Cravates tricotées d'Ascot à Krefeld - Made in Germany

 
 

On est de grands fans des cravates tricotées. Et on est pas les seuls, depuis maintenant plusieurs années elles reviennent à la mode. Assez formelles pour être portées avec un costume elles ajoutent une petite touche spéciale et décontractée. Elles sont proposées dans de nombreuses matières, de la soie au cachemire, en passant par la laine, le coton ou encore des mélanges.
Nous aimons particulièrement les cravates en tricot de soie. L’un des meilleurs fabricants de ses cravates en tricot soie est allemand. C’est bien simple, si vous avez une cravate en tricot de soie Made in Germany, il y a de grandes chances qu’elle proviennent de chez Ascot, le meilleur et le dernier fabricant allemand de cravates tricotées implanté dans la ville allemande de la soie : Krefeld. Ils travaillent avec les plus grandes marques, des marques confidentielles aux plus grands acteurs du Luxe.

Derrière Ascot, il y a une histoire familiale qui dure depuis plus d’un siècle. L’entreprise a été fondé en 1908 par Karl Moese.
C’est son fils Erwin qui, lors d’un voyage Angleterre à la fin des années 40 où il a notamment assisté aux célèbres courses de chevaux royales d’Ascot, décide qu'Ascot serait le nom de marque idéale pour eux. Depuis lors l’entreprise est toujours restée familiale et est toujours spécialisée dans la cravate.

Les cravates tricotées d’Ascot sont fabriquées sur des métiers dont nous avons déjà parlé : les cotton machines. Elles permettent de tricoter plusieurs cravates en même temps. Ce sont des machines à tricoter rectiligne énormes, de presque 16 mètres de long que l’on retrouve chez tous les meilleurs fabricants de tricots au monde : Johnstons of Elgin, Barrie, Scott & Charters, William Lockie ou encore John Smedley.

Une fois la cravate tricotée à plat, elle est cousu sous forme de tube à l’aide d’une machine “cup seamer” dont on a parlé ici.

Cup Seaming Machine : la cravate passe (rapidement) entre les 2 “roulettes”

Une fois cousue sous forme de tube, les cravates sont retournées à l’aide d’une grande tige. De cette façon la couture le long de la cravate est presque invisible de l’extérieur.

Les cravates sont ensuite mises sur des bandes de bois pendant 24 heures pour obtenir la bonne forme de cravate.

Par la suite on rajoute une bande de satin au niveau du col pour plus de confort.

Enfin dernière étape, le bout de la cravate est fermé.

Ascot est certainement devenu célèbre pour la fabrication de ces cravates tricotées parce qu’elles ont une main particulière, assez sèche et croustillante. Cela est dû au tricotage très dense et à la quantité de soie utilisée. Une caractéristique très appréciée des aficionados de cravates en tricot. Et ce d’autant plus que peu de fabricants dans le monde sont en mesure de fabriquer ce type de cravates. Moins d’une dizaine peuvent encore le faire. Et cela alors que la demande de cravates tricotées a considérablement augmenté au cours de la dernière année.

Bonne nouvelle, il est possible d’acheter les cravates Ascot directement sur leur site web. Leurs cravates tricotés en soie sont vendues à 69,9€. Celles en laine soint moins chères, à moins de 40€.

De nombreux coloris sont proposés, du classique bleu marine en passant par le vert forêt au rose ou au jaune. Vous trouverez sans aucun doute votre prochaine cravate.

Images ascot.de

 

Paraboot - L'excellence française

Paraboot

Visite guidée au coeur de leur usine iséroise

 
 

Les fabricants de chaussures français se comptent sur les deux mains. Les très bons sur quelques doigts. Paraboot en fait partie. Cette marque française de chaussures mythique rayonne mondialement depuis plusieurs décennies. 

Chose exceptionnelle, nous avons eu la chance de pouvoir visiter leur usine flambant neuve située à Saint-Jean-de-Moirans dans le département de l’Isère ! Quelle fierté d’avoir pu visiter l’un des plus beaux fabricants de chaussures au monde, à quelques heures de chez nous. 

La visite s’est déroulée en 3 étapes. Nous avons d’abord fait une visite au musée de la marque, une pièce qui regroupe les paires les plus emblématiques du développement de Paraboot et de Galibier. Dans un deuxième temps, nous avons visité l’entrepôt et vu la plupart des cuirs utilisés. Pour finir, l’après-midi, nous avons pu voir toutes les étapes de la fabrication des paires Paraboot. 

A l’issue de la visite nous étions tous d’accord, Thomas, Mathieu et Marcos : nous aimons encore plus Paraboot. C’est indéniablement une très belle entreprise à tous les niveaux. Humain, environnemental, savoir-faire et surtout, des chaussures vraiment haut de gamme. 


VISITE DU MUSÉE - histoire

Tout commence avec Rémy Richard, fils de paysan qui devient cordonnier au début du XXe siècle. Ayant le goût de l’aventure, il part aux États-Unis en 1920 sans parler un mot d’Anglais avec juste un passeport, trois francs six sous et une malle, toujours visible au musée. C’est lors de ce voyage que Rémy Richard remarque que les Américains portent en ville des sorte de chaussettes en caoutchouc par-dessus leurs chaussures afin de les protéger de l’humidité. Ces chaussures sont appelées boots par les Américains. Naîtra l’idée dans sa tête de faire une chaussure en cuir montée de semelles en caoutchouc.

Mais pour cela, il lui faut trouver la matière première, le latex. C’est au port de Para - qui n’existe plus mais qui était situé au niveau de Manaus au Brésil dans la région Amazonienne - qu’il la sourcera. 

C’est aussi de là que vient le nom de la marque ParaBoot, car Paraboot est d’abord le nom de la semelle qui équipe les chaussures de la Manufacture Extra. De fil en aiguille, le nom sera repris pour celui de la marque de chaussures. Elle est déposée en 1927. Ce travail de vulcanisation, unique en France, Paraboot le conserve toujours.

Une « Paraboot » est donc dès son origine une chaussure de cuir munie d’une semelle en caoutchouc.

Mais à son retour en France après son voyage aux États-Unis, Rémy Richard crée d’abord la marque Galibier*. Nous sommes en 1922. C’est le début du travail du cramponnage sur des bandes de caoutchouc. La marque possède d’ailleurs toujours des exemples des premières chaussures de montagne et de travail - le brodequin. Avec une semelle en bois dans un premier temps, puis les premiers moulages de semelle en caoutchouc dans un deuxième temps. À cette époque, dans le courant des années 30, et à l’image de ce que faisait déjà la marque Aigle, Paraboot proposait même des bottillons en caoutchouc.

*Vous avez d’ailleurs peut être déjà lu cette anecdote dans l’Express au sujet de Galibier ?
Par l'intermédiaire du cabinet de Jack Lang, le président a souhaité le remplacement de ses vieilles chaussures de marche. Problème: le modèle n'était plus fabriqué depuis de longues années. Devant l'insistance élyséenne, le patron du Vieux Campeur a obtenu que les usines Galibier remettent en route des machines abandonnées. Pour plus de sécurité, six modèles, de pointures différentes, ont été façonnés. Galibier les a facturé 10 000 F pièce (1 500 €). Le président était ravi ; le Vieux Campeur n'a jamais osé envoyer sa note à l'Elysée...

1945 marque la naissance de Michel Richard, le président actuel de l’entreprise. Mais c’est aussi la sortie de la Seconde Guerre mondiale. L’entreprise souhaite alors fabriquer des chaussures simples, solides et sans trop de fioritures. C’est la naissance de modèles emblématiques avec la Morzine en 1943 et la Michael en 1945. Michael est une référence à Michel (Richard). Au sortir de la Guerre, il était de bon ton d’américaniser les prénoms. Ce modèle reste aujourd’hui encore le plus fabriqué et le plus vendu de la maison. Un indispensable.  

D’autres modèles se développent en parallèle comme la « Élevage », une bottine montante au cousu norvégien, afin de satisfaire certains corps de métier. 

Les années 1950-1960 sont marquées par le développement de la marque Galibier avec les découvertes des faces Nord des plus hauts sommets du monde, tels l’Everest ou le Mont Blanc. Les grandes figures de l’alpinisme viendront s’équiper directement à l’usine comme René Desmaison, Paul-Emile Victor ou encore Haroun Tazieff. Ils permettront à la marque de développer des produits répondants aux spécificités de la haute montagne. Pour autant, Paraboot reste plus axé campagne et agriculture. Le développement de Galibier à l’international se fait essentiellement aux États-Unis, au Canada et en Italie. 

Les années 1980 marquent d’ailleurs l’augmentation des exportations vers les États-Unis mais aussi le début d’une période difficile pour la marque. Avec les différentes privatisations d’entreprises et réglementation du travail mises en place par François Mitterrand en France ainsi que l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan aux Etats-Unis, et sa mise en place d’une politique de l’offre, le dollar s’effondre passant de 10 à 4 francs. L’entreprise se retrouve au bord du gouffre et en dépôt de bilan.  

La marque rebondit grâce notamment au modèle Michael qui connait un vif engouement. Cette tendance marquera l’avènement de la Michael en ville. S’en suivront le développement des modèles Chambord, Avignon...que nous affectionnons beaucoup. 

À la fin des années 1980, c’est l’essor du marché Japonais. Ce développement continuera au cours des années qui suivront jusqu’à devenir aujourd’hui l’un des principaux marchés de Paraboot. Une reconnaissance quand on sait l’exigence et l’attachement des Japonais au savoir-faire !

LES COLLABORATIONS

Quelques mots sur les collaborations. Paraboot ne le met pas spécialement en avant mais elle a travaillé avec les plus belles marques du monde. Les modèles emblématiques de ces collaborations sont exposés au sein du musée de la marque. C’est par exemple le cas d’une très belle paire réalisée avec Hermès. Un mixte de Michael et de Morzine. 

L’occasion pour nous de (re)découvrir la Morzine. Moins connue que la Michael, elle a souvent la préférence des connaisseurs. Elle a toujours été plus chère que la Michael notamment due à l’utilisation d’une peausserie plus noble. La peau provient en effet d’un veau né sous la mère (VSLM) et qui y restera pendant environ 2 ans. Cela donne un aspect moins rigide et plus souple au cuir. Sa patine sera également différente qu’un cuir de veau classique. 

Pour la petite anecdote, la Morzine est parfois surnommée la « Para 3 bandes » en référence à ses 3 coutures sur le côté faisant penser à la signature Adidas. 

 

Les cuirs utilisés

Nous avons passé deux heures à regarder les différents cuirs, leur main, leur finition, leur épaisseur**…Si Paraboot ne possède pas de tannerie, la marque a développé avec les années une très bonne expertise dans le cuir. Une nécessité, car une bonne chaussure c’est d’abord un bon cuir. Ceux de Paraboot proviennent majoritairement de France : de Degermann, une tannerie Alsacienne bien connue ou encore de chez Haas à l’image du Novonappa utilisé pour la Morzine ou du Suportlo pour la Michael, Chambord, Avignon…

Ils sont principalement 100% pleine fleur et sur chaque peau utilisée aucune couche de finition plastique n’est appliquée pour masquer les défauts. Pas de cuir rectifié. C’est aussi pour cette raison que l’on peut parfois observer de légères rides ou veines.

Au cours de ces échanges, on s’est également vite rendu compte que pour distinguer un bon cuir suédé cela se complique. Comment différencier à l’œil nu un cuir pleine fleur qui a été poncé d’une simple croûte de cuir ? Pas toujours facile voire impossible...La notion de confiance avec la marque est alors primordiale.

**entre 2.2 et 2.4mm pour les peaux utilisées par Paraboot

VISITE DE L’USINE

Nous avons pu voir toutes les étapes de fabrication et même de la maintenance des machines. Tout commence par la semelle, puis la découpe des cuirs, le montage de la tige, l’assemblage et enfin les étapes de finitions. 

Quatre processus en particulier nous ont marqué au cours de cette visite.

1. La semelle
Premièrement la semelle. Un des seuls fabricants de chaussures au monde à ne pas sous-traiter la fabrication de ses semelles.
Historiquement, la marque a même inventé les semelles de montagne 11 ans avant Vitale Bramani, le créateur de Vibram.

La matière première (le caoutchouc) passe dans deux des imposantes presses qui équipent l’usine. Plus on chauffe la matière, plus elle devient dure, ce qui permet de jouer sur l’effet recherché, plus ou moins robuste et plus ou moins souple.

Détail intéressant, on notera que les semelles intermédiaires - indispensables pour durer - sont également équipées d’un cambrion en métal qui permet une bonne tenue de la chaussure.

2. La doublure flottante
Sur une paire haut de gamme, on a systématiquement ce qu’on appelle une doublure flottante. La doublure intérieure est uniquement piquée et non collée à la tige. Autrement dit, lorsque l’on laisse reposer sa paire après une journée de port, l’air va pouvoir circuler plus facilement à l’intérieur. La durée de vie de la chaussure est sensiblement accrue. Car l’ennemi du cuir, c’est l’humidité et la moisissure.

En effet, il y a 50 ans, il n’était pas rare que les gens portent les mêmes chaussures tous les jours. Ils n’alternaient pas pour que la paire puisse respirer, tout simplement car ils n’avaient pas plusieurs paires à faire tourner ! Les habitudes ont changé. Pour autant, les chaussures résistaient très bien. La doublure flottante permet justement de pallier ce problème.

3. La différence entre le jointé 45 et le jointé mur
L’une des spécialités de Paraboot sur la Chambord est le jointé 45. Il s’agit de la piqûre du plateau, réalisée à 45°. Un savoir-faire assez rare que peu de chausseurs maîtrisent.
Cela permet d’obtenir une couture très fine et discrète, un détail très prisé par les fins connaisseurs Japonais.

Elle se distingue du jointé mur, une couture beaucoup plus grossière..


4. La production de bottes sur mesure
Une usine qui est capable de produire en parallèle des paires sur-mesure, c’est forcément très bon signe. C’est le cas de Paraboot qui fabrique les bottes de parade de la Police.
À sa sortie d’école, chaque nouveau motard de la Police Nationale reçoit une paire de parade réalisée sur-mesure. Elle est donc ultra ajustée au départ et nécessite même ce qu’on appelle un « tire-botte » pour pouvoir l’enlever.

Au moment où nous visitions l’usine, un artisan de Paraboot travaillait par exemple sur une botte fabriquée initialement en 2017 et qui avait été retournée. Dans ce cas précis parce que le motard avait pris du muscle.

Lorsqu’elles reviennent, les bottes sont souvent très molles à cause des ports successifs. Pour leur redonner une forme et un galbe fixe, elles sont imbibées de colle et gardées 24h dans une sorte de four spécial afin de les rigidifier.

Pour réaliser ces bottes sur-mesure, des empreintes de pieds sont prises ainsi que quelques mesures de la jambe : jarret, mollet…Afin de coller au plus près au pied du client, jusqu’à 4 largeurs de formes – réalisées en charme, un bois très dur – par pointure sont proposées. Des morceaux de cuir peuvent ensuite être rajoutés si besoin pour coller au plus près aux dimensions des pieds des motards.


La suite en images.

La matière brute qui sert à fabriquer les semelles Paraboot

Cousu norvégien

Une Chambord Cordovan en cours de montage

Teinture de tranche

Découpage laser du cuir

Placement optimal des différentes parties à couper

Opération de piquage

Les bottes “classiques” de la Police, celles qui sont normées (protection de la malléole…) et utilisées au quotidien

Une ancienne machine qui permettait de mesurer la taille des peaux - en pied carré notamment.

Elle n’est aujourd’hui plus nécessaire, mais Paraboot l’a conserve en souvenir

Vous reconnaîtrez les sandales Ibéris

Spécifique aux Michael, l’utilisation d’un cuir à poil long - pony hair en anglais

Au moment où est prise la photo, le bottier - qui est Compagnon du Devoir - nous montre les différents points de mesures : oui c’est une botte sur-mesure pour la Police Nationale ! (voir notre paragraphe plus haut)

Les formes en bois utilisées pour les bottes sur-mesure

Les réparations client en cours

Dans le musée de la marque

La marque Galibier

Paraboot x Hermès modèle Morzine

Une paire en python réalisée en collaboration avec Mugler

Le caoutchouc, une spécialité chez Paraboot

Semelle intermédiaire, composante clé d’une chaussure Haut-de-Gamme. Vous remarquerez le Cambrion - il est en métal sous le plastique.

Les bureaux Paraboot

Le four qui permet de fixer la forme souhaitée des bottes sur-mesure

Fabrication des semelles extérieures et des semelles intermédiaires

 

Belgian Loafers Crown Northampton

Belgian Loafers

 

L’habillement est un plaisir. Dans mon précédent article sur mon amour pour la Teba de Justo Gimeno, je portais une paire de Belgian loafers de la marque anglaise Crown Northampton. Voilà un moment que je les porte et je peux dire avec bonheur qu’elles sont devenues mes souliers favoris de l’été.

Nous ne présentons plus Crown Northampton tellement nous aimons cette marque et avons collaboré avec eux, et continuerons longtemps à le faire !

Ce petit billet pour vous présenter tout de même cette paire de Belgian loafers fait sur commande spéciale directement auprès de l’usine. En effet, ce modèle précis n’est pas disponible sur le site, mais un simple mail à la relation clientèle – Mark ou Ben – suffit pour les débloquer. Toutes les paires de Crown sont faites en « made to order », cela limite les pertes et permet de gérer mieux le stock, une vision astucieuse et organique dans ce climat économique.

Pour cette commande spéciale, je souhaitais un daim souple marron – c’est chose faite avec ce cuir kudu extrêmement souple qui prend la forme des pieds avec délicatesse, avec l’empiècement en cuir sur le plateau formant un nœud, marque de fabrique de la belgian.

Quelle est l’histoire de la Belgian Loafer ?

C’est l’Américain Henri Bendel – créateur d’un grand department store éponyme à New York et premier à distribuer de Chanel aux States – qui eu l’idée de créer un mocassin à l’image d’un chausson au chaussant bas et confortable, en partenariat avec des cordonniers Belges basés à Izegem, héritiers d’un savoir-faire tricentenaire. Il créé d’ailleurs la marque Belgian Shoes, toujours existante.

Mes pieds sont donc chaussés par des souliers cosmopolites façonnés par un héritage belgo-américain au savoir-faire Anglais, fabriqués à Northampton.

Disponibles ici.

 

Anatomica - Visite de leur boutique parisienne

 
 

Anatomica est une des boutiques incontournable à Paris pour tout passionné de vêtements homme.

Initialement spécialisée dans la chaussure - d’où les deux bannières sur la devanture qui représentent une paire Alden et une autre Birkenstock - on y trouve également à présent des vêtements, principalement d’inspiration workwear.
La marque de Pierre Fournier est connue pour distribuer des vêtements et des chaussures qui respectent les formes des corps. C’est donc l’un des rares endroits où l’on peut trouver plusieurs largeurs de Alden en stock.
Plusieurs références à ces problématiques liées sont à la taille, principalement celle des chaussures, sont disposées dans la boutique.

”Pourquoi les gens ont-ils toujours des chaussures trop petites ? Parce qu’à la bonne pointure il les trouve trop grandes. Alors que trop long c’est encore trop court, mais probablement trop large !”

L'autre bestseller d’Anatomica, ce sont les chaussures Wakouwa en toile vulcanisée. Vous pourrez notamment trouver les paires réalisées en collaboration avec Homme Plissé d’Issey Miyake. Elles sont faciles à repérer, il s’agit de celles aux couleurs vives : rose fluo, bleu fluo, jaune pétant…À noter qu’après des années à les avoir produite au Japon, ces dernières sont à présent fabriquées à Taiwan.

Autre pépite que vous ne trouverez que chez Anatomica : les cardigans Fanni Lemmermayer. Cette entreprise familiale autrichienne fondée en 1877 est spécialisée dans la maille, et particulièrement dans la laine d’alpaga. Leurs cardigans en point de mousse sont très plébiscités au Japon et en Corée du Sud.
Leur produit star est la cardigan rayé multicolore que vous verrez ci-dessous en photo.

Adresse : 14 Rue du Bourg Tibourg, 75004 Paris

 

Crown Northampton - The Jazz Collection

 

Récemment, Crown Northampton a lancé sa collection Jazz en Europe, longtemps après avoir été exclusivement réservée pour le marché japonais.

En attendant que l’on puisse vous montrer nos deux modèles préférés aux pieds, voici un avant-goût avec ce shooting réalisé par la marque.

Crédit photo : @crownnorthampton @adnatt @lloyd.photo @richardbiedul @melissajanetarling
Models & Styling - Richard Biedul & Melissa Jane Tarling | Photography - Alex Natt & Ben Lloyd

Disponibles ici.

Super Stitch Paris - La famille s'agrandie

 
 

Petite visite aujourd’hui chez Super Stitch Paris pour découvrir les derniers nés de sa ligne Prêt-à-Porter fabriquée au Japon.

Une veste en denim tout d’abord, la LR-11 qui reprend les caractéristiques des Levis Type II. Le tissu est un 13,5 oz japonais Selvedge en coton américain à fibres longues, les fils de couture sont en coton, les rabats de poche sont doublé en tissu Dungaree pour plus de souplesse.

La coupe est boxy et courte. Après l’avoir essayée, on peut ajouter que l’emmanchure a été retravaillé pour être plus confortable que la Type II originale.

Vous noterez aussi les 2 empiècements sur les côtés. Historiquement, du fait de la laize petite des tissus selvedge, le tissu n’était pas suffisamment grand pour couvrir tout le dos des grandes tailles. D’où l’utilisation d’empiècements sur le côté, pour palier à ce manque de tissu.

Enfin chose rare, la veste en jean est également disponible dans un coloris écru de toute beauté.

Nous en avons également profité pour essayer la nouvelle chemise en chambray LR-12.

Inspirée de la chemise de la marine américaine de la seconde guerre mondiale, la LR-12 reprendre les détails qui font le charme des modèles originaux :

  • Chambray lisière 100 % coton

  • Construction en point de chaînette

  • Col pointu

  • Boutons bleu

  • Deux poches poitrine

La suite en images.

 

Rayures italiennes

 

Note : EDESIM nous a envoyé la veste que vous allez découvrir dans cet article.

Une seule référence en matière de rayures, le livre de l’historien spécialiste des couleurs Michel Pastoureau publié en juillet 2021 : Rayures, une histoire culturelle. Il traite des préjugés culturels entourant les motifs à rayures et de l'histoire culturelle de ces motifs en occident.

Que peuvent avoir de commun saint Joseph et Obélix, la prostituée médiévale et l'arbitre de base-ball, les frères du Carmel et les baigneurs de la Belle Epoque, les sans-culottes de l'an II et les musiciens de jazz ? Ils portent un vêtement rayé, signe de leur situation sur les marges ou en dehors de l'ordre social. Structure ambiguë, qui ne distingue pas clairement la figure et le fond, la rayure est longtemps restée en Europe une marque d'exclusion ou de transgression. Le Moyen Âge voyait dans les tissus rayés des étoffes diaboliques, et la société moderne a longtemps continué d'en faire l'attribut vestimentaire de tous ceux qu'elle situait au plus bas de son échelle (esclaves, domestiques, matelots, bagnards).
Toutefois, à partir de l'époque romantique, ces rayures dégradantes, sans vraiment disparaître, commencent à être concurrencées par des rayures d'une autre nature, porteuses d'idées nouvelles : liberté, jeunesse, plaisir, humour. Aujourd'hui, les deux systèmes de valeurs cohabitent. Mais il y a rayures et rayures. Celles du banquier ne sont pas celles du malfrat ; celles des passages cloutés ou des grilles de la prison ne sont pas celles du bord de mer ni des terrains de sport.
En parcourant cette longue histoire de la rayure occidentale, Michel Pastoureau s'interroge plus largement sur l'origine, le statut et le fonctionnement des codes visuels au sein d'une société donnée. Qu'est-ce qu'une marque infamante ? Un signe d'exclusion ? Pourquoi les surfaces rayées se voient-elles mieux que les surfaces unies ? Est-ce vrai partout dans le monde ? S'agit-il d'une donnée neurobiologique ou d'un problème culturel ?


Ci-dessous une rayure très italienne avec cette veste EDESIM dans un tissu 100% Laine Super 120's de chez Holland et Sherry coloris vert, bleu marine et blanc. 

Si Naples est connue pour ses vestes déstructurées, la capitale mondiale du tailoring est également capable de produrie de très belles vestes avec épaulettes - padding en anglais. C’est le cas pour cette veste où celle ci peut être qualifiée d’épaule roulée - rope shoulder.
Comme son nom l'indique en anglais, l'épaule roulée comporte un bout de corde au niveau de la tête de la manche afin d'ajouter de la structure à l'épaule et permettre de souligner le rebord de la manche. Elle est souvent très associée au style anglais.

Vous noterez par ailleurs que la veste ne comporte qu’une seule fente arrière mais que cette dernière remonte assez haut dans le dos pour plus de confort et d’élégance.

La suite en images.

 

À propos du seersucker en laine

 
 

Note : nous avons collaboré avec EDESIM pour la réalisation des photos de cet article

Le seersucker en laine est une innovation relativement récente dans l'industrie textile, ce tissu ondulé étant historiquement en coton voire en soie. S’il reste encore assez difficile à trouver en laine, cette matière présente quelques avantages.

D’une part le seersucker en laine présente la texture et la légèreté habituelle, mais contrairement au coton il froisse beaucoup moins, est plus élastique et possède également des fonctions anti-microbiennes / bactériennes que le seersucker en coton traditionnel n'a pas.

Un confort que l’on apprécie d’autant plus si la veste est bien construite. C’est le cas ici avec cette EDESIM entièrement entoilée (de manière très légère) et non doublée.

Le tissu 100% laine choisi par EDESIM est léger, il affiche 270g.

Un bonheur à porter.

 

Viapiana Customs - Visite de son atelier

 
 
Texte : Mathieu @BestShopsInTown
Photos : Mathieu @BestShopsInTown

À chaque nouvelle ville, de nouvelles opportunités s’offrent à moi en termes de découverte de shops et de rencontres. Lors de mon dernier voyage à Toronto, je connaissais déjà une de mes premières destinations. Cet endroit m’avait été recommandé par Arthur @superstitch comme étant un des lieux incontournables. Ce lieu n’est autre que l’atelier de certainement l’un des meilleurs denim maker au monde. Et je pèse mes mots quand je dis cela tant l’homme en question est talentueux.

Bienvenue chez Viapiana Custom. Cet atelier situé au sous-sol d’un immeuble est un repère pour les initiés et les vrais passionnés de la toile de Nîmes. Mais pas uniquement, car l’homme est doué et il sait travailler différents matériaux. Je suis accueilli par le master chef, monsieur Benjamin Viapiana. L’endroit m’impressionne tout de suite par le nombre de machines à coudre et l’ambiance qui y règne. On sent le savoir-faire et que chaque machine à un usage bien spécifique. C’est bien simple, ici, tout est fait “from scratch” par Ben. Il réalise chaque jean de A à Z.

Mais plutôt qu’un long discours, laissez-moi vous partager l’interview passionnante de Ben pour en apprendre davantage sur son parcours et son art :

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Benjamin Viapiana, je suis né à Toronto au Canada d’un père Italien et d’une mère Canadienne.

Pourquoi et comment as-tu démarré Viapiana Custom?

Mon père est tailleur et il a commencé à l’age de 5 ans en Italie. Son entreprise se nommait Viapiana Custom Tailor donc j’ai décidé de lui rendre hommage en remixant le nom par Viapiana Custom Denim. Cela vient aussi du fait que je me concentre d’avantage sur le workwear et moins sur le tailoring.

Pourquoi avoir choisi le Denim?

C’était une sorte de plaisanterie au début. Quand j’ai eu 16 ans, j’ai dit à mon père: “Ok je suis prêt, apprends-moi à faire des costumes” et il m’a répondu “c’est trop tard”. Et il était plutôt sérieux, car comme je l’ai évoqué plus tôt, il a commencé à l'âge de 5 ans.

A-t-il appris de lui-même ?

Non, en 1947 tu commençais l'école à l’âge de cinq ans. Mais quand l'école était dans une petite ville, que tu venais d’une famille pauvre, le jour où tu commençais l'école était le jour où tu commençais à travailler.

Son frère était charpentier, son autre frère était forgeron, l'autre était coiffeur et lui était tailleur. Donc quand j'ai eu 16 ans, j'ai dit "Ok, apprends-moi, je suis prêt", il a dit "c'est trop tard".

Alors, moitié par dépit, moitié parce que je voulais le faire de toute façon, j'ai décidé d'essayer quelque chose d'un peu différent et de faire des jeans.

Et il y a eu une fois, je ne sais même pas s'il se souvient quand il a dit ça, mais il n'arrêtait pas de demander "pourquoi tu portes ton jean comme ça, remonte-le, ce n’est pas comme cela que l’on porte un pantalon". Puis, un autre jour il a dit "si tu peux le faire, tu peux le porter comme tu veux". Alors j'ai dit "OK, c'est noté". Je me souviens que je suis allé chercher les clés de la voiture, j'ai conduit jusqu’au magasin de tissus, j'ai acheté des morceaux de tissu dont du denim et ensuite, je suis allé au magasin de seconde main et j'ai acheté un vieux jean pour le démonter. C'était bien.

J’ai coupé le nouveau tissu et j'ai fait mon premier denim. C'était un désastre. Voilà comment ça s'est passé et que tout a commencé.

Es-tu passionné par le denim et tout ce qu’il représente ?

Ce qui est amusant, c'est que la plupart des marques de denim ou des gens dans l'industrie du denim ont une histoire spéciale, du genre "J'avais sept ans, j'ai touché mon premier Levi's et j'ai jouis dans mon pantalon".

Mais non, je n'ai pas cette histoire. Quand j'ai dit à mon père que j'allais en faire un, je ne savais même pas ce qu'était le denim, je savais juste que j'aimais porter des jeans. Tu vois, je m’en fichais.

Et je ne savais même pas ce qu'était le stretch ou le selvedge, je ne savais pas de quoi on parlait. J'ai appris à connaître la toile selvedge après que je fabriquais déjà des jeans.

Quand as-tu commencé ton activité, à 16 ans ?

Oui, je dirai entre 16 et 18 ans environ. Je faisais juste des expériences avec des vestes. Je prenais un sweat à capuche avec une fermeture éclair sur le devant puis j’en faisais avec du tweed et une doublure en soie ou quelque chose dans le style Old Streetwear.

J' ai expérimenté beaucoup de choses comme ça.

Je dis généralement aux gens que je fais un jean par jour.
— Benjamin Viapiana

Avais-tu déjà des machines pour faire ça ?

Mon père a une douzaine de machines pour faire des costumes, des pantalons, des chemises et autres, alors j'ai pu les utiliser. Il dirigeait l'entreprise depuis la maison, les machines étaient toujours très proches.

Et après tes 18 ans ?

À 19 ans, je suis parti en Thaïlande en vacances et j'ai fini par rester. De mes 19 à 30 ans.

Quand je suis allé là-bas, je voulais toujours faire des vestes, mais personne ne peut porter de vestes en Thaïlande, il fait trop chaud.

As-tu, toi aussi, tout appris par toi-même ?

Quasiment, oui.

Tu n'es jamais allé à l'école pour apprendre certaines techniques ?

Non, non, je ne suis jamais allé à l'école pour ça. Je ne suis jamais allé à l'université ou au collège ou quoi que ce soit. Je n'avais ni le temps ni l'argent pour ça.

Dès le début, tu savais que tu voulais créer quelque chose avec tes mains ?

Non, aucune idée. Quand j'étais jeune, je pensais que j'allais devenir skateur professionnel, c'est pourquoi je porte encore aujourd’hui des Vans toute la journée.

Mais je n'avais aucune idée. Je savais juste que j'aimais coudre. Alors quand je suis allé en Thaïlande, le premier jour où j'ai eu mon appartement, je suis aussi allé acheter une machine à coudre. Juste parce que si je devais rester là-bas, je voulais en avoir une.

Et puis une, puis deux, puis trois, et après ça, j'en ai acheté cinq d'un coup. C'était après avoir passé deux ans en Thaïlande à faire des jeans.

Puis je me suis dit que je voulais en faire un business mais que je devais vraiment m'y mettre. J'ai donc quitté mon emploi de professeur d'anglais, que j'avais trouvé par hasard, et j'ai acheté le reste des machines, cinq autres, et je suis parti de là.

À cette époque, tu vendais déjà des vêtements à tes amis ?

Tout se faisait de bouche à oreille. Encore aujourd'hui, le meilleur moyen est le bouche à oreille. Tu sais quand quelqu'un achète quelque chose, qu'il en est satisfait et qu'il en parle à ses amis, c’est la meilleure chose.

Possédais-tu déjà des machines anciennes ?

Non, à cette époque je n'en avais aucune, je pensais que le neuf était mieux. La première machine que j'ai acheté était une machine blanche toute neuve. Je pensais qu'il s'agissait d'une Juki, mais il y avait une erreur d'orthographe car c’était une fausse Juki qui s'appellait Juiki. J'ai donc eu celle-là et puis j'ai aussi eu une fausse machine à coudre d’une marque chinoise. Elle ressemblait à la Singer 81, mais elle était verte et je crois qu'elle s'appelait Flying Horse.

Cette machine, te permettait-elle de faire des pantalons ?

Cette machine était nulle, je l'ai littéralement utilisé une fois et je me suis senti stupide de l'avoir acheté, donc je ne l'ai jamais utilisé. La machine blanche, Juiki, est encore utilisée aujourd'hui. Je l'ai donné à un réfugié vietnamien en Thaïlande, et il l'utilise encore aujourd'hui.

Mais oui, il faut bien commencer quelque part. Ce n'est que lorsque j'ai vu des photos dans des magazines Japonais que j’ai commencé à comprendre. Ça avait l'air cool, et j’ai commencé à me dire, peut-être que je peux trouver ça, ou ça, etc...

Certaines machines sont très spécifiques, tu as besoin de celles-ci pour faire certaines choses, celles-là pour d’autres choses...alors tu cherches, pour trouver tous les types de machines possibles. Cette quête m'a toujours excité, et je continue encore aujourd’hui.

Ok, donc tu as fait des recherches pour fabriquer un jean à partir de rien ?

Oh oui, tout le temps. Il y a un type qui m'avait acheté le premier magazine japonais, Lightning magazine, tu sais. Et au dos, il y avait peut-être 3 ou 4 pages, c'était : “comment faire des jeans”.

Les éditeurs du magazine sont allés chez Flathead et ils ont pu fabriquer leurs propres jeans.À partir de là ils ont expliqué les différentes machines qu’ils ont utilisé.

Mais tout était encore en japonais, donc je regardais juste les photos, en espérant comprendre au mieux. Je n'avais pas de smartphone à cette époque, tu sais j'étais en retard à ce niveau là. Je ne faisais que regarder les photos et j'apportais le magazine au magasin en disant "Je veux cette machine" et ils me demandaient "Quel est le numéro du modèle ?", “Je ne sais pas, regardez-là, vous êtes le professionnel, vous la vendez ?”.

J'ai dû pas mal me débrouiller…je n’arrêtais jamais de chercher, j'essayais toujours de trouver la meilleure version, la machine de meilleure qualité et la plus ancienne...

Où as-tu trouvé le premier lot de vieilles machines, en Thaïlande ?

Oui, la toute première machine que j'ai eue, c'était la fausse machine de mauvaise qualité. La machine neuve, la table, le moteur, tout était à 20 dollars. Ce n'était rien, je voulais juste faire une affaire, alors je l'ai prise.

Mais le premier lot où j'ai eu cinq machines, provenait d'un magasin qui était assez proche de ma maison en Thaïlande, et qui vendait beaucoup de machines industrielles. Ce n'était pas le plus grand magasin, mais il était très proche de chez moi, alors j'allais toujours le voir et il m'aidait beaucoup. Même si au bout d'un certain temps, j'ai réalisé qu'il me trompait un peu avec les prix, mais peu importe, c'est la Thaïlande. Je suis un blanc, c'est tout, les blancs paient plus.

Avais-tu déjà acheté une “Union Spécial” à ce moment-là ?

Au début, je n'étais pas focalisé sur une marque spécifique. Je n'avais pas ce genre d'obsession mais je voulais juste des types de machines en particulier. Par exemple, lors de ma première commande de 5 machines, j'ai eu une machine à boutons et je voulais une machine Reece.

Mais il a fini par me donner une machine Durkopp, ce qui était bien. Ensuite j'ai eu une machine Brother pour attacher les boucles de ceinture et des choses comme ça. C'était une superbe machine, je l'ai donnée récemment, mais elle était géniale.

Puis j'ai acheté une Kanzai Spécial qui est l’équivalent d’une Union Spécial, mais la version japonaise. Elle est destinée aux passants de ceinture, mais je l'utilise pour beaucoup de choses différentes, car on peut y mettre trois aiguilles, deux aiguilles, une aiguille avec l'écarteur, sans écarteur, et tant de variantes différentes.

Puis j’ai acheté une Kanzai Spécial qui est l’équivalent d’une Union Spécial, mais la version japonaise. Elle est destinée aux passants de ceinture, mais je l’utilise pour beaucoup de choses différentes, on peut y mettre trois aiguilles, deux aiguilles, une aiguille avec l’écarteur, sans écarteur, et tant de variantes différentes.

— Ben Viapiana



Pourquoi as-tu décidé de te concentrer sur des machines plus anciennes, penses-tu pouvoir fabriquer de meilleurs jeans avec ?

Une chose à retenir est que les bonnes machines font de bons produits. Si tu as une mauvaise machine, il est difficile de fabriquer un bon produit.

Donc oui, j'aime les vieilles machines, mais j'essaie d'acheter le meilleur de ce que je peux trouver. Et tu peux le voir ici, j'ai plus de 100 machines, mais elles ne sont pas toutes en parfait état de marche. Parfois j'achète trois machines du même modèle pour les combiner en une seule, pour qu'elles soient parfaites.

Ici, j'utilise des machines datant de 1896 à 1991, je pense que c'est la machine la plus récente que j'ai.

Continues-tu à chercher à acheter de nouvelles machines ?

Je cherche toujours parce qu'il y a toujours des choses à trouver, mais l'herbe est toujours plus verte de l'autre côté, non ?

J'ai une machine et elle fonctionne bien, mais il y en a peut-être une autre avec une plus belle peinture ou qui a l'air un peu plus neuve, ou au lieu des deux aiguilles, il y a la version à trois aiguilles. Oh mon Dieu, c'est celle-là que je veux.

C'est une maladie, tu sais, mais j'aime cette maladie.

Est-ce qu’il te manque une machine en particulier ?

Non, j'ai à peu près tout ce dont j'ai besoin. Oui, il y a certaines machines qu’il serait super cool à utiliser, mais je n'ai jamais vu la plupart de ces machines en vrai, alors...

Et j'ai des centaines et des centaines de livres, de PDF et d'images de toutes ces entreprises différentes, et wow, il y a des machines folles là-dedans, mais je ne les ai jamais vues dans la vraie vie, donc bon.

Une chose à retenir est que les bonnes machines font de bons produits. Si tu as une mauvaise machine, il est difficile de fabriquer un bon produit.
— Ben Viapiana

Quand tu achètes la machine, est-elle livrée avec le moteur et la table autour ?

Parfois, tu peux trouver une machine complète avec la table, le moteur et tout le reste.

Mais mon espace est assez restreint, alors je prends généralement la tête de la machine, je construis ma propre table et je mets un nouveau moteur. Le nouveau moteur est un peu meilleur avec l'électricité, tu peux le contrôler plus facilement, et il est aussi un peu plus léger.

Et il y a aussi moins de risques d'incendie et autres. Les anciennes machines et les vieux moteurs sont pleins de poussière, peut-être datant de 1943, donc on ne sait jamais.

Quand tu en achètes une, tu la nettoie systématiquement ?

Non, non, je ne suis pas Arthur (rires). Vous savez, si la machine fonctionne et semble bonne, vous devez la nettoyer un peu, mais c’est tout.

Comment savoir si une machine fonctionne parfaitement ou non, il faut voir à l'intérieur non ?

Ce n'est pas nécessaire. Mais oui, quand je trouve une vieille machine, il arrive que la machine ne tourne même pas, comme si elle était bloquée, comme si la graisse était transformée en verre et qu'on ne pouvait pas la bouger. Et la plupart des gens la toucherait et dirait "c'est de la merde, elle ne bouge pas". Mais le vieux métal est bon, il est de bonne qualité.

Parfois, j'ouvre certains éléments pour vérifier, par exemple, s'il y a le pied et tous les éléments principaux qui font fonctionner une machine. S'ils sont là et qu'ils n'ont pas l'air complètement rouillés, alors il y a de grandes chances qu'elle puisse fonctionner à nouveau.

Comme la deuxième, juste là ; quand je l'ai eue, elle était couverte d'une sorte de poussière blanche bizarre et elle ne bougeait pas. On ne pouvait pas la faire tourner, on ne pouvait pas la tordre, rien.

Alors je l'ai huilé pendant quelques jours et je l'ai nettoyé un peu et quand j'ai commencé à la nettoyer, j'étais comme wow, la peinture est belle comme s’il y avait une chance de la sauver. Et une fois qu’elle commence à bouger un peu et que la roue tourne juste un peu, je me suis dit “OK, ça va marcher.” Je sentais que j’allais gagner. C'est en fait l'une des machines qui fonctionne le mieux.

Si vous laissez de l'huile dans la machine pendant trop longtemps et que vous ne la faite pas tourner elle va se “figer”. Donc une fois que tu l'as déverrouillé, c'est bon.

A l'époque tu as commencé à faire des jeans uniquement pour tes amis et après ça, quand tu as lancé ton entreprise, tu as commencé à faire ce que le client te demandait ?

Quand j'ai commencé, j'étais jeune. A partir de 16 ans, je faisais surtout des vestes avec du tweed, des doublures en soie et des choses comme ça. Mais ensuite, quand je suis allé en Thaïlande et que je faisais moins de vestes, j'ai commencé à faire plus de jeans. Et en Thaïlande, j'ai surtout fait des jeans, je dirais que 90% de tout ce que j'ai fait était des jeans. J'ai joué avec les matières comme le tweed. Je n'ai pas fait trop de Moleskine là-bas, mais juste des cotons et des matières de style workwear. Mais depuis mon retour au Canada, j’expérimente beaucoup plus différentes matières, les différences de température permettent de s’exprimer davantage, de proposer différentes matières.

J'utilise donc une variété de tissus différents, que ce soit du denim, de la moleskine, du chambray, des tweeds, de la laine, à peu près tout. Et puis je joue aussi avec différents types de vêtements.

En Thaïlande, c'était 90% de jeans, ici c'est peut-être 50% de jeans et les autres 50% sont des chemises, des vestes et des gilets.

Quand es-tu rentré au Canada ?

Il y a maintenant cinq ans, en décembre 2016.

Depuis ce jour, penses-tu être plus créatif ?

Un peu, je pense. C'est une question délicate, parce que ça dépend de mes clients. J'ai une idée, je veux faire quelque chose, mais si personne ne passe commande, à moins que je le fasse pour moi mais bon...

J'ai l'impression de faire beaucoup de choses nouvelles et excitantes, surtout depuis mon retour ici. J'ai l'occasion d'expérimenter avec différents vêtements, différents styles et différentes matières. C'est bien, c'est amusant.

Mais où trouves-tu ton inspiration quand tu fais une veste avec une couture particulière ?

Certaines des pièces les plus étranges que je fais, proviennent de vieux livres sur le denim ou de quelque chose qui a été breveté. Je n'essaie pas de le prendre directement dans le livre et de le reproduire, mais j'y mets ma propre touche.

Mais j’ai un client, il m'a montré, je pense 4 dessins dans un livre, et il m’a dit prends ces quatre idées et fais-en une veste et c'est là que j'ai eu l'idée de ce style veste. Il faut être un client courageux pour décider de choisir quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant.

La plupart du temps, c'est comme si je voulais un jeans Levis 501 datant de 1947 ou que je voulais un détail en particulier. Quand je fais un pantalon unique, d'autres personnes le voient immédiatement sur les réseaux sociaux et me disent que c'est-ce modèle là qu’ils veulent. Et quand ça arrive, c'est bien.

Donc tu peux faire tout ce que le client souhaite, même les idées les plus folles ?

Il y a des idées que je refuse. Par exemple, je ne veux pas broder des blasphèmes ou des gros mots. Si je pense que ça ne va pas être joli du tout, je ne le ferai pas. Si la forme qu'ils veulent est trop slim, je dirai NON.

Je veux que tu portes mes jeans le plus longtemps possible, et pas seulement pour une saison pour suivre la tendance.

Mais tu es plus spécialisé dans les vêtements de type “workwear” ?

J'essaie d'éviter l'idée que je suis juste un autre magasin de vêtements pour hommes, je veux apporter un savoir-faire et une valeur ajoutée en tant que tailleur.

Je fais des vêtements de travail, mais j'essaie d'y mettre une saveur différente parce que ça reste du sur mesure et peut-être que le sur mesure n'est pas le mot que tu veux employer. Mais tu viens, tu commandes, je fais un patron pour toi et je créer ton vêtement.

Bespoke et custom made, est-ce la même chose pour toi ?

Si tu cherches le mot "sur mesure" dans le dictionnaire, tu verras qu'il signifie "fait sur commande".

Mais ça dépend, combien d'essayages il te faut ? Si tu as besoin de plus de trois essayages, ça veut dire que tu es un mauvais tailleur. Si je peux obtenir ce que veut le client du premier coup, c'est peut-être que ça a quelque chose à voir avec mes compétences et non seulement avec la passion.

Mes prix reflètent aussi le fait d'être un tailleur et de bien faire les choses du premier coup. Si tu veux cinq raccords, je vais facturer cinq fois plus.

Quel est le vêtement le plus difficile à faire ?

Ce style est très difficile. Oui, c'est difficile, parce que quand tu fais un pantalon, l'ordre ne change jamais. Tu peux faire le dos avant, le devant après, mais quand tu l'assembles, il y a une manière spécifique. Si cette méthode n’est pas respectée, tu jettes tout par la fenêtre.

Pour celui-ci par exemple, c'est le client qui a dit "je veux ça" ?

Oui, oui, je sais qu'il l'a choisi après avoir vu les modèles et il a dit qu'il lui fallait celui-là. J'ai dit "bon sang, tu sais que c'est un modèle difficile à faire".

Est-il venu avec un dessin ?

Le premier client qui a commandé celui-ci m'a montré les trois ou quatre brevets du livre et il m'a dit "prends-les et fais une pièce avec ce dessin".

Depuis que j'ai fabriqué cette première pièce pour ce type, beaucoup de gens l'ont vue, car personne ne peut la fabriquer. Il n'y a pas d'autre marque qui fait ça, donc tu sais que d'autres personnes l’ont vu quand ils te disent “je veux celui-là”.

Et quand tu crées un vêtement, quel est le détail le plus important à conserver ?

C'est une bonne question, parce que lorsque tu es une entreprise comme la mienne, je ne fais pas 100 fois la même chose, c'est toujours différent. Donc chaque matériau que je touche va bouger différemment sous le pied de la machine.

Par exemple, je peux couper le même modèle, le même jean, 10 fois avec 10 matériaux, il sera différent au toucher, à la coupe, à l'aspect. Au lavage, il va rétrécir différemment, donc c'est très délicat.

Certains clients me demandent si je peux faire mon patron et garder leur nom dessus.

Parfois oui, mais parfois non, parce que cela n'a pas d'importance si vous commandez sept tissus, je vais changer la forme sur les sept, de sorte qu'elle soit à votre avantage.

Continues-tu à essayer de nouveaux matériaux, pour voir comment ils réagissent lorsqu’on les met dans la machine à laver ?

Après 17 ans de fabrication, à travailler le denim, j'ai une très bonne idée de la façon dont ce matériau va rétrécir, bouger, ou de ce qui va lui arriver lorsque je l'utiliserai. Mais oui, j'aime bien le tester un peu et c'est bien de toujours expérimenter avec de nouveaux matériaux.

Peux-tu dire aujourd'hui que tu es capable de travailler tous les matériaux qu’un client souhaite ?

J'aimerais dire oui, mais par exemple je n'utilise jamais de denim stretch, je ne veux pas toucher à ça. Pourquoi ? Je pense que c'est par principe pas fait pour moi.

Beaucoup d'entreprises utilisent le stretch pour le confort et la facilité d'ajustement. Ils font la ceinture du côté extensible, de sorte que n'importe qui peut l'ajuster entre une taille 30 et 34. Cela ne demande pas trop d'habileté. Quand tu viens ici, je veux te montrer que je sais ce que je fais, alors les clients choisissent la matière et je te montre comment je vais la travailler.

Quelle est la procédure à suivre si je veux un jean sur mesure ?

J'ai beaucoup de types de clients différents et il y a beaucoup de façons différentes de procéder. Parfois, il y a des gens qui viennent ici et qui disent "Ben, j'aime ce que tu fais, fais-moi quelque chose" et je me dis, pourquoi pas ?

Alors je demande : Est-ce que ce matériel te convient ? Est-ce que je peux faire des folies ou est-ce que vous voulez que ce soit très classique ? Et je pose des questions de ce type.

Parfois les gens me donnent une énorme liste de deux ou trois pages de notes avec des annotations partout, en me disant “je veux qu’ici ce soit comme ça, ici comme ça …" C'est bien aussi.

Mais je ne recommanderais pas d'être trop fou, parce que si vous mettez trop de détails sur votre première commande personnalisée, il y a tellement de choses que l’on peut regretter. Il est donc parfois préférable, pour votre premier, de choisir un vêtement classique. Si vous voulez acheter une chemise, choisissez une belle chemise boutonnée de type “OCBD”, concentrez-vous sur la matière et la coupe. Ensuite, lors de la deuxième commande, vous pouvez revenir et dire "pouvons-nous ajouter quelque chose ici ?", etc...

Ca peut-être changer le fil en rouge au lieu du blanc, ou quelque chose comme ça.

Travailles-tu uniquement avec de la toile selvedge ?

Je ne travaille pas seulement avec du selvedge, j'ai plein d'autres matériaux qui ne sont pas selvedge. Mais la matière selvedge, c'est sympa, ça a une histoire, c'est intéressant, c'est original, ça correspond au thème.

Encore une fois, je n'essaie pas de faire un vêtement de travail classique ou, pardon, un vêtement masculin classique. Si vous voulez un pantalon parfaitement ajusté, allez voir ailleurs. Je fais des jeans et des pantalons de travail. Tu sais, utiliser la toile selvedge c’est plus robuste, encore une fois, ça a une histoire. Donc c'est amusant d'utiliser un matériau qui va vieillir et bouger avec vous.

C'est une réponse très clichée, mais j'aime ça.

Cependant, est-il plus facile de travailler avec du denim selvedge ?

Non, mes machines sont réglées de telle sorte qu'il m'est facile de travailler avec du denim selvedge. Mais si quelqu'un me donnait un denim super stretch avec du lycra à l'intérieur ou quelque chose comme ça, mes machines ne fonctionneraient pas bien. Je devrais donc les recalibrer un peu pour qu'elles puissent mieux le gérer.

J'ai installé mon atelier de manière à ce qu'il fonctionne pour moi, pour ce que je fais. J'ai beaucoup de matériaux différents sous la main ou à ma disposition et je peux utiliser la plupart d'entre eux, tant qu'ils correspondent au thème.

Depuis le début, tu gères l'entreprise seul ou es-tu aidé par quelqu'un ? Ça a toujours été en solo. J'ai eu quelques personnes qui ont travaillé pour moi au fil des années.

En Thaïlande, j'ai eu le réfugié vietnamien pendant un petit moment, il était vraiment bien, vraiment utile. Il est super intelligent, je lui montrais une fois et il comprenait.

Et puis après son départ, j'ai eu un gars qui a travaillé avec moi pendant un petit moment. Sa famille possédait une usine de denim, donc c'était assez intéressant si j'avais un gros projet, je pouvais demander à l'usine de m'aider.

Pour ceux qui me suivent sur Instagram, vous avez sans doute vu lorsque j’étais en Thaïlande, j'avais posté quelques vidéos de cette usine, c'était amusant d'y aller et de la visiter.

Et maintenant, depuis que je suis rentré au Canada, j'ai eu quelques stagiaires. Mais, je n'embauche personne à proprement parler. Parfois, je demande à des amis de m'aider pour les retouches et les réparations, comme Jean de (@denim.custom.service).

Aimes-tu transmettre ta passion aux autres ?

Je ne cache pas mes connaissances. Honnêtement, je ne gagne pas assez d'argent pour pouvoir embaucher 3 ou 4 personnes. Je fais ça à plein temps, et je gagne juste suffisamment pour faire vivre une famille de quatre personnes. Citez-moi quelqu'un d'autre dans l'industrie du denim qui fabrique des jeans tout seul et qui le fait à plein temps, tout d'abord. Et est-ce qu'il subvient à ses besoins ou

à ceux d'une famille de quatre personnes ? Je suis presque sûr que je suis l'un des seuls. Ma femme ne travaille pas, mes enfants ne travaillent pas, donc je dois travailler dur.

Si je veux passer une commande, comment ça se passe ?

Vous pouvez soit venir dans mon atelier, soit acheter en ligne si vous vous sentez à l'aise avec certaines mesures. J'ai un guide de mesure en ligne, et si vous êtes toujours inquiets, vous pouvez toujours m'envoyer des photos de vous portant le jean que vous avez mesuré, ou des photos des mesures.

Mais oui, venir ici est toujours le moyen le plus facile de voir et de sentir la matière.

Et parfois, j'ai des accessoires supplémentaires que l’on ne trouve pas en ligne, comme des boutons, des rivets et des choses comme ça.

Maintenant, tu as des clients dans le monde entier ?

Oui, j'ai des clients à peu près partout, sur tous les continents. J'ai, par exemple, un client régulier qui fait cinq heures de route pour venir me voir, trois fois par an, au moins trois fois par an.

Quel impact a eu le COVID-19 sur ton activité ?

Je suis vraiment désolé pour tous ceux qui ont perdu quelque chose pendant cette période. Cependant, comme je ne suis pas une marque basée dans un centre commercial et que je n'ai pas de vitrine, j'ai pu travailler seul dans ma boutique. Et comme j'ai des commandes en ligne et une base de clients très généreux, ça va. Une autre chose à retenir : c'est que différentes parties du monde ont été touchées à des moments différents. Ainsi, lorsqu'il y a eu un blocage aux États-Unis, au Canada ou ailleurs, d'autres endroits ont acheté ; en février, par exemple, pendant le Nouvel An chinois, beaucoup de commandes sont allées en Chine, et différentes choses se sont produites à différents moments. Mais je m'en sors bien cette année, je ne peux pas me plaindre.

Quel est ton plan pour l'avenir, as-tu des projets ou des rêves ?

Aw mec, j'ai des espoirs et des rêves, mais c'est très difficile à réaliser. C'est très difficile de tout faire seul. Je ne sais pas. OK, donc par exemple, ce serait bien d'avoir quelques magasins.

Disons, par exemple, deux magasins en Asie, deux magasins en Europe, un magasin aux États-Unis et un magasin au Canada qui proposeraient une sélection de mes produits. Il n'est pas nécessaire qu'il y en ait beaucoup, mais ça pourrait être par exemple tous les trimestres, ils achèteraient 20 pièces et je ferais toujours du sur-mesure de mon côté.

Si j'ai un gros chiffre d'affaires, ou du moins si tous ces magasins vendent et que les prix du sur mesure augmentent un peu, j'aurai du temps pour expérimenter d'autres choses que je veux faire, peut-être des sweats à capuche, je ne sais pas.

Envisages-tu d'ouvrir un magasin avec une vitrine ou souhaites-tu garder ton "endroit secret" ?

Je veux une vitrine mais pas pour les clients, pour moi. En Thaïlande, j'avais un très beau magasin, avec de grandes vitrines, mais il était si loin dans la rue qu'il était très difficile d'y accéder et de le voir. Quand le client arrivait, il avait une vraie sensation de découverte. Quand tu le trouvais, tu avais ce sentiment de "WAAAAOOOOOOOOOO".

Je pense que c'est précieux pour une entreprise parce que si vous êtes dans un centre commercial, ou si vous êtes sur une belle rue, comme Queen St (célèbre artère de Toronto) ou autre, et que vous avez une belle façade, 1000 personnes passent devant chaque jour. Mais combien de personnes entrent ?

Personne. Peut-être 5 personnes sur 1000, on s'en fout. Mais si ta boutique est cachée, quand ils viennent, ils achètent quelque chose. Quand j'étais très jeune, je travaillais dans un magasin de skateboard et le directeur nous parlait toujours du ratio entre les clients qui entrent et ceux qui achètent. Et c'était toujours un mauvais chiffre. Dans le commerce de détail, ils entrent pour regarder, se curer le nez et mettre leurs mains sur les chemises et ils sortent. Ensuite nous devons nettoyer. Mais ici, c'est du un pour un. Si vous venez ici, vous obtenez quelque chose. Que ce soit une retouche ou un vêtement, les gens viennent ici et achètent quelque chose.

Mais où les gens peuvent-ils te trouver s'ils ne te connaissent pas ?

Ça peut être aussi simple que de chercher sur Google. J'ai beaucoup de gars qui tapent simplement "jeans sur mesure" sur Google ou "les jeans me vont mal, où puis-je trouver des jeans sur mesure".

Mais le meilleur moyen est le bouche à oreille, et j'ai beaucoup de gens qui parlent de moi sur Reddit ou ce genre de sites. Reddit est un endroit très dangereux, faites attention, mais ça s'est bien passé pour moi jusqu'à présent.

Si un client vient ici et ne connaît rien au denim ?

Je le scanne (rires). J'essaierai de lui enseigner du mieux que je peux. Je sais que l'information, c'est beaucoup parfois. J'essaie d'évaluer : combien ils veulent apprendre ? Et est-ce utile pour eux de tout apprendre en une seule fois ? Ou juste, je pense que vous allez aimer ça. J'essaie de leur offrir quelque chose qu'ils apprécieront.

Tu essayes de les éduquer ?

Je ne veux pas paraître grossier, mais ce n'est pas mon travail de les éduquer.

Mais je veux que les gens comprennent ce qu'ils achètent, alors j'explique ce dont j'ai besoin. S'ils viennent et qu'ils veulent un jean super lourd, mais que le jean qu'ils portent pèse 11 OZ, je ne vais probablement pas leur vendre. Parce que ça n'a pas de sens, ils ne vont pas l'aimer.

J'essaie donc, du mieux que je peux, de vous expliquer ce que vous allez obtenir sans avoir à perdre, des heures et des heures pour commencer à parler de la taille du fil ou aux outils pour droitiers ou gauchers, qui s'en soucie ? Tant que tu aimes le jean, ça devrait aller.

Pour toi, la chose la plus importante c’est de porter les jeans que tu fabriques ?

Oui, comme je te l'ai dit, la première fois que j'ai dû fabriquer des jeans, je ne savais pas ce qu'était le selvedge, je ne connaissais même pas les jeans. Je savais qu'ils déteignaient, mais je ne savais pas comment ils déteignaient. Je pensais juste à comment le fabriquer.

Je me souviens du premier jean qui m'est revenu après un an de port. Je l'avais fait pour mon voisin, et après un an, il est revenu et en a demandé un autre. Et j'ai dit "Allez, et celui que je t'ai donné ?" et c’était celui qu'il portait. Mais je ne l’ai même pas reconnu, il était tellement délavé. C'était un choc. L'idée, c'est que je ne connaissais pas grand-chose au début, mais ce n'est pas nécessaire. Tu dois juste savoir que tu aimes les jeans et si tu le mets et qu'il te va bien, ça devrait être suffisant, tu sais.

Tu peux toujours t'informer et en apprendre plus, mais...

Travailles-tu avec des designers ?

Non, pas vraiment. La plupart des gens, ils prennent juste mon design sur Instagram et le remixent un peu.

De nombreuses entreprises te copient ?

Je ne veux pas utiliser le mot copier, mais influencer ou inspirer. Ils doivent se dire, "oh c'est en fait assez fou", peut-être que nous pouvons le faire, mais en le modifiant un peu.

C'est délicat parce que je fabrique une pièce à la fois, chaque pièce est différente, donc j'ai beaucoup de temps pour expérimenter des choses et eux non.

Combien de temps faut-il pour fabriquer des jeans ?

Je dis généralement aux gens que je fais un jean par jour. Si j'utilise la même couleur de couture pour trois jeans, je peux probablement les coudre un peu plus vite parce que tout est similaire, mais oui, généralement, si on inclue la coupe, le changement de fil dans les machines, la préparation, le dessin du modèle, peut-être que cela prend une journée entière au moins, oui.

Merci Ben, as-tu quelque chose à ajouter ?

Je suis cool, et quand vous voyez quelqu'un avec la feuille d'indigo sur la poche arrière, c'est probablement moi.

Merci, mec.




 

La Teba de Justo Gimeno, un petit bijou espagnol

 
 
Texte : Marcos Eliades 
Photos : Thomas M


Charles-Édouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, avait une vision rationnelle de l’organisation architecturale de l’espace. Il fallait pouvoir faire plus avec moins, l'optimisation de l’espace est une obsession chez ce créateur visionnaire. C’est ainsi qu’il ordonne ses structures sur plan libre et imagine ses constructions comme une œuvre d’art totale: ses conceptions envisagent l’intégration de tous les équipements collectifs dans un seul et même bâti. C’est le début du postmodernisme et la rationalisation de l’espace urbain. Le Corbusier aimait le vêtement. Il était client notoire de la maison Arnys. Léon Grimbert, tailleur de la maison, imagine un jour une veste pour ce client si particulier. “Une élégante veste qui oublie le costume” se vantait Arnys en 2010, la “Forestière”. Une veste à pied de col sans rabat et poches plaquées, inspirée par celles portées par les gardes forestiers de Sologne. Si la maison a depuis disparu, l’héritage de cette veste reste intacte. 

Le vêtement est le produit historique de son contexte social, le désir d’extirpation de sa condition sociale et la recherche d’un confort sont souvent les catalyseurs. Cette veste hybride trouve son écho dans d’autres vêtements avant elle, notamment les vestes de chasses. C’est le cas de la veste Teba, une veste révolutionnaire.

Voici l’histoire d’un coup de cœur vestimentaire comme il s’en produit rarement dont la veste Teba de la maison Justo Gimeno est la protagoniste.

Décryptage.

Qu’est-ce qu’une veste Teba ?

La veste Teba tire son nom au 22ème comte de Teba, Carlos Alfonso de Mitjans y Fitz-James Stuart (1907 - 1997), petit-neveu de l’impératrice Eugénie. Meilleur tireur d’Europe disait-on, il se vit offrir par le roi Alphonse XIII (1886 - 1941) une veste taillée à Savile Row, qui - après quelques améliorations par un tailleur de la ville de Zarautz, dans le Pays basque espagnol - a traversé les âges.

Ma quête 

Comme beaucoup, après avoir exploré le monde casual et celui formel de ma garde-robe, je sentais qu’il me manquait un entre-deux. Je cherchais une veste qui soit un intermédiaire entre le décontracté et l’habillé. Je cherchais en somme une sorte de slack jacket urbaine. 

Ma fascination débute après un voyage en Andalousie en 2019 où tous les vieux messieurs élégants croisés dans la rue portaient avec style une veste si particulière. Je note le cran de revers arrondi caractéristique, des boutons aux manches, 4 boutons centraux et surtout une totale absence d’entoilage. Une veste entièrement déstructurée. C’était pour moi un must have. Je fais des recherches et me rend dans un magasin sévillan de costumes, j’apprends que c’est une veste dite “Teba” du nom du comte qui offrit cette pièce au roi Alfons XIII pour ses parties de chasse. Le vendeur m’indique que l’autre nom de la “chaqueta Teba” est “ la tiradora”, car on “tire” avec. Direction cette fois chez “El Corte Inglés” - équivalent des Galeries Lafayette en Espagne – je découvre que les Teba sont vendues comme des intemporels mais dans des tissus et coloris limités : coton/jersey et majoritairement bleu ou vert. Comme souvent, aucune taille ne pouvait satisfaire mon gabarit.

De retour à Paris, je me lance à la recherche d’une Teba, en vain. Je passe même commande chez un tailleur, mais le résultat n’est pas convaincant, je ne retrouvais pas la décontraction/désinvolture avec laquelle ces vieux messieurs Sévillans portaient cette chaqueta. Je passe aussi commande sur le site espagnol Lopez Aragon, mais là encore, la Teba manquait de quelque chose.

J’avais entendu parlé d’ateliers espagnols qui confectionnaient des Teba. Bel y Cia à Barcelone en fait partie, une maison qui confectionne des Teba en MTM - Made to Measure - mais à un prix beaucoup trop élevé. Je pousse mes recherches et finis par trouver la maison Justo Gimeno, à Saragosse. Je vois qu’ils sont distribués à Paris chez Beige Habilleur mais malheureusement les tailles proposées ne me conviennent pas…Justo Gimeno n’a pas de site internet, en revanche un compte Instagram oui ! Je les contacte…mon aventure avec Justo Gimeno peut enfin commencer.

Le genre de monsieur espagnol élégant que j’avais croisé lors de mon voyage en Andalousie.
Image dieworkwear.com

Une maison plus que centenaire

En 1885, Justo Gimeno Padrilla part d’Argentine pour se former en tant que tailleur en Espagne, il ouvre son premier atelier à Saragosse. 

Depuis quelques années, la maison collabore avec plusieurs marques, leur confectionnant des Teba (Merchant Fox par exemple en prime, dans des tissus exclusifs).

Justo Gimeno propose évidemment un service de mesure à Saragosse. Mais dans l’impossibilité de pouvoir s’y rendre facilement, je leur ai demandé s’il était envisageable d’effectuer du “remote Made-To-Measure”, soit de la demi-mesure à distance. C’est une démarche risquée lorsque l’on ne connaît pas bien ses mensurations, mais j’ai déjà commandé des costumes entiers en suivant ce principe (mes costumes et vestes Prologue Hong Kong par exemple !). 

S’ensuit un échange de mails avec la responsable commerciale. Je passe ensuite commande pour deux vestes : une en laine fresco bleue et l’autre en lin vert. 

La conquête

À la réception, je suis conquis. Les mesures sont parfaites, les vestes sont bien taillées. Justo Gimeno ne confectionne pas - à ma connaissance - des pantalons à distance. Pour cette raison, j’avais commandé un surplus de tissu fresco bleu afin de fabriquer un pantalon pour transformer cette Teba en costume. C’est chose faite avec Romain, de chez Ardentes Clipei.

Aujourd’hui j’ai plusieurs vestes Teba, toutes de chez Justo Gimeno. Les tissus proposés, le service, la qualité et le rendu sont incroyables. 

Je porte souvent une veste Teba en dépareillé mais je peux aussi la transformer en costume avec mon bas de pantalon en fresco bleu. Je la porte souvent au travail tel que photographié ici: une cravate tricot bleue, un OCBD flap pocket, des mi-bas et des belgian loafers de Crown Northampton. Rien ne m’empêche de troquer ces loafers pour des chaussures en toile par exemple. Car c’est bien cela l’avantage d’une tenue composée d’une veste Teba: tout est possible.

Une veste à part

Depuis le confinement (Acte I, mars 2020), notre façon de s’habiller a évolué. Moins de costumes, plus de confort. Mais confort ne signifie pas pour autant délaissement. Pour cette raison, je pense que la veste Teba est la pièce la plus attractive de ma garde-robe. Je la porte continuellement et en toutes occasions : travail, sorties et même à des mariages…j’ai continuellement des compliments et questions dessus lorsque je la porte, et j’y réponds toujours avec le même enthousiasme. Si vous n’êtes toujours pas convaincu, dites-vous que même James Bond a porté une veste Teba. C’était en 1989, avec Timothy Dalton dans License to Kill.

Où trouver une Teba à Paris/France ?  

  • Beige Habilleur (distributeur exclusif de Justo Gimeno en France)

  • Cifonelli

  • Artumès & Co

  • Artling

  • Berteil

Sur quels sites internet trouver une Teba ? 

  • The Armoury

  • Michael Jondral

  • Curzon Classics

  • Oliver Brown

  • Last of England

  • Bel y Cia

  • The Merchant Fox

  • Lopez Aragon

 

Qu’est ce que des manches de lustrine ?

 
 

C’est en lisant En chemise l'Art de la chemise publié en 1987 que nous sommes tombés sur une publicité mettant en avant des manches de lustrine.

Aujourd’hui totalement disparues, les manches de lustrine sont des accessoires amovibles en satin de coton noir, marron ou gris généralement maintenus par des brassards élastiques, qui étaient enfilés pour garder les manches et les poignets de chemise propres à une époque où le lavage était moins fréquent.

Celles-ci étaient généralement portés par ceux qui exerçaient une activité administrative afin de protéger leurs poignets et leurs chemises blanches des frottements répétés avec leurs bureaux - sleeves protectors en anglais.

C’est l’équivalent des rond-de-cuir très utilisés pour les pulls, cette petite pièce de cuir de forme ronde cousue au niveau des coudes pour en éviter l’usure prématurée. Par extension, l’expression rond-de-cuir désigne également les personnes excessivement sédentaires ou les employés de bureau.

Photo tirée du livre, En chemise l'Art de la chemise de Buzzaccarini

 

Alberto Magnani - L'hyperréalisme appliqué aux vêtements

 

Les vêtements sont omniprésents dans les toiles d'Alberto Magnani : cravates colorées, chemises élégantes, jeans, vestes et parfois chaussures. Dans la tradition du photoréalisme américain, ces objets du quotidien sont ravivés par le pinceau de ce peintre italien.

Son travail fait écho à celui de Domenico Gnoli dont la Fondazione Prada a récemment consacré une exposition.

Alberto Magnani est né à Arborea (Italie) en 1945. En 1965, il obtient son bac au lycée de Brera à Milan et visite les États-Unis pour la première fois en 1974. Au cours des années 80, il alterne entre de longues périodes de travail à New York et des passages dans son atelier italien à Induno Olona. Il a participé à de nombreuses expositions d'art en Italie, en Europe et aux États-Unis et a contribué à des projets de graphisme. Il vit et travaille à Varèse.

 

Trickers - Le plus vieux fabricant de chaussures britannique

Tricker’s

Le plus vieux fabricant de chaussures britannique

Note : à notre demande Tricker’s ont gentiment accepté de nous envoyer les paires que vous allez découvrir dans cet article

En 1935, le critique d’art Walter Benjamin publie L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Dans cet écrit philosophique, l’auteur Allemand pose la question de l’unicité de l’œuvre d’art : dans quelle mesure celle-ci demeure-t-elle unique lorsqu’elle est reproduite ? A ce titre, la question est de s’assurer que la reproductivité n’altère pas l’aura de l’œuvre. L’aura peut-être identifiée comme étant ce qui caractérise intrinsèquement l’œuvre ou l’objet. Pour Benjamin, plus une œuvre est reproduite, moins elle garde son unicité originale – nous pourrions même parler d’authenticité. Ainsi, l’icône orthodoxe garde son aura en ce que chacune d’elle est unique. A l’inverse, elle l’a perd lorsqu’elle est reproduite en masse à travers les médiums de la photographie ou de l’imprimerie. 

Marcel Duchamp ira d’ailleurs à contre-courant de cette idéologie en employant des ready-made dans son Œuvre. Des objets du quotidien – reproduits en masse – deviennent art, réfutant la théorie de Benjamin. 

En adhérant à cette vision, nous acceptons non plus d’être détenteur d’une œuvre originale mais d’un savoir-faire unique. Il en est ainsi pour le monde de l’habillement, certaines marques sont le produit d’une maîtrise technique séculaire. C’est le cas de la marque anglaise de souliers Tricker’s, fort d’un héritage de 193 ans.

L’usine Trickers de Northampton
Image trickers.com

Décryptage.

Joseph Barltrop fonde R.E. Tricker & Co en 1829, alors maître bottier âgé d’à peine de 19 ans. À sa mort 50 ans plus tard, la marque passe dans les mains de son gendre, Walter James Barltrop. C’est lui ouvert la voie des chaussures et bottes imperméables qui font la renommée de Tricker's aujourd'hui. Les fameuses Country Boots typiquement anglaises. Elles ont été conçues pour être utilisées à la chasse, en forêt ou pour tout autre activité en zone humide. Alors que de nombreuses marques se sont éloignées de ce style, Tricker's est restée fidèle à son ADN, pour le grand plaisir de tous les Gentlemans qui veulent rester élégants en toute circonstances.

Plus de 5 générations plus tard, la marque est toujours dans le même giron familial. L'usine actuelle de Tricker’s qui a ouvert ses portes en 1904 est située au 56-60 St. Michael's Rd, Northampton. Toutes les paires Tricker’s y sont fièrement fabriquées.

Symbole de ce savoir-faire exceptionnel, Tricker’s dispose toujours d’un service bespoke. Une volonté de maintenir les anciennes méthodes de fabrication de chaussures de Northampton. Un service qui attire également les nouvelles générations d’artisans, telle que Adele Williamson qui a fait ses armes aux côtés de Scott McKee - un célèbre bottier de Tricker’s - et qui dirige maintenant les équipes sur-mesure Tricker’s.

Autre symbole d’excellence, Tricker’s détient depuis 1989 un “Royal Warrant” accordé par le Prince de Galles. Il s’agit d’un système en place depuis le 15ème siècle qui permet de reconnaître officiellement les fournisseurs de haute qualité. A titre d’exemple, Corgi, Turnbull & Asser ou encore Barbour en sont également titulaires.

Pas étonnant donc que le Prince Charles dispose de ses propres chaussures sur-mesure Tricker’s !

La vidéo ci-dessous illustre parfaitement toute l’histoire de Tricker’s et de ses savoir-faire. Leurs formes (shoe last en anglais) sont d’ailleurs fabriquées par Spring Line dont on avait déjà parlé ici, le dernier fabricant de formes en Grande-Bretagne.

En plus des classiques country, Tricker's est également connu pour ses collaborations avec les plus belles marques telles que Margaret Howell, Junya Watanabe et Engineered Garments.

Il était donc logique que nous parlions de cette marque (presque) deux fois centenaire. Pour ce review, nous avons choisi les modèles Daniel et Bourton, un iconique.

Le Bourton - un bestseller depuis plus de 70 ans

S’il y a bien une marque qui peut se vanter de produire des chaussures rustiques, c’est bien Tricker’s. Le modèle Bourton est toujours monté à Northampton dans un cousu Goodyear storm welt, ce qui signifie que la semelle extérieure est encore plus protégée en cas d’évènements pluvieux. Plus de 260 opérations sont nécessaires pour fabriquer une telle paire !

Il s’agit de la derby brogue qui, à notre sens, est parmi les plus reconnaissables aux pieds des amateurs. Le bout est rond et généreux, exactement comme nous l’aimons. Le last ou forme, est la 4444 - qui voit le jour pour l’ascension au trône du roi Georges VI -  taille légèrement plus large que les autres chaussants traditionnels, c’est pour cette raison que Tricker’s conseil d’opter pour la demi-pointure inférieure (au lieu d’un 8 UK, choisissez un 7.5 UK). Mais pour autant, ce n’est pas une science exacte, le mieux est toujours de pouvoir essayer la paire avant l’achat.

Le cuir de notre modèle est noir, il a la particularité d’être bookbindé. Cela signifie qu’une couche de polyuréthane y a été appliquée pour le rendre imperméable. Si certains n’aiment pas ce cuir si particulier car il a tendance à marquer lors du vieillissement de la paire, nous pensons qu’un entretien régulier d’un liquide réparateur Saphir ainsi que des embauchoirs permettent de prolonger la durée de vie de l’ensemble. 

Quand et à quelles occasions porter la Bourton ?  Nous dirions tous les jours mais quand il ne fait pas très chaud. Et si la pluie se fait sentir, la Bourton ne vous fera pas défaut.

Nous aimons les associer avec un costume bleu marine, un pantalon habillé mais moins en jeans - nous réservons cette option pour l’autre modèle ci-dessous, la Daniel. Nous la portons ici avec un pantalon en flanelle bleue, une OCBD vanille et une veste en laine à motifs Prince de Galles par nos amis Prologue.


Mais la Bourton reste très polyvalente, et vous pourrez facilement l’associer dans une tenue plus casual.

LA DANIEL - LégÈrE, flexible et moderne

La Daniel est une chaussure derby classique à 4 œillets au style minimaliste et à l’apparence robuste. C’est très clairement une chaussure tout terrain qui ira parfaitement dans tes tenues formelles et décontractées.

La première chose que l’on remarque en l’essayant, c’est son poids ! Elle est massive et pourtant si légère. Cela vient d’une part de la semelle Vibram Vi-Lite qui a un un look de semelle commando robuste tout en étant extrêmement légère et moelleuse.  La construction sans semelle intermédiaire qui fait office d’intercalaire permet également d’enlever du poids et d’ajouter de la flexibilité sans trop compromettre la qualité ou la durabilité. 

Cette paire est également moderne par le cuir qu’elle utilise. Un cuir Olivvia exclusif à Tricker's et qui est tanné à l'aide de feuilles d'olive. Ce cuir au tannage végétal est réalisé en partenariat avec Wet-Green et Weimheimer Tannery.

Où les trouver ?

La marque possède deux magasins, un à Londres sur Jermyn Street et un au Japon. À Paris on vous conseillerait d’aller chez Royal Cheese.

Enfin en ligne vous pouvez commander directement sur leur site ou via des revendeurs tel que Mr Porter.

DES INDISPENSABLES

Nous aimons les souliers de qualité, bien finis et esthétiques. Tricker’s remplit ce cahier des charges parfaitement. Northampton étant la « leather belt » du Royaume-Uni, nous sommes très honorés d’avoir pu écrire sur une deuxième marque de cette région, confirmant nos premières intuitions : ces chaussures sont bien faites, robustes et stylées.

 

Tenue des lecteurs #7 - Tanguy

Tenue des lecteurs

Tanguy @kerloazdiary

 
 

La très très grande majorité des vêtements qui évoluent sur moi ont déjà connu une ou plusieurs existences. Comprenez : je n'achète que de la seconde main depuis mes 15 ans.

Dans un printemps qui s’ouvre lentement mais sûrement, voilà que mon dévolu se jette sur une palette de tons flegmatiques mais jamais austères.

Le pardessus est un prêt-à-porter Franco Prinzivalli (ex élève de Mario Donnini) fabriqué au Japon. Sa laine légère en fait un partenaire de choix au milieu du yoyo climatique des changements de saison. Je le rince depuis X années et il m'accompagne partout.

Je porte une veste droite sortant des ateliers St Andrews, discret sous-traitant transalpin oeuvrant pour plusieurs maisons connues. Appréciant peu les épaules molles et les constructions déstructurées, l’alphabet de la maison me « cause » : je suis un inconditionnel de l’armature de leurs vêtements, à la fois robuste et légère, qui favorise un tomber net et précis et pousse votre torse comme votre dos à embrasser le tissu en toute quiétude. Ce dernier est une laine froide à l’armature assez dense.

Même si j’apprécie les bleus « pêchus » et clairs (sur les autres), je reconnais que mes sept blazers sont tous coupés dans des liasses plus obscures…Notamment ce bleu nuit profond qui m’envoûte quand je le redécouvre le matin. Un accessoire précis, comme un bouton de corne, de nacre ou doré, et le tissu chatoie hiver comme été. Ici, la pochette de lin blanche héritée d’aïeux remplit ce rôle.

« Du masque et de l’apparence, il n’en faut pas faire une essence réelle, ni de l’étranger le propre. Nous ne savons pas distinguer la peau de la chemise. » écrivait Montaigne dans ses Essais. Si l’habit a tout de politique dans nos sociétés humaines, ma chemise de coton n’est surtout qu’un modeste vestige provenant des vieilles collections de chez Luciano Barbera. Elle est une seconde peau, en raison de sa coupe d’abord, mais également du fait de ce marron cannelle qui s’insère naturellement dans beaucoup de mes mises. Je suis fanatique de Prince-de-Galles par les jeux que ce motif permet notamment lorsqu’il s’agit de chemiserie. J’affectionne particulièrement celle-ci, même si son précédent propriétaire avait le bras moins long que moi.

J’use allègrement mes vêtements. J’entends certains connoisseurs répliquer qu’un vêtement bien fait ne s’use pas : il s’amorti. Ce pantalon marron glacé ne déroge pas à cette loi. Acheté il y a plusieurs années, il est griffé Vigano qui s’avérait être un méconnu mais bon pantalonnier d’Italie (pour varier). La trame de cette laine froide n’a toutefois pas échappé, sur certaines zones, aux rustines imposées par l’usure du temps. Les vêtements doivent respecter les axes du corps et celui-ci flotte comme il se doit autour d'un corps en mouvement.

Mes mi-bas - neufs, à l’instar de tous mes sous-vêtements - sont signés Archiduchesse et font écho aux carreaux fenêtre de ma chemise. C'est donc l'instant "pêchu" de la tenue, pour ceux qui ne l'avaient pas vu.

Les souliers proviennent quant à eux de chez Tricker’s. Le cuir « ramasse » constamment et la ligne n’est pas des plus racées, mais j’estime que leur allure est encore fière. Et la teinte de la peau « matche » avec la chemise. Surtout, ce sont des pantoufles.

Concernant les accessoires, ils se résument ici à deux pièces : ma paire de lunettes Paul Smith (que vous ne verrez pas) avec ses verres solaires marron fumé à clip, façon général autocrate d’un État du pourtour méditerranéen, et cette montre LIP cal. R25 qui souffle ses 60 bougies. Le bracelet d’origine ayant lâché cette année, j’ai récemment opté pour un modèle acier façon « Breitling Gainsbourg ». Je ne sais toujours pas si c’est un choix plus juste qu'hasardeux mais ça me change : le plaisir est aussi dans le changement. "

 

Fumagalli 1891 - L’un des premiers fabricants de cravates d’Italie

 
 

C’est un feuilletant quelques numéros d’Adam, la revue de l’homme , que nous sommes tombé sur la marque Fumagalli 1891.

Fumagalli est à ses débuts une usine de tissage, Fumagalli & Pianca. Elle a démarré à Milan en 1891, sous la direction de Germano Fumagalli.
Dans le Milan de la Belle Epoque, Attilio Fumagalli, guidé par le désir de créer un nouveau produit dans la tradition textile familiale, lance la production de cravates en grenadine et de robes de chambre en soie.

Une petite révolution. Fumagalli fut l'un des premiers à installer en Italie des métiers à tisser en bois en provenance d’Angleterre et capables de produire des tissus grenadine.

Le tissu grenadine ou "Garza a giro inglese" (gaze anglaise) en italien, est tissé dans une armure spéciale également appelée "Leno weave". Alors que pour un tissu toile classique les fils de chaîne (verticaux) et les fils de trame (horizontaux) se croisent de manière alternée, pour la grenadine un autre fil de chaîne se rajoute à cet entrecroisement. On obtient alors le tissu grenadine qui ressemble à une gaze fine : il est transparent et laisse passer la lumière.

Les cravates en grenadine ne sont pas seulement produites en soie, mais elles peuvent être tissées en laine, cachemire, soie shantung brute ou avec des mélanges. Les cravates en grenadine se déclinent principalement en deux variétés appelées  garza fina et garza grossa, dont l’une à une texture plus visible que l'autre.

Aujourd’hui les tissus utilisés pour les cravates Fumagalli principalement fabriqués chez Fermo Fossati 1871, une pépite de la région de Côme. Il s’agit de la plus ancienne usine de fabrication de tissus en soie d’Italie. Elle est spécialisée dans la production de tissus de cravates mais réalise aussi des accessoires pour le monde de la mode et du luxe : écharpes, foulards et pochettes.

Quant aux cravates Fumagalli, si elles sont toujours faites main, il n’est pas précisé si la marque possède toujours son propre atelier de fabrication.

Les belles cravates pour le printemps
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La maison Anthime Mouley
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Quelques mots sur Fumagalli
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Les tissus de cravate de Fumagalli sont principalement fabriqués chez Fermo Fossati 1871
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Cravate Fumagalli 1891

Cravate Fumagalli 1891

 

Les chaussures en raphia, qu'est ce que c'est ?

 
 

Les chaussures en raphia sont des chaussures dont la tige est fabriquée à partir de raphia, une fibre naturelle obtenue à partir de la feuille d'un palmier originaire de Madagascar, le raphia ruffia (Raphia farinifera). Utilisé depuis des siècles pour d'autres applications, notamment les sacs, les ceintures, ou autres accessoires, les chaussures en raphia ont connu un nouvel essor ces dernières années.

Le tissage du raphia est un savoir-faire typiquement marocain qui se transmet de génération en génération dans certains villages isolés du Maroc. Pour fabriquer une paire de chaussures en raphia, il leur faut souvent plus d’une journée.

En plus d’être résistante, le raphia est une matière extrêmement souple. Et grâce à son tissage particulier, elles sont idéalement ventilées. Cela rend ce type de chaussures parfaites en été.

Où en trouver ?

Chez Solovière cette saison pour un modèle moderne fabriqué en Italie ou chez NoManWalksAlone pour des chaussons typiquement marocains réalisés avec El Karti, un artisan basé dans la ville côtière d'Essaouira, connue pour ce type d’artisanat particulier.

 

Apple T-Shirts: A Yearbook of History at Apple Computer

 

Redécouvrir l’histoire d'Apple à travers le prisme des t-shirts.

C’est que permet Apple T-Shirts, un livre qui retrace les t-shirts conçus et portés par les développeurs, les ingénieurs logiciels, les commerciaux et les organisateurs d'événements chez Apple Computer au cours des près de 20 ans qui ont précédé la publication du livre en 1997.

Plus de 1000 modèles de t-shirts sont exposés dans ce livre.

Chaque t-shirt raconte une petite histoire de la vie d’Apple, d’un projet ou d’un évènement particulier.

Sans oublier les t-shirts qui marquent la rivalité avec Microsoft et IBM. Apple contre le monde. Apple contre lui-même parfois.

Lien vers le livre en cliquant sur l’une des images.

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I.B.M - I BUILD MACS
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