P.Johnson - Showroom Londonien

 
les indispensables paris patrick johnson tailor london londres

P.Johnson

Visite de leur showroom londonien, 51-52 Rathbone Place

 
 

PREMIERE IMPRESSION

Le rendez-vous était fixé à 15h. On arrive un peu en avance. John Glass, le responsable de ce showroom, nous accueille et nous propose à boire. Ce qui nous attire au premier abord, c'est le design des lieux. La plus belle boutique londonienne à ce jour. Enfin à notre - humble - avis.
Peintures Antoni Tapies, armoire Piero Portaluppi, tapisserie ancienne, cabinet Cees Braakman, chaises Le Corbusier...Le tout s'accorde à merveille. Le sol en toile de jute fait aussi son petit effet. Très agréable. Bref, on est conquis. Les beaux volumes n'y sont sûrement pas étranger non plus. John nous précise d'ailleurs que le sous-sol est encore plus grand (en surface), permettant à quelques apprentis de travailler (parmi les 4 membres de cette équipe londienne) mais aussi d'avoir un bon stock.

Chaises Le Corbusier LC7

Chaises Le Corbusier LC7

Comme précisé dans l'un de nos précédents articles,  c’est la femme de Patrick Johnson - designeuse reconnue sur le continent Australien - qui a réalisé l’intérieur de cette boutique. Aucune ne se ressemble vraiment, elles ont toute un style particulier, même si des points communs se dessinent. Les boutiques de leur autre marque (SuitShop) affichent un design beaucoup plus froid et artificiel, que personnellement on apprécie moins.

 

PRÊT A PORTER

On commence par là. Les pulls en laine mérinos en premier lieu. Patrick ayant passé son enfance dans une ferme d'élevage de moutons (l’Australie est le premier producteur mondial), il était donc assez naturel qu'il s'intéresse à cette matière. Une laine superfine est utilisée, du Super160. John m’a confirmé, son polo en témoin, que celle-ci était certes très fine, mais restait relativement résistante et ne boulochait quasiment pas. Plus les fibres sont longues et moins elle se cassent. Plus de 2 années qu’il porte le sien avec satisfaction. Et souvent sous des costumes. Une association qu’ils aiment beaucoup et qui match parfaitement avec leurs costumes dépareillés. 
Ce travail sur la laine les a aussi amenés à être récompensés par le Woolmark Prize, un prix qui récompense les nouveaux créateurs, notamment pour leur utilisation de la laine.

Ces pulls et polos sont fabriqués en chine, comme quelques autres pièces de leur collection de Prêt-à-porter (tous les détails sont précisés ici). Celle-ci est majoritairement composée de pièces casuales. Mais si vous avez besoin d'une chemise formelle, ils en ont en stock. Tout n'est pas exposé.
Et si vous voulez savoir à quoi elles ressemblent, aller faire un tour sur MrPorter et Barneys.  En sachant que les mêmes pièces en boutique sont globalement moins chères.

On a par ailleurs noté quelques détails sympas  : boutons en nacre pour les chemises ou encore présence d'un élastique permet de resserrer la taille. La partie en accordéon n’est visible qu'à l'arrière. La face avant du pantalon reste très net. Illustration en image ici.

 

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SUR MESURE - A LA FRONTIERE ENTRE TAILORING ET DESIGN

P.Johnson est avant tout une marque qui propose une certaine esthétique. Épuré, légère et confortable, le tout fabriqué dans des couleurs assez neutres. Un peu dans la même veine qu'un Stoffa. Sans doute une des raisons ayant poussé la marque à changer de logo, passant de P.Johnson Tailors à P.Johnson, coupant ainsi court aux polémiques sur la qualification nécessaire (et supposée) pour conseiller le client et prendre les mesures. Vendeurs vs tailleurs si l'on caricature.

90% de leur offre reste centrée sur les pièces sur-mesures (on peut inclure leur prêt-à-porter retouché dans ce cas).
Depuis le rachat d'une usine Italienne à proximité de Carrare, leurs lignes Classiques, Roma, Napoli (par Orazio Lucinao) ont disparus. Tout est fabriqué au sein de leur usine à présent. Un contrôle totale de l'ensemble de la chaîne de production qui devraient leur permettre de pousser encore plus loin l'expérience client. On a pu lire dans une interview que Patrick Johnson souhaitait raccourcir les délais de production à 3 semaines, ce qui est très ambitieux !

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On a pu essayer leurs costumes. Des modèles sont présentés afin de vous faire une meilleure idée du résultat final.  On a été très emballé par le costume le plus léger de leur gamme. Car oui, vous pouvez choisir entre plusieurs type d'entoilages en sachant que le plus lourd reste très léger. L'équivalent de ce que font les tailleurs napolitain. Autant vous dire que c'est les costumes les plus légers qu'on a vu jusqu'à présent.
Vous nous direz quel intérêt de payer un costume à un certain prix s’il est entièrement déstructuré…car c’est bien ce travail d’entoilage qui demande savoir-faire, patience et qui coûte cher. La question mérite d’être posée et on n’a pas forcément la réponse.

Pour ce qui est de la coupe, on ne saurait trop s'avancer n'ayant pas pu essayer de costume à notre vraie taille ce jour là. De ce qu'on a vu, elle est résolument moderne. Porche du corps et relativement courte. Mais sans jamais en faire trop. Alors oui il s'agit de sur-mesure, donc vous pouvez avoir la coupe que vous souhaitez. En théorie. Car en pratique, les retouches peuvent s'avérer compliquées si elles s'éloignent trop du patron initial. 

Hormis quelques tissus exclusifs à P.Johnson, les possibilités sont classiques, de Solbiati à VBC en passant par Loro Piana. Y compris les célèbres tissus brevetés Loro Piana Storm System qui sont respirants et imperméables. Histoire d'avoir un costume vraiment fonctionnel. Le coût ? 1500£. Des pardessus sur-mesure seront également disponibles cet autonome.

Pour le reste, pas de nouveauté avec ce qui existe sur le marché : choix des boutons possible, plusieurs types de revers (voir ici) ect...

Au niveau des pantalons, on a beaucoup aimé un modèle en coton japonais de 320g. Une pure merveille, très épais il tombe bien droit. Il est également assez duveteux, presque comme de la moleskine.  Disponible en vert forêt, beige, belu marine...
Son prix ? 265£ retouches comprises. Soit le prix de départ de ce qu'ils proposent pour les pantalons. Si vous prenez un autre tissu, ça devrait vous revenir beaucoup plus cher. 

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En somme, si vous êtes à Londres, on vous conseille d'y faire un tour. Ne serait-ce que pour le design du showroom.

 
 

Patrick Johnson Tailor - Le sommet de la légèreté

 

Comme vous le savez, ça fait plus de 10 années maintenant que l'on s'intéresse aux vêtements masculins. Et forcément, plus le temps passe, plus il est difficile de s'émerveiller. Pourtant il existe quelques marques qui nous enthousiasme encore. Patrick Johnson Tailors en fait partie. 
On a commencé à parler de cette marque dans cet article sur Londres. 10 années qu'on les suit. Et pour cause, ils réunissent tout ce qu'on aime : des vêtements légers, confortables, bien coupés, dans des matières peu courantes et vendus dans un cadre agréable.

P.JOHNSON TAILORS

Revue détaillée

 

Historique

Patrick Johnson, le fondateur éponyme Australien a d'abord fait des études d'œnologie à l'université d'Adélaïde dont il est sorti diplômé. S'en  survivra une carrière autour du monde. Pour la petite anecdote, c'est sur les bancs de cette école qu'il rencontrera son bras droit actuel, Tom Riley. 
Pourquoi l’œnologie ? Parce qu'en Australie méridionale, quand vous vous ne savez pas quoi faire, vous finissez souvent médecin, avocat ou vigneron.
Mais c'était avant de devenir allergique aux dioxyde de souffre, fréquemment utilisé dans la fabrication du vin (les fameux sulfites utilisés pour la conservation du vin). Patrick a même fait un séjour en France, la dernière chance qu'il s'est laissé, pour finalement se rendre compte que ce n'était pas fait pour lui. Une demi-déception, car ce n'était en fin de compte pas une vraie passion.

Quand on y pense, son métier d'oenologue n'est pas si éloigné de son travail actuel :

  • contrôler le travail artisanal effectué dans leur usine de Carrare | contrôler la production de vins
  • exercer quotidiennement son goût, trouver de beaux accords |  déguster des vins
  • vendre des costumes |  commercialiser des vins

Il décide donc de se reconvertir dans un domaine qui le passionne depuis sa jeunesse : les vêtements. Son beau père n'y ait sûrement pas étranger. Il possédait un vestiaire bien fourni, notamment des costumes bespoke issu de Savile Row où il se rendait 3 fois par an.
Patrick décide de prendre la direction Londres (où son frère fait ses études à Cambridge)  pour suivre les cours de la célèbre école de mode Central Saint Martins. Le tout en travaillant à côté pour pouvoir la financer. Et notamment pour Robert Emmett, un émigré australien qui a fondé une boutique de chemise sur-mesures. Il y a travaillé 7 ans en tant qu'apprenti et a notamment passé beaucoup de temps avec lui dans les ateliers de Naples ou de Parme.

 
J’avais un grand respect pour le tailoring (le façonnage) anglais, mais j’étais beaucoup plus porté sur l’Italie. J’ai passé beaucoup de temps avec Robert Emmett dans des ateliers à Naples et à Parme et il y a beaucoup de techniques différentes que j’adore dans la confection italienne. C’est une manière réellement différente de penser le rapport aux vêtements : là où les Britanniques sont un peu rigides dans leur façon de penser, les Italiens vivent dans leurs vêtements et ont un style de tailoring plus léger. Les Italiens s’habillent d’une manière décontractée qui est vraiment pertinente et moderne.
— PATRICK JOHNSON IN theweekendedition.com.au
Quand je suis venu chez Robert Emmett, j’étais un étudiant en mode qui pensait que Helmut Lang était la meilleure chose au monde. (rires) Mais il n’a jamais critiqué tout ce que j’ai fait, même s’il ne l’aimait pas. Il m’a laissé trouver mon propre chemin. Une autre chose que j’ai appris de Robert était de ne pas être pressé : patientez, prenez votre temps et faites de votre mieux à chaque fois.
— Patrick Johnson in theweekendedition.com.au

 

L'ADN DE LA MARQUE

Tout a commencé en 2008. Après ses études en Angleterre, Patrick décide de retourner en Australie et adapte la confection de ses costumes au climat australien, à savoir relativement chaud ! Le bouche à oreille fonctionne. Des trunkshows se créent. Puis des showrooms ouvrent leurs portes : 2 à Sidney et 2 à Melbourne. L'entreprise grandit de manière organique. Et toujours sur leurs fonds propres. Aucun d'emprunt ni de levés de fonds. 
En 2015, un showroom est ouvert à New York. S'en suivra un à Londres.

Le Design des showrooms est imaginé par la femme de Patrick : Tamsin Johnson. Une des architectes d'intérieurs les plus talentueuse d'Australie. Et pour avoir visité leur showroom londonien, je confirme. Ils sont aussi beaux en vrai qu'en photo.

Je voulais un espace différent des tailleurs classiques, un espace où les gens ne seraient pas trop intimidés. Nous sommes australiens, donc ça serait un peu forcé pour un tailleur australien de 30 ans de prétendre qu’il est anglais avec un intérieur tout en bois foncé traditionnel. Mon épouse, Tamsin, est designer d’intérieur et c’est elle qui imagine nos showrooms - je suis son pire client parce que je suis exigeant et que je ne paie pas.
— Patrick johnson in theaustralian.com.au

Sa femme et lui aiment beaucoup l'art moderne. Cela se ressent donc dans leurs showroom mais aussi dans l'esthétique de leurs vêtements. Toujours très nets, sans fioritures.
Des inspirations que l'on peut également retrouver sur le compte instagram de leurs 2 marques (PJT & Suitshop).
Orienté peinture pour PJT avec des artistes célèbres -Henri Matisse, Cy Twombly, Pablo Picasso- à d'autres plus confidentiels - Etel Adnan, John Zabawa...-.
L'univers de Suitshop est plus ancré vers les designers et architectes modernesLudwig Mies van der Roh, Dieter Rams...

Instagram P.Johnson Tailors

Instagram SUITSHOP

Nous aimons soutenir les jeunes talents locaux. Nous n’achetons pas sur le marché secondaire; Nous n’achetons que des artistes ou des galeries qui les supportent. Notre génération est très heureuse de tout dépenser dans une maison, une voiture, une montre, mais quand il s’agit d’une œuvre d’art ... Un de mes amis est membre de la galerie d’art de Nouvelle-Galles du Sud, il est très jeune et nous aide dans cette voie. C’est un champ de mines. Si vous pensez que venir et réaliser un costume sur-mesure est intimidant, aller dans une galerie est beaucoup plus intimidant. Il est agréable d’avoir quelqu’un qui vous prend la main - un peu.
— patrick johnson in theaustralian.com.au

Vous l'avez sans doute compris en lisant les paragraphes précédents, la philosophie de la marque est de proposer le meilleur du savoir faire traditionnel italien réactualisé au contexte moderne. L'idée est de concevoir des costumes aussi légers (les plus légers du monde !) et confortables que des pyjamas. Chose très difficile à trouver sur le marché actuel. Ils comblent un vide qui manquait cruellement. 
Très franchement, cela fait d'eux l'une des plus belles marques du monde. Ils arrivent à innover tout en s'appuyant sur le savoir-faire existant.

Leur approche client également est très moderne et responsable. Aider les hommes à se créer un vestiaire cohérent, avec peu de pièces mais des vêtements durables et qui match tous ensemble. Consommer moins mais mieux. Et sur le long terme. Ne pas avoir 36 tailleurs, afin de pourvoir construire une relation et une réflexion sur le vestiaire de chaque client.

Venir chez un un tailleur est une expérience très inconfortable pour beaucoup d’hommes. On ne pense pas forcément aux hommes ayant des problèmes corporels, alors qu’ils en ont souvent. Ils ont été dans des magasins avant où ils ont été arnaqués et ils voient un petit gars comme moi avec les cheveux lisses, en arrière et un pantalon serré...Nous leur faisons savoir que nous les écoutons, que nous concevons des vêtements pour eux, en lien avec leur personnalité, leur style de vie, leurs besoins. Nous sommes là pour obtenir le meilleur résultat possible pour eux.
— PATRICK JOHNSON IN THEAUSTRALIAN.COM.AU

 

FABRICATION

Au commencement, en 2008,  3 types de confections étaient disponibles selon le niveau de finitions : Classique, Roma et Napoli. Les deux premiers étaient confectionnées en chine et la dernière option en Italie, à partir de 3500$ à l'époque. 

A présent, c'est uniquement leur marque Suitshop qui fabrique en chine. Des costumes dans le même esprit à moins de 1000$ selon le tissu choisi. Avec la possibilité de recommander en ligne une fois votre patron défini.
Les produits de P.Johnson Tailors sont quant à eux uniquement fabriquées en Italie à la main depuis le rachat de l'entreprise Sartoria Carrara. Un petit atelier qui continue d'ailleurs de grandir, passant de 12 salariés à 50 il y a peu. Soit une grande partie des 82 employés de P.Johnson Tailors.

Question prix, les costumes P.Johnson démarrent à 1300€ et les pantalons à 300€. Toutes les retouches comprises. Des prix qui pour l'instant sont à peu près les mêmes depuis 10 ans même si aux Etats-Unis on leur a conseillé de les augmenter afin de ne pas être associé à une image trop "cheap". 
Ils ne sont pas situés sur les avenues les plus chères et peuvent donc se permettent de mettre le maximum de valeur dans leur produits. (par exemple en utilisant des nouvelles matières, comme les tissus water repellent de chez Loro Piana). Mais oui la stratégie prix est réflexion complexe.

LIGNE DE PRÊT A PORTER

Au début de ce mois-ci une ligne de prêt-à-porter est sortie sur Mr Porter (et quelques mois auparavant au sein du célèbre grand magasin New-Yorkais Barneys) . Cependant 90% de leur production restera concentrée sur le sur-mesure. 

Une collection qui s'est vendue comme des petites pains. Tout est déjà quasi sold out sur Mr Porter. Le premier designer australien sur ce mastodonte du e-commerce. La preuve également de l'intérêt des hommes pour les pièces légères et confortables.
Côté matières, des mélanges très légers mélanges en lin, coton, soie ou laine mérinos (en super 160' pour leur finesse)
Côté prix, ça commence à devenir assez cher, donc je vous conseille donc plutôt de vous tourner vers leur service sur-mesure, au même prix, ou parfois moins cher !

LOOKBOOK

Comme l'a dit le designer de Loewe, Jonathan Anderson dans cette interview de Business of Fashion, le pouvoir de l'image est tellement important. Et ça, P.Johnson semble l'avoir bien compris. Dès leurs début, la marque a toujours su innover en terme de communication. Surtout grâce à leurs lookbook dans l'air du temps. Par exemple en utilisant des masques de dessins animés, des couleurs primaires ultra pétantes en fond de photos ou des mannequins de sexe féminin.
Ou en rassemblant leurs équipes de tailleurs en studio.