L'annuaire - Wayne Berkowitz, Superfuture.com

 

Wayne Berkowitz est un entrepreneur australien à l’origine de la plateforme Superfuture.com. Fondé en 1999, le site est avant tout connu pour son forum et ses city guide. Avant de lancer Superfuture, Wayne Berkowitz a travaillé en premier lieu pour une entreprise de graphisme puis fut directeur artistique pour un magazine à Tokyo. Après quelques années il décide de lancer propre projet quelque part à la frontière entre le design, le shopping et les voyages. Berkowitz avait déjà développé des plans de Tokyo pour sa famille et ses amis qui lui rendaient régulièrement visite en Australie.

«Tout le monde venait à Tokyo et me demandait de les emmener mais j'avais à peine deux minutes par jour pour faire quoi que ce soit, alors j'ai fait des cartes : les quartiers de Harajuku et Shibuya d’abord. Un an après j'avais toute la ville de Tokyo. Encore un an après ça, celle de New York. » Wayne Berkowitz pour Thebrilliance.com

Les city guide proposés comprennent 12 destinations de Portland à Tokyo en passant par Sydney, Shanghai, Paris, New York, Berlin, Londres, Hong Kong, Los Angeles, Pékin ou Bangkok. Chaque guide fait en moyenne 30 pages dont une bonne partie qui comprennent des cartes détaillées avec des suggestions de boutiques, d’hotels, bars, restaurants ou clubs mais aussi la liste des 10 adresses incontournables, des suggestions d’itinéraires sur une journée, la météo de la saison ou encore le programme des expositions en cours. Le tout est à imprimer et à relier chez soi pour 10 à 20$ le guide papier selon la destination. Une application mobile est même disponible pour les habitants de Hong Kong et Tokyo.

«Nous couvrons le haut de gamme et les choses assez pointues. La plupart des autres guides de voyage ont tendance à avoir un objectif différent - ils optent pour le courant dominant. Nous allons définitivement aux deux extrémités du courant dominant. » Wayne Berkowitz pour Thebrilliance.com

Au cours des 11 premières années, Superfuture a continué de grandir jusqu’à atteindre environ le million de visites uniques par an, principalement grâce au bouche-à-oreille et à son forum.

 
Le trafic mensuel de Superfuture.com via SimilarWeb - capture écran Juin 2020

Le trafic mensuel de Superfuture.com via SimilarWeb - capture écran Juin 2020

 

Beaucoup des sujets qui nous intéressent ont déjà été traités 10 ans plus tôt sur ce forum. Et notamment sur les “sous-forums” Supertalk et Superdenim. On ne peut que vous conseiller d’y aller jeter un œil. Un exemple en image ci-dessous :

Un sujet consacré à Resolute qui date de 210, soit 10 ans avant qu’elle devienne une marque à la mode en Europe - au moins en terme de distribution wholesale

Un sujet consacré à Resolute qui date de 210, soit 10 ans avant qu’elle devienne une marque à la mode en Europe - au moins en terme de distribution wholesale

Pouvez-vous nommer 5 sites Web que vous consultiez en 1999 et que vous regardez encore ? Je ne peux pas. il y a eu une période cauchemardesque [parmi tant d’autres] vers la fin de l’année 2010 lorsque notre responsable technique de l’époque a vendu tout ses ordinateurs, a ouvert une école de yoga dans la campagne française et nous a laissé en plan. Supertalk était si cassé et impossible à réparer qu’un petit crash de notre serveur à cette époque aurait effacé toutes nos données.

A ce moment-là, j’ai pris la décision assez radicale de reconstruire l’intégralité du site à partir de zéro, ce que nous avons fait pendant la majeure partie de 2011 et c’est la version 5 qui actuellement en ligne. Heureux d’annoncer que cette fois, cela fonctionne comme il le devrait.
— Wayne Berkowitz pour Heddels.com
Je suis très basique. Je possède 5 paires de chaussures. Au moins 50 débardeurs et t-shirts Helmut Lang monochromes (ceux fabriqués au Japon et qui ne sont plus produit), un costume Costume National noir. En ce moment, je porte un jean Tsubi et un maillot Helmut Lang côtelé olive, des Nike Aquasocks, un collier Surface to Air, un bracelet Helmut Lang, et une Casio G-Shock. Je n’ai jamais porté un t-shirt avec un logo dans ma vie parce que je n’aime pas l’idée d’être un panneau de publicité. J’ai toujours été intéressé par la mode, mais je n’en suis nullement obsédé.
— Wayne Berkowitz pour Thebrilliance.com
 
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L'annuaire - Eiichiro Homma, Nanamica & The North Face Purple

 


Eiichiro Homma Crédit photo : Shinji Serizawa

Eiichiro Homma
Crédit photo : Shinji Serizawa

Eiichiro Homma est le co-fondateur avec le designer Takashi Imaki de la marque Nanamica qui signifie “Maison des sept mers” en japonais.
Il a d’abord fait ses armes chez Goldwin en 1982, juste après ses études en sociologie. Goldwin est une entreprise qui est devenu l’une des marques leader au Japon dans la catégorie des vêtements outdoor et notamment pour le ski. Il a par la suite travaillé au développement de Helly Hansen au Japon, une marque sous licence Goldwin. Mais après plus de 20 ans à accumuler de l’expérience dans les matières techniques, il décide de lancer sa propre marque. Il est alors âgé de 40 ans. Pour l’anecdote, avant d’opter pour le nom de Nanamica, Eiichiro Homma et Takashi Imaki ont d’abord choisit celui de «Seven Seas of Rhythm». Mais il’est avéré que «Seven Seas» et «Rhythm» étaient difficiles à déposer et que le nom était résolument trop long. Après réflexion ils choisissent «Nanamica» qui se traduit par «Maison des Sept Mers» et qui est facile à déposer.
L’objectif affiché de Nanamica est de mélanger les vêtements de sport très techniques à une vision plus mode. C’est pourquoi ils travaillent régulièrement avec Gore-Tex - pour développer des technologies Windstopper ou utiliser sur des mélanges avec des fibres naturelles comme le coton. On peut également citer Coolmax, Kodenshi ou encore Polartec pour le tissu Alphadry qui est régulièrement utilisé par Nanamica.

En parallèle du lancement de Nanamica, Eiichiro Homma travaille pour le nouveau label de The North Face : The North Face Purple Label. Il retravaille les silhouettes de la marque pour les rendre plus fines et plus citadines. Il continue également d’innover sur l’utilisation de matières techniques comme pour le lancement de la “Moon Parka” en soie d’araignée synthétique.

Roden Gray : Selon vous, qu’est-ce qui distingue Nanamica des autres marques techniques ?

Eiichiro Homma : L’aspect le plus important pour nous est la possibilité d’avoir accès aux informations les plus récentes sur la fabrication et les textiles. Cela est dû à mes relations avec des personnes clés au sein de Goldwin, qui est entre autres titulaire de la licence The North Face et Helly Hansen parmi les entreprises de fabrication d’articles et de vêtemens outdoor. Ces relations garantissent que, même si Nanamica est une petite entreprise, elle a accès au plus haut niveau de production disponible. De plus ces autres marques semblent être orientées vers le design et l’esthétique, car elles changent souvent de style et de pièces d’une saison à l’autre. Nanamica aborde les vêtements d’une manière qui essaie de s’appuyer sur les styles existants tout en apportant des améliorations mineures et en veillant à ce que nos choix graphques et de matières gardent le consommateur affamé, pour ainsi dire (rires).
Grailed : Vous avez déclaré dans des interviews précédentes que vous ne veniez pas vraiment d’un milieu de la mode, mais plutôt que vous avez étudié la sociologie et la psychologie. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui cherchent à démarrer leur propre entreprise de mode, mais qui n’ont pas d’expérience en design, en mode ou en marketing?

Eiichiro Homma : De nombreux designers, japonais en particulier, ont tendance à se concentrer sur le produit, le produit et encore le produit. Mon approche a toujours été plus humaine. Je pense et je cherche toujours des solutions qui pourraient rendre les gens heureux, plus confortables et rendre la société plus pacifique et meilleure.
— Eiichiro Homma, Grailed, Novembre 2018
The Hambledon : Parlez-nous un peu de l’équipe avec laquelle vous travaillez.

Eiichiro Homma : Nous sommes encore une petite entreprise. Il n’y a actuellement que 23 personnes travaillant avec moi. Tous travaillent très dur. J’espère qu’à l’avenir l’un ou plusieurs d’entre eux prendront la suite de Nanamica.
— Eiichiro Homma, thehambledon.com


 

L'annuaire - Adam Lewenhaupt, sneakers CQP

 
Lookbook CQP, juin 2019

Lookbook CQP, juin 2019

Lookbook CQP, juin 2019

Lookbook CQP, juin 2019

Adam Lewenhaupt est le fondateur de la marque suédoise de sneakers CQP, qui est l’abréviation de Conversations & Quintessential Products . Adam, qui a travaillé pendant dix ans dans le secteur financier, a choisi en 2013 de se reconvertir dans un secteur qui allie à la fois design, créativité et artisanat. Et comme il s’avère qu’il est également passionné de baskets, c’est donc logiquement qu’il décide de créer sa propre marque. Il a démarré from scratch comme ont dit en anglais. Quelques recherches Google et quelques conversations plus tard, il trouve un fabricant au Portugal. Le premier prototype prend 7 mois à être développé mais la machine est lancée.
Presque 7 ans après, la marque est distribuée parmi les meilleurs retailers menswear au monde : Trunk Clothiers, The Armoury, Beams, Thom Sweeney, A.GI.EMME…Elle dispose également de son propre e-shop.

Dans leur ligne éditoriale vous pouvez retrouver leurs Conversations, (d’où le nom Conversations & Quintessential Products) des interviews de personnes qu’ils admirent et qui correspondent à leur valeurs. L'entreprise est quant à elle toujours basée à Stockholm, en Suède.

Dans quelle mesure un article de Monocle (un magazine à la portée internationale) vous impacte-t-il?

- Ils ont un lectorat intéressé qui le lit un peu comme une Bible, donc vous remarquez tout suite un effet. Les ventes à l’internationales ont augmenté directement.
— Adam Lewenhaupt, Rawness.se, 2015
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La plus grande difficulté en cours de route?
Nous avons assez bien géré les différents obstacles, mais la plus grande difficulté a probablement été lorsque, après moins d’un an d’activité, nous avons été obligés de changer notre nom de Coloquy en CQP en raison d’un litige. Ce fut douloureux mais nous avons finalement décidé de changer notre nom plutôt que d’aller en justice.
— Adam Lewenhaupt, Opumo.com, 2018
Que savez-vous maintenant que vous aurez aimé savoir quand vous aviez 21 ans?
J’aurais aimé avoir pris plus de risques plus tôt, essayé plus de choses. Pour une raison étrange, j’ai commencé à prendre des risques trop tard et j’ai passé 10 ans à travailler dans la finance sans jamais vraiment en profiter…
— Adam Lewenhaupt, Opumo.com, 2018
Slip-on hautes - coloris bleu

Slip-on hautes - coloris bleu

Slip-on coloris tabac

Slip-on coloris tabac

Sneakers basses - Ebony Brown

Sneakers basses - Ebony Brown

 

L'annuaire - David Shuck et Nick Coe, fondateurs de Heddels

David Shuck

David Shuck

Nick Coe  Crédit photo : Nudie Jean

Nick Coe
Crédit photo : Nudie Jean

Heddels est devenu au fil des années la référence des blogs pour toutes les questions relatives au denim. Le site a été lancé pour la première fois en 2011 par Nick Coe et David Shuck sous le nom «Rawr Denim» puis de Heddels en 2015. Initialement les deux fondateurs ne sont pas issus de cette industrie. Il s’agit seulement de deux consommateurs passionnés par cet univers et désireux d’en savoir toujours plus. Leur but était de créer une sorte de “Wikipédia du Jean”. Le site Web propose donc des articles bien documentés, des guides pédagogiques…mais aussi un e-commerce depuis quelques années (qui distribue la marque Heddels, Corridor, Grant Stone…)
Si l’on revient au moment de la création du blog en 2011, il faut se rappeler que les plus grandes sources d’informations sur le jean étaient disponibles via SuperFuture et Styleforum. Le problème avec les forums, c’est que l’information est difficile d’accès, il faut parfois lire des centaines de commentaires inutiles pour tomber sur des informations intéressantes.
Quant au changement de nom (de Rawr Denim vers Heddels), il souligne une volonté de diversification et de ne plus seulement se limiter à l’univers des jeans bruts.

Quel est votre background dans le denim?

David Shuck : Aucun, à part d’être un passionné! Nous y
sommes entrés uniquement du point de vue du consommateur sans aucune formation spécifique ou expérience commerciale dans la mode. Ma passion pour le denim est née d’un voyage que j’ai fait au Japon il y a quelques années et j’ai pu voir pour la première fois des marques artisanales reproduisant des jeans américains classiques du milieu du XXe siècle. Je voulais savoir comment et pourquoi, ce qui m’a poussé à commencer mes propres recherches et à tomber dans ce “terrier de lapin” qu’est le monde du denim.
— David Shuck pour carvedinblue.tencel.com
Que voulez-vous dire à toutes les “denim heads” (passionnés de denim) autour du monde?

Il peut y avoir beaucoup d’élitisme et de règles stupides dans la culture des “denim heads” - ne pas laver son jean, regarder de haut les jeans non selvedge, plus c’est lourd est mieux c’est - et beaucoup de gens peuvent se sentir gênés [... ] Mais il n’y a pas de mauvaise façon de porter son denim brut, peu importe comment vous le portez ou combien de fois vous décidez de le laver. Cela concerne votre style personnel et votre propre expérience, ne vous sentez pas lié par les «règles du jeans brut » et utilisez-les simplement de la manière qui vous convient le mieux.
— Nick Coe, Denimsquad, 2017

En dehors de ses chroniques sur Heddels, vous pouvez suivre Nick Coe via Twitter.

L’annuaire - Grégory Lellouche

Connaissez-vous Greg Lellouche ?

Né dans les années 1970 en France, il est le fondateur de NoManWalksAlone, un ecommerce multimarques basé à New York.
Ancien banquier et membre depuis plus de 10 ans du Style Forum, il décide de lancer NoManWalksAlone en 2013. L’idée est de proposer des marques homme qualitatives mais relativement peu distribuées en ligne. On se souviendra notamment qu’il a été un des premiers à vendre sur Internet des blousons Valstar ou des manteaux Luigi Bianchi Mantova en laine Casentino !*

Show restraint. Everything should be in good taste.” 
Gregory Lellouche via NoManWalksAlone

Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre article dédié à NoManWalksAlone ici

Image : On avait pris cette photo à l’occasion du Pitti Uomo 92

Image : On avait pris cette photo à l’occasion du Pitti Uomo 92

L’annuaire - Ryo Kashiwazaki

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Ryo Kashiwazaki

Designer et fondateur de la marque Hender Scheme

Ryo Kashiwazaki est un designer Japonais, fondateur de la marque Hender Scheme en 2010. Né au Japon dans la région de Tokyo, il poursuit des études de psychologie à l’âge de 19 ans et travaille en parallèle pour un atelier de cordonnier. C’est de ces deux expériences que naîtra la marque Hender Scheme.
Hender Scheme fait référence à Gender Scheme. Le « H » étant après le « G » dans l’alphabet, Ryo Kashiwazaki souhaite mettre en avant l’idée que les schémas de genre et toutes les conventions sociales sous-jacentes sont dépassés. Vous ne trouverez donc pas de classification homme/femme chez Hender Scheme.
L’autre concept fort de la marque repose sur l’utilisation de cuirs brut au tannage végétal et un montage artisanal (à la main bien souvent). La marque est avant tout connue pour ses chaussures et notamment pour la collection Hommage qui reprend tous les classiques de la culture populaire (Nike Air Force One, Adidas Superstar…) en les produisant avec des méthodes artisanales et dans des cuirs plus nobles.

Our philosophy is that our products can become perfect as people use them. They aren’t perfection when they are made—I want to imagine them after they are used. In order to make it happen, I choose leather that can get better the more its used.
— Ryo Kashiwazaki, interview for SSENSE, 2017
Photo : sneaker.com

Photo : sneaker.com

Photo : farfetch.com

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Photo : endclothing.com

Photo : endclothing.com

Photo : endclothing.com

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Photo : endclothing.com

Photo : endclothing.com

Photo : endclothing.com

Capture écran, endclothing.com, février 2020

Capture écran, endclothing.com, février 2020

Trois interviews intéressantes à lire :

  1. Sur Ssense (disponible également en français)

  2. Sur Highsnobiety

  3. Sur Coverchord

L'ANNUAIRE - DAIKI SUZUKI

Crédit photo : Heddels.com

Crédit photo : Heddels.com

Connaissez-vous Daiki Suzuki ?

Designer né en 1962 au Japon, il est le fondateur de Engineered Garments, une marque basée à New York qui revisite les vêtements de l’héritage américain. Depuis 2006 il est également le designer d'une autre marque américaine bien connue : Woolrich. Enfin, pour plus précis de Woolrich Woolen Mills, une deuxième ligne de Woolrich.*
Pour la petite anecdote, Daiki Suzuki avait postulé chez Beams avant sa sortie d’école. Sans succès.

Je pense que c'était environ six mois avant l'obtention de mon diplôme. Mon ami m'a dit que nous devrions chercher un emploi à temps partiel dans un magasin de vêtements jusqu'à ce que nous ayons des offres d'entreprises liées à la mode. Alors qu'il commençait à travailler chez BEAMS, j'ai leur ai apporté mon CV pour obtenir le même travail, mais ils ont rejeté ma candidature sur-le-champ. Imaginez à quel point j'étais choqué” 
Daiki Suzuki via Nepenthes.co 

*on a beau chercher, la différence entre les deux n'est pas claire - sur Internet tout du moins

Interview de Agyesh Madan par Mark Cho

 

On continu notre série d'interviews réalisée par Mark Cho. Il nous a gentiment donné son aval pour qu'on la publie sur notre site.

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Note : Agyesh Madan est le fondateur de Stoffa, une marque dont on avait déjà parlé ici.

Mark Cho : Que portez-vous ?

Agyesh Madan : 

  • Un chapeau Stoffa, qui peut se rouler sur lui-même

  • Une écharpe Jacquard en cachemire et soie de chez Stoffa

  • Un blouson 002 aviateur Stoffa en cuir suédé couleur sable

  • Un pantalon Stoffa double pince en coton toucher peau de pêche couleur sable

  • Belgian shoes

Mark Cho : Pouvez-vous parler de votre parcours dans l'industrie textile et où vous êtes maintenant?

Agyesh Madan : Je pense que mon parcours est simple. J'ai débuté en tant qu'ingénieur en informatique spécialisé en applications Web où, grâce à mon expérience dans une start-up de e-commerce, je me suis découvert une passion pour l'industrie du vêtement et plus encore une fascination pour la production. Je l'ai suivi en allant à la Parsons New school of design, où je me suis concentré sur le développement produit.
Au cours de ma scolarité j'ai eu la chance de découvrir la marque napolitaine ISAIA Napoli que j'ai rejointe au cours du 2ème semestre de l'année 2010. J'y ai passé quatre ans en commençant par du marketing et du développement de produits aux États-Unis, puis en Italie en tant que Directeur de Développement des produits de la marque. C'est en Italie sous le mentorat de Leonardo Genova (le responsable de tout le développement des produits chez ISAIA) que j'ai approfondi ma passion pour les textiles et trouvé l'idée d'une production responsable.

L'année dernière, j'ai fondé Stòffa; Nous nous sommes concentrés sur la création produits dont le design est travaillé grâce à une exploration continue de ce qui se fait en terme de production. Je voulais vraiment concentrer toute notre énergie dans la construction de produits innovants et robustes; et la seule façon de le faire était de faire une catégorie de produit à la fois. Actuellement, nous proposons une série d'accessoires qui incluent nos chapeaux et écharpes ainsi que des vêtements et des pantalons sur mesure.

Mark Cho : Vous mettez beaucoup l'accent sur les combinaisons de couleurs. Pourriez-vous suggérer des lectures ou des références intéressantes?

Agyesh Madan : La couleur fait partie intégrante de ma vie. Je tire une joie irremplaçable de l'expérimentation de l'harmonie en utilisant couleur. Je pense que la plupart des gens intéressés par ce domaine connaissent l'Interaction Des Couleurs de Josef Albers qui a présenté une théorie selon laquelle les couleurs étaient régies par une logique interne et trompeuse. Ce que la plupart des gens ne connaissent peut-être pas, c'est l'application (NDLR : application Iphone ou Android) interactive créée par l'Université de Yale, sur la base du livre précité. Elle est disponible au téléchargement et je recommande vivement à tous les enfants et adultes de la télécharger et de la tester. Elle est bien conçue et utilise vraiment la puissance de la technologie pour approfondir une lecture déjà solide.

Mark Cho : Stoffa, votre dernier projet, a connu une croissance d'une façon peu courante. Vous avez commencé avec des chapeaux, puis êtes partis sur des vestes en cuir et des pantalons. Y a-t-il eu une raison particulière à cette progression?

Agyesh Madan : Stòffa a été créée sur le principe fondamental de créer des produits au design réfléchi et réalisés de manière responsable. À cet effet, tous nos produits sont fabriqués dans des unités de production où nous contrôlons de près chaque étape; des matières premières aux finitionset à l'emballage. De plus, nous testons (NDLR : en les portants) nous même tout ce que nous produisons au moins un an avant le lancement. Cette philosophie a dicté notre voie dans la mesure où nous nous concentrons sur une catégorie de produit à la fois, créant ainsi lentement une collection de produits bien conçus, testés et élaborés de manière très responsable.

Mark Cho : Vous avez eu une période de formation chez Isaia qui comprenait des visites régulières au Japon. Avez-vous une idée des différences entre les deux marchés?

Agyesh Madan : Le Japon était une expérience incroyable car j'ai observé un certain sens inné chez les gens pour la recherche approfondie et l'exploration avant d'acheter le bon article. En tant que développeur de produit, il était vraiment gratifiant de voir la passion chez les clients car ils savaient comment chaque produit était fabriqué et respectaient vraiment la vision du fabricant.
D'un autre côté, aux États-Unis, il y a un certain sens de la nonchalance ou l'idée de jouissance en ce qui concerne les vêtements. Je trouve cela très génial, car j'ai toujours cru que les vêtements sont faits pour être vraiment portés et usés.
En tant que développeur de produits, j'ai senti qu'il était de notre responsabilité de marier les deux. Etre vraiment réfléchis sur tous les éléments de nos produits tout en les concevant, mais aussi les présenter comme des articles qui sont faits pour être portés, appréciés et vivre avec sans trop de soin.

 

 

Traduit de l'anglais par nos soins. Certaines phrases peuvent paraître alambiquées, mais l'on a pas trouvé de meilleur traduction.
Vous pouvez consulter l'original
ici.

 

Interview de Romain Biette, fondateur d'Ardentes Clipei

 

Cette semaine on est allé à la rencontre de Romain Biette,
un jeune tailleur français qui a fondé sa propre entreprise à Paris.

Romain biette ardentes clipei

Bonjour Romain, peux-tu te présenter en une phrase ?

Romain Biette, 26 ans, tailleur et fondateur d’Ardentes Clipei.

Quel est ton parcours ? Ta formation ?

Je suis né à et j’ai grandi à Paris. Un pur produit de l’ouest parisien. Tous les parisiens te le diront : chaque rive, chaque quartier a un peu ses particularités. Ce qui fait que j’ai grandi dans un environnement où il n’était pas anormal que les gens soient en costume. Par exemple mon père, qui est avocat, l'est très souvent. Il n’est pas spécialement passionné par le vêtement mais il a une élégance assez brute, assez naturelle. C’est quelque chose que j’ai su apprécier assez tôt et qui m’a donné envie de porter de le porter. J’étais également dans un lycée disons un peu sévère où l’on m’avait imposé de le porter. C’était ma vraie première expérience, j'avais 14 ans.

A partir de 15 ans, j'ai commencé à bosser l’été. Je dépensais tout dans les fringues. Je me souviens que j’avais fait la bêtise d’acheter des chaussures chez Gucci. C’était en 2006, après Tom Ford. Leur collection était très stylée…Je possède d’ailleurs encore un manteau. Mais les chaussures je les ai jetées. Je me suis dit c’est bizarre, on m’avait vendu la qualité mais ce n’est pas ça la qualité. Qu’est ce qu’il y a au-dessus ? Si ce n’est pas l’industrie du luxe, qu’est ce que c’est ? J'ai d'ailleurs compris à ce moment là que c'était plus devenu une industrie que du luxe. Ce n'est que plus tard que je découvrirais l'artisanat, via des blogs comme Parisian Gentleman (PG). Je ne me suis jamais réellement plongé dans Bonne Gueule ou dans les forums, je suis clairement un produit de PG, qui m'a ouvert les yeux concernant la grande mesure. Avant pour moi le plus beau costume du monde, c'était un Ralph Lauren Purple Label ! 

romain biette chaussure ardentes clipei paris

Et c’est aussi à cette époque que j’ai vu le trailer de O’mast. Je me suis dit mais « qu’est ce que c’est que ce truc de malade. » J'ai du le voir 500 fois. Ça m’a donné envie d’aller à Naples et à Hong Kong (d'où viennent les producteurs du documentaire, les fameux Mark Cho et Alan See de The Armoury). Et j’y suis allé ! A Hong Kong, j’ai vraiment senti quelque chose que l’on ne retrouve pas en France…Il n'y pas autant de barrières, tout va beaucoup plus vite, c'est le paradis des entrepreneurs ! A mon retour, je me suis donc dit « c’est bon j’arrête mes études de droit ». Et c’est comme ça que j’ai suivi la formation de l’AFT pour devenir tailleur. Elle a durée 2 ans. C’est la dernière formation de tailleur en France, créée en 2005 par le maitre tailleur et président de la fédération des maitres tailleurs de France André Guilson. Un peu tout seul il faut dire, car l'Etat s'est totalement désintéressé de la transmission du métier aux générations futures. 

 

 
Je me souviens que j’avais fait la bêtise d’acheter des chaussures chez Gucci. C’était en 2006, après Tom Ford. Leur collection était très stylée…Je possède d’ailleurs encore un manteau. Mais les chaussures, je les ai jetées.
— Romain Biette
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris

Au début ça a été dur car tu vois qu'en réalité les choses sont loin de ce qui est écrit dans les blogs… La grande mesure a beaucoup souffert en cette seconde moitié du XXème siècle. 40 000 tailleurs il y a 50 ans et moins de 1000 établis aujourd’hui. Ils se sont pris l'industrialisation dans la figure, l'abandon progressif du costume et de toute forme de formalité, la hausse du coût du travail, les délocalisations, les changements d'habitude de consommation... Et puis après 68 et l'idée du bac pour tous, les métiers manuel c'était mal vu ! La génération de nos parents manque donc à l'appel, aujourd'hui en tailleur tu ne trouveras que des gens de 70 ans ou de 25. 

 
[...] j’ai vu le trailer de O’mast. Je me suis dit mais qu’est ce que c’est que ce truc de malade. J’ai du le voir 500 fois.
— Romain Biette
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris

 

Travailles-tu tout seul ?

Oui. Je suis associé pour la grande mesure avec le maitre tailleur Didier Groult installé à Rouen sous le nom André Marcel Tailleur. Nous travaillons à quatre mains sur mes clients, même si lui est plus là pour apporter l'expérience nécessaire pour avoir un tombé parfait que pour faire le vêtement en lui même. L'objectif est que ce soit mon travail, avec ma patte personnelle ! J'aimerais reprendre à terme son atelier et garder la production de la grande mesure en Normandie. Je pense que la vie est beaucoup plus agréable avec une petite maison et un coin de verdure où se vider la tête le soir plutôt que de vivre dans une barre en banlieue parisienne ! L'artisanat est avant tout un projet humain, et je pense que tout le monde doit être gagnant : le client, le tailleur, le personnel. Sinon tout ça n'a pas de sens. 

Qu’est ce qui fait ta marque de fabrique ?

Je suis un concentré des trois grandes écoles sartoriales: 

  • Italienne pour l'importance de la ligne, des couleurs chaudes, des motifs, une structure légère qui permet à la personne d'être aussi à l'aise en costume qu'en t-shirt et jean !

  • Anglaise, principalement pour les tissus, que je trouve plus solides de manière générale. Je suis un très grand fan de tweed et de Donegal

  • Française parce que j'ai appris à me soucier de tout dans les moindres détails... Un costume français réussi, c'est avant tout une couture droite, un point fin et régulier, un repassage impeccable.

Un rappel sur la provenance du nom de ta marque ?

Je me sens français avant tout, mais ce qui vient après est le fait que je me sente européen. De plus je fabrique tout en Europe: tissus anglais et italien, demi mesure fabriquée en Italie ou en Pologne, ou encore la grande mesure qui est fabriquée en France. J'ai donc voulu utiliser la langue européenne: le Latin. Ardentes Clipei signifie "boucliers étincelants" et renvoi à l'idée que le costume est une protection, pensé de telle manière qu'il vous rend plus beau et plus fort !

De quoi est composée ton offre ?

Je propose aujourd'hui trois niveaux de fabrication: une demi-mesure polonaise, une demi-mesure italienne, et de la grande mesure française. 

Plein de détails se retrouveront quelque soit l'offre, comme la milanaise par exemple (boutonnière réalisée à la main sur le revers). 

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ma principale source d'inspiration est la beauté. Après pour parler de sources plus directes, j'aime particulièrement  le Cinéma, la Photographie et l'Architecture. 

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Tes modèles en matière d'élégance ?

Dans ceux qui ne sont plus de ce monde, Jean Gabin, Lino Ventura, Yves Montand. Sinon Alain Delon qui combine la beauté, le style et l'élégance ou Ralph Lauren parce qu'il est un modèle de réussite. Sinon dans le métier et plus jeunes, j'aime beaucoup les tailleurs Andrea Luparelli et Mariej Zaremba ! 

 

Je vais te poser la même question que j’ai posée à Maxime Toren : le sur-mesure (grande mesure j’entends) est-il vraiment le Saint Graal ?

La difficulté c’était : qu’est ce qui fait l’intérêt de la grande mesure ? Hugo Jacomet à répondu : patronage unique.  Ça c’est le postulat de Parisian Gentleman, que je respecte. Mais je ne suis pas totalement d'accord, car beaucoup de tailleurs utilisent des gabarits pour aller plus vite, et tu en as même qui vont jusqu'à altérer un patronage standard, comme en demi mesure! Pour moi la différence se fait plus sur le fait que la demi mesure, il y a la prise de mesures, avec la fabrication d'un costume qui arrivera fini selon les mesures prises. Quand le client est simple à habiller et que le preneur de mesures est bon, ça tombera parfaitement, sinon il y aura quelques petites retouches à faire. La grande mesure, c'est une prise de mesure, un premier essayage qui permet de prendre en compte plein de détails physiques directement sur le col (on pourra ainsi enlever facilement un pli nuque, ouvrir une emmanchure parce que le client a les épaules un peu en avant etc...), un second essayage avec le col et les manches bâties, ce qui permet de pouvoir régler au millimètre ces deux parties du costume qui sont les plus complexes à altérer le costume fini. Tout ça pour arriver à la fin à un vêtement qui tombera comme une seconde peau... Et puis il y a l'expérience, qui est unique ! 

En conclusion, la grande mesure est comme un grand restaurant ou une voiture de collection, il est malheureusement réservé à peu de personnes mais c'est un moment d'existence privilégié qui vaut largement l'argent qu'il coûte ! Chez moi à partir de 4000€ pour 70 heures de travail. 

 

Un détail que tu apprécies ?

Une belle manche, c'est la chose la plus complexe à réaliser et c'est réellement comme ça que je détermine si un costume est réussi ou non ! 

Plus jeune, je ne jurais que par l'épaule napolitaine, car j'étais totalement hypnotisé par le style italien qui se reconnait à 100 m. J'ai mis beaucoup plus longtemps à comprendre ce qui faisait la richesse du style français: une belle épaule, avec juste ce qu'il faut de cigarette, pas un pli, et une manche qui tombe parfaitement, c'est magnifique !! Et c'est deux fois plus complexe à réaliser qu'une épaule napolitaine, où la fronce (qui laisse apparaître quelques plis) est considérée comme un style alors qu'en France, elle est considérée comme une imperfection. 

J’ai vu que tu as rencontré Nicolas Radano et Maximilian Mogg. Pourrais-tu nous dire quelques mots à ce sujet ? Est-ce que des collaborations sont à prévoir ?

J’ai fait deux trunkshows chez Maximilian Mogg à Berlin. L’objectif est recevoir également des trunkshows et des events dans mon atelier parisien afin de promouvoir des gens dont j’apprécie le travail. Comme par exemple Guillaume Lancelot qui fait de la maroquinerie haut de gamme.

Pour finir, un livre ou un restaurant à nous conseiller ?

Bel Ami de Maupassant. Ce que j’aime c’est la détermination du personnage, cette capacité à dépasser son milieu social et à se faire une place de choix au sein de la société. Et puis Maupassant décrit à merveille la fin du XIXème siècle qui est une période qui me passionne !

romain biette tailleur costume ardentes clipei paris
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Merci à Romain d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.