Quand tu achètes la machine, est-elle livrée avec le moteur et la table autour ?
Parfois, tu peux trouver une machine complète avec la table, le moteur et tout le reste.
Mais mon espace est assez restreint, alors je prends généralement la tête de la machine, je construis ma propre table et je mets un nouveau moteur. Le nouveau moteur est un peu meilleur avec l'électricité, tu peux le contrôler plus facilement, et il est aussi un peu plus léger.
Et il y a aussi moins de risques d'incendie et autres. Les anciennes machines et les vieux moteurs sont pleins de poussière, peut-être datant de 1943, donc on ne sait jamais.
Quand tu en achètes une, tu la nettoie systématiquement ?
Non, non, je ne suis pas Arthur (rires). Vous savez, si la machine fonctionne et semble bonne, vous devez la nettoyer un peu, mais c’est tout.
Comment savoir si une machine fonctionne parfaitement ou non, il faut voir à l'intérieur non ?
Ce n'est pas nécessaire. Mais oui, quand je trouve une vieille machine, il arrive que la machine ne tourne même pas, comme si elle était bloquée, comme si la graisse était transformée en verre et qu'on ne pouvait pas la bouger. Et la plupart des gens la toucherait et dirait "c'est de la merde, elle ne bouge pas". Mais le vieux métal est bon, il est de bonne qualité.
Parfois, j'ouvre certains éléments pour vérifier, par exemple, s'il y a le pied et tous les éléments principaux qui font fonctionner une machine. S'ils sont là et qu'ils n'ont pas l'air complètement rouillés, alors il y a de grandes chances qu'elle puisse fonctionner à nouveau.
Comme la deuxième, juste là ; quand je l'ai eue, elle était couverte d'une sorte de poussière blanche bizarre et elle ne bougeait pas. On ne pouvait pas la faire tourner, on ne pouvait pas la tordre, rien.
Alors je l'ai huilé pendant quelques jours et je l'ai nettoyé un peu et quand j'ai commencé à la nettoyer, j'étais comme wow, la peinture est belle comme s’il y avait une chance de la sauver. Et une fois qu’elle commence à bouger un peu et que la roue tourne juste un peu, je me suis dit “OK, ça va marcher.” Je sentais que j’allais gagner. C'est en fait l'une des machines qui fonctionne le mieux.
Si vous laissez de l'huile dans la machine pendant trop longtemps et que vous ne la faite pas tourner elle va se “figer”. Donc une fois que tu l'as déverrouillé, c'est bon.
A l'époque tu as commencé à faire des jeans uniquement pour tes amis et après ça, quand tu as lancé ton entreprise, tu as commencé à faire ce que le client te demandait ?
Quand j'ai commencé, j'étais jeune. A partir de 16 ans, je faisais surtout des vestes avec du tweed, des doublures en soie et des choses comme ça. Mais ensuite, quand je suis allé en Thaïlande et que je faisais moins de vestes, j'ai commencé à faire plus de jeans. Et en Thaïlande, j'ai surtout fait des jeans, je dirais que 90% de tout ce que j'ai fait était des jeans. J'ai joué avec les matières comme le tweed. Je n'ai pas fait trop de Moleskine là-bas, mais juste des cotons et des matières de style workwear. Mais depuis mon retour au Canada, j’expérimente beaucoup plus différentes matières, les différences de température permettent de s’exprimer davantage, de proposer différentes matières.
J'utilise donc une variété de tissus différents, que ce soit du denim, de la moleskine, du chambray, des tweeds, de la laine, à peu près tout. Et puis je joue aussi avec différents types de vêtements.
En Thaïlande, c'était 90% de jeans, ici c'est peut-être 50% de jeans et les autres 50% sont des chemises, des vestes et des gilets.
Quand es-tu rentré au Canada ?
Il y a maintenant cinq ans, en décembre 2016.
Depuis ce jour, penses-tu être plus créatif ?
Un peu, je pense. C'est une question délicate, parce que ça dépend de mes clients. J'ai une idée, je veux faire quelque chose, mais si personne ne passe commande, à moins que je le fasse pour moi mais bon...
J'ai l'impression de faire beaucoup de choses nouvelles et excitantes, surtout depuis mon retour ici. J'ai l'occasion d'expérimenter avec différents vêtements, différents styles et différentes matières. C'est bien, c'est amusant.
Mais où trouves-tu ton inspiration quand tu fais une veste avec une couture particulière ?
Certaines des pièces les plus étranges que je fais, proviennent de vieux livres sur le denim ou de quelque chose qui a été breveté. Je n'essaie pas de le prendre directement dans le livre et de le reproduire, mais j'y mets ma propre touche.
Mais j’ai un client, il m'a montré, je pense 4 dessins dans un livre, et il m’a dit prends ces quatre idées et fais-en une veste et c'est là que j'ai eu l'idée de ce style veste. Il faut être un client courageux pour décider de choisir quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant.
La plupart du temps, c'est comme si je voulais un jeans Levis 501 datant de 1947 ou que je voulais un détail en particulier. Quand je fais un pantalon unique, d'autres personnes le voient immédiatement sur les réseaux sociaux et me disent que c'est-ce modèle là qu’ils veulent. Et quand ça arrive, c'est bien.
Donc tu peux faire tout ce que le client souhaite, même les idées les plus folles ?
Il y a des idées que je refuse. Par exemple, je ne veux pas broder des blasphèmes ou des gros mots. Si je pense que ça ne va pas être joli du tout, je ne le ferai pas. Si la forme qu'ils veulent est trop slim, je dirai NON.
Je veux que tu portes mes jeans le plus longtemps possible, et pas seulement pour une saison pour suivre la tendance.
Mais tu es plus spécialisé dans les vêtements de type “workwear” ?
J'essaie d'éviter l'idée que je suis juste un autre magasin de vêtements pour hommes, je veux apporter un savoir-faire et une valeur ajoutée en tant que tailleur.
Je fais des vêtements de travail, mais j'essaie d'y mettre une saveur différente parce que ça reste du sur mesure et peut-être que le sur mesure n'est pas le mot que tu veux employer. Mais tu viens, tu commandes, je fais un patron pour toi et je créer ton vêtement.
Bespoke et custom made, est-ce la même chose pour toi ?
Si tu cherches le mot "sur mesure" dans le dictionnaire, tu verras qu'il signifie "fait sur commande".
Mais ça dépend, combien d'essayages il te faut ? Si tu as besoin de plus de trois essayages, ça veut dire que tu es un mauvais tailleur. Si je peux obtenir ce que veut le client du premier coup, c'est peut-être que ça a quelque chose à voir avec mes compétences et non seulement avec la passion.
Mes prix reflètent aussi le fait d'être un tailleur et de bien faire les choses du premier coup. Si tu veux cinq raccords, je vais facturer cinq fois plus.
Quel est le vêtement le plus difficile à faire ?
Ce style est très difficile. Oui, c'est difficile, parce que quand tu fais un pantalon, l'ordre ne change jamais. Tu peux faire le dos avant, le devant après, mais quand tu l'assembles, il y a une manière spécifique. Si cette méthode n’est pas respectée, tu jettes tout par la fenêtre.
Pour celui-ci par exemple, c'est le client qui a dit "je veux ça" ?
Oui, oui, je sais qu'il l'a choisi après avoir vu les modèles et il a dit qu'il lui fallait celui-là. J'ai dit "bon sang, tu sais que c'est un modèle difficile à faire".
Est-il venu avec un dessin ?
Le premier client qui a commandé celui-ci m'a montré les trois ou quatre brevets du livre et il m'a dit "prends-les et fais une pièce avec ce dessin".
Depuis que j'ai fabriqué cette première pièce pour ce type, beaucoup de gens l'ont vue, car personne ne peut la fabriquer. Il n'y a pas d'autre marque qui fait ça, donc tu sais que d'autres personnes l’ont vu quand ils te disent “je veux celui-là”.
Et quand tu crées un vêtement, quel est le détail le plus important à conserver ?
C'est une bonne question, parce que lorsque tu es une entreprise comme la mienne, je ne fais pas 100 fois la même chose, c'est toujours différent. Donc chaque matériau que je touche va bouger différemment sous le pied de la machine.
Par exemple, je peux couper le même modèle, le même jean, 10 fois avec 10 matériaux, il sera différent au toucher, à la coupe, à l'aspect. Au lavage, il va rétrécir différemment, donc c'est très délicat.
Certains clients me demandent si je peux faire mon patron et garder leur nom dessus.
Parfois oui, mais parfois non, parce que cela n'a pas d'importance si vous commandez sept tissus, je vais changer la forme sur les sept, de sorte qu'elle soit à votre avantage.
Continues-tu à essayer de nouveaux matériaux, pour voir comment ils réagissent lorsqu’on les met dans la machine à laver ?
Après 17 ans de fabrication, à travailler le denim, j'ai une très bonne idée de la façon dont ce matériau va rétrécir, bouger, ou de ce qui va lui arriver lorsque je l'utiliserai. Mais oui, j'aime bien le tester un peu et c'est bien de toujours expérimenter avec de nouveaux matériaux.
Peux-tu dire aujourd'hui que tu es capable de travailler tous les matériaux qu’un client souhaite ?
J'aimerais dire oui, mais par exemple je n'utilise jamais de denim stretch, je ne veux pas toucher à ça. Pourquoi ? Je pense que c'est par principe pas fait pour moi.
Beaucoup d'entreprises utilisent le stretch pour le confort et la facilité d'ajustement. Ils font la ceinture du côté extensible, de sorte que n'importe qui peut l'ajuster entre une taille 30 et 34. Cela ne demande pas trop d'habileté. Quand tu viens ici, je veux te montrer que je sais ce que je fais, alors les clients choisissent la matière et je te montre comment je vais la travailler.
Quelle est la procédure à suivre si je veux un jean sur mesure ?
J'ai beaucoup de types de clients différents et il y a beaucoup de façons différentes de procéder. Parfois, il y a des gens qui viennent ici et qui disent "Ben, j'aime ce que tu fais, fais-moi quelque chose" et je me dis, pourquoi pas ?
Alors je demande : Est-ce que ce matériel te convient ? Est-ce que je peux faire des folies ou est-ce que vous voulez que ce soit très classique ? Et je pose des questions de ce type.
Parfois les gens me donnent une énorme liste de deux ou trois pages de notes avec des annotations partout, en me disant “je veux qu’ici ce soit comme ça, ici comme ça …" C'est bien aussi.
Mais je ne recommanderais pas d'être trop fou, parce que si vous mettez trop de détails sur votre première commande personnalisée, il y a tellement de choses que l’on peut regretter. Il est donc parfois préférable, pour votre premier, de choisir un vêtement classique. Si vous voulez acheter une chemise, choisissez une belle chemise boutonnée de type “OCBD”, concentrez-vous sur la matière et la coupe. Ensuite, lors de la deuxième commande, vous pouvez revenir et dire "pouvons-nous ajouter quelque chose ici ?", etc...
Ca peut-être changer le fil en rouge au lieu du blanc, ou quelque chose comme ça.
Travailles-tu uniquement avec de la toile selvedge ?
Je ne travaille pas seulement avec du selvedge, j'ai plein d'autres matériaux qui ne sont pas selvedge. Mais la matière selvedge, c'est sympa, ça a une histoire, c'est intéressant, c'est original, ça correspond au thème.
Encore une fois, je n'essaie pas de faire un vêtement de travail classique ou, pardon, un vêtement masculin classique. Si vous voulez un pantalon parfaitement ajusté, allez voir ailleurs. Je fais des jeans et des pantalons de travail. Tu sais, utiliser la toile selvedge c’est plus robuste, encore une fois, ça a une histoire. Donc c'est amusant d'utiliser un matériau qui va vieillir et bouger avec vous.
C'est une réponse très clichée, mais j'aime ça.
Cependant, est-il plus facile de travailler avec du denim selvedge ?
Non, mes machines sont réglées de telle sorte qu'il m'est facile de travailler avec du denim selvedge. Mais si quelqu'un me donnait un denim super stretch avec du lycra à l'intérieur ou quelque chose comme ça, mes machines ne fonctionneraient pas bien. Je devrais donc les recalibrer un peu pour qu'elles puissent mieux le gérer.
J'ai installé mon atelier de manière à ce qu'il fonctionne pour moi, pour ce que je fais. J'ai beaucoup de matériaux différents sous la main ou à ma disposition et je peux utiliser la plupart d'entre eux, tant qu'ils correspondent au thème.
Depuis le début, tu gères l'entreprise seul ou es-tu aidé par quelqu'un ? Ça a toujours été en solo. J'ai eu quelques personnes qui ont travaillé pour moi au fil des années.
En Thaïlande, j'ai eu le réfugié vietnamien pendant un petit moment, il était vraiment bien, vraiment utile. Il est super intelligent, je lui montrais une fois et il comprenait.
Et puis après son départ, j'ai eu un gars qui a travaillé avec moi pendant un petit moment. Sa famille possédait une usine de denim, donc c'était assez intéressant si j'avais un gros projet, je pouvais demander à l'usine de m'aider.
Pour ceux qui me suivent sur Instagram, vous avez sans doute vu lorsque j’étais en Thaïlande, j'avais posté quelques vidéos de cette usine, c'était amusant d'y aller et de la visiter.
Et maintenant, depuis que je suis rentré au Canada, j'ai eu quelques stagiaires. Mais, je n'embauche personne à proprement parler. Parfois, je demande à des amis de m'aider pour les retouches et les réparations, comme Jean de (@denim.custom.service).
Aimes-tu transmettre ta passion aux autres ?
Je ne cache pas mes connaissances. Honnêtement, je ne gagne pas assez d'argent pour pouvoir embaucher 3 ou 4 personnes. Je fais ça à plein temps, et je gagne juste suffisamment pour faire vivre une famille de quatre personnes. Citez-moi quelqu'un d'autre dans l'industrie du denim qui fabrique des jeans tout seul et qui le fait à plein temps, tout d'abord. Et est-ce qu'il subvient à ses besoins ou
à ceux d'une famille de quatre personnes ? Je suis presque sûr que je suis l'un des seuls. Ma femme ne travaille pas, mes enfants ne travaillent pas, donc je dois travailler dur.
Si je veux passer une commande, comment ça se passe ?
Vous pouvez soit venir dans mon atelier, soit acheter en ligne si vous vous sentez à l'aise avec certaines mesures. J'ai un guide de mesure en ligne, et si vous êtes toujours inquiets, vous pouvez toujours m'envoyer des photos de vous portant le jean que vous avez mesuré, ou des photos des mesures.
Mais oui, venir ici est toujours le moyen le plus facile de voir et de sentir la matière.
Et parfois, j'ai des accessoires supplémentaires que l’on ne trouve pas en ligne, comme des boutons, des rivets et des choses comme ça.
Maintenant, tu as des clients dans le monde entier ?
Oui, j'ai des clients à peu près partout, sur tous les continents. J'ai, par exemple, un client régulier qui fait cinq heures de route pour venir me voir, trois fois par an, au moins trois fois par an.
Quel impact a eu le COVID-19 sur ton activité ?
Je suis vraiment désolé pour tous ceux qui ont perdu quelque chose pendant cette période. Cependant, comme je ne suis pas une marque basée dans un centre commercial et que je n'ai pas de vitrine, j'ai pu travailler seul dans ma boutique. Et comme j'ai des commandes en ligne et une base de clients très généreux, ça va. Une autre chose à retenir : c'est que différentes parties du monde ont été touchées à des moments différents. Ainsi, lorsqu'il y a eu un blocage aux États-Unis, au Canada ou ailleurs, d'autres endroits ont acheté ; en février, par exemple, pendant le Nouvel An chinois, beaucoup de commandes sont allées en Chine, et différentes choses se sont produites à différents moments. Mais je m'en sors bien cette année, je ne peux pas me plaindre.
Quel est ton plan pour l'avenir, as-tu des projets ou des rêves ?
Aw mec, j'ai des espoirs et des rêves, mais c'est très difficile à réaliser. C'est très difficile de tout faire seul. Je ne sais pas. OK, donc par exemple, ce serait bien d'avoir quelques magasins.
Disons, par exemple, deux magasins en Asie, deux magasins en Europe, un magasin aux États-Unis et un magasin au Canada qui proposeraient une sélection de mes produits. Il n'est pas nécessaire qu'il y en ait beaucoup, mais ça pourrait être par exemple tous les trimestres, ils achèteraient 20 pièces et je ferais toujours du sur-mesure de mon côté.
Si j'ai un gros chiffre d'affaires, ou du moins si tous ces magasins vendent et que les prix du sur mesure augmentent un peu, j'aurai du temps pour expérimenter d'autres choses que je veux faire, peut-être des sweats à capuche, je ne sais pas.
Envisages-tu d'ouvrir un magasin avec une vitrine ou souhaites-tu garder ton "endroit secret" ?
Je veux une vitrine mais pas pour les clients, pour moi. En Thaïlande, j'avais un très beau magasin, avec de grandes vitrines, mais il était si loin dans la rue qu'il était très difficile d'y accéder et de le voir. Quand le client arrivait, il avait une vraie sensation de découverte. Quand tu le trouvais, tu avais ce sentiment de "WAAAAOOOOOOOOOO".
Je pense que c'est précieux pour une entreprise parce que si vous êtes dans un centre commercial, ou si vous êtes sur une belle rue, comme Queen St (célèbre artère de Toronto) ou autre, et que vous avez une belle façade, 1000 personnes passent devant chaque jour. Mais combien de personnes entrent ?
Personne. Peut-être 5 personnes sur 1000, on s'en fout. Mais si ta boutique est cachée, quand ils viennent, ils achètent quelque chose. Quand j'étais très jeune, je travaillais dans un magasin de skateboard et le directeur nous parlait toujours du ratio entre les clients qui entrent et ceux qui achètent. Et c'était toujours un mauvais chiffre. Dans le commerce de détail, ils entrent pour regarder, se curer le nez et mettre leurs mains sur les chemises et ils sortent. Ensuite nous devons nettoyer. Mais ici, c'est du un pour un. Si vous venez ici, vous obtenez quelque chose. Que ce soit une retouche ou un vêtement, les gens viennent ici et achètent quelque chose.
Mais où les gens peuvent-ils te trouver s'ils ne te connaissent pas ?
Ça peut être aussi simple que de chercher sur Google. J'ai beaucoup de gars qui tapent simplement "jeans sur mesure" sur Google ou "les jeans me vont mal, où puis-je trouver des jeans sur mesure".
Mais le meilleur moyen est le bouche à oreille, et j'ai beaucoup de gens qui parlent de moi sur Reddit ou ce genre de sites. Reddit est un endroit très dangereux, faites attention, mais ça s'est bien passé pour moi jusqu'à présent.
Si un client vient ici et ne connaît rien au denim ?
Je le scanne (rires). J'essaierai de lui enseigner du mieux que je peux. Je sais que l'information, c'est beaucoup parfois. J'essaie d'évaluer : combien ils veulent apprendre ? Et est-ce utile pour eux de tout apprendre en une seule fois ? Ou juste, je pense que vous allez aimer ça. J'essaie de leur offrir quelque chose qu'ils apprécieront.
Tu essayes de les éduquer ?
Je ne veux pas paraître grossier, mais ce n'est pas mon travail de les éduquer.
Mais je veux que les gens comprennent ce qu'ils achètent, alors j'explique ce dont j'ai besoin. S'ils viennent et qu'ils veulent un jean super lourd, mais que le jean qu'ils portent pèse 11 OZ, je ne vais probablement pas leur vendre. Parce que ça n'a pas de sens, ils ne vont pas l'aimer.
J'essaie donc, du mieux que je peux, de vous expliquer ce que vous allez obtenir sans avoir à perdre, des heures et des heures pour commencer à parler de la taille du fil ou aux outils pour droitiers ou gauchers, qui s'en soucie ? Tant que tu aimes le jean, ça devrait aller.
Pour toi, la chose la plus importante c’est de porter les jeans que tu fabriques ?
Oui, comme je te l'ai dit, la première fois que j'ai dû fabriquer des jeans, je ne savais pas ce qu'était le selvedge, je ne connaissais même pas les jeans. Je savais qu'ils déteignaient, mais je ne savais pas comment ils déteignaient. Je pensais juste à comment le fabriquer.
Je me souviens du premier jean qui m'est revenu après un an de port. Je l'avais fait pour mon voisin, et après un an, il est revenu et en a demandé un autre. Et j'ai dit "Allez, et celui que je t'ai donné ?" et c’était celui qu'il portait. Mais je ne l’ai même pas reconnu, il était tellement délavé. C'était un choc. L'idée, c'est que je ne connaissais pas grand-chose au début, mais ce n'est pas nécessaire. Tu dois juste savoir que tu aimes les jeans et si tu le mets et qu'il te va bien, ça devrait être suffisant, tu sais.
Tu peux toujours t'informer et en apprendre plus, mais...
Travailles-tu avec des designers ?
Non, pas vraiment. La plupart des gens, ils prennent juste mon design sur Instagram et le remixent un peu.
De nombreuses entreprises te copient ?
Je ne veux pas utiliser le mot copier, mais influencer ou inspirer. Ils doivent se dire, "oh c'est en fait assez fou", peut-être que nous pouvons le faire, mais en le modifiant un peu.
C'est délicat parce que je fabrique une pièce à la fois, chaque pièce est différente, donc j'ai beaucoup de temps pour expérimenter des choses et eux non.
Combien de temps faut-il pour fabriquer des jeans ?
Je dis généralement aux gens que je fais un jean par jour. Si j'utilise la même couleur de couture pour trois jeans, je peux probablement les coudre un peu plus vite parce que tout est similaire, mais oui, généralement, si on inclue la coupe, le changement de fil dans les machines, la préparation, le dessin du modèle, peut-être que cela prend une journée entière au moins, oui.
Merci Ben, as-tu quelque chose à ajouter ?
Je suis cool, et quand vous voyez quelqu'un avec la feuille d'indigo sur la poche arrière, c'est probablement moi.
Merci, mec.