannerie italienne Conceria Ambassador, spécialisée dans le velours.
Depuis lors les modèles ne sont plus cantonnés à la Botte Camarguaise. On dénombre jusqu’à 380 modèles différents et 109 coloris et textures.
Les chaussures sont bien entendu réparables, talons, semelles…tout est possible.
L’année 2012 marque l’ouverture de leur première boutique parisienne, puis 2014 la deuxième dans le marais.