Maurizio Donadi - Atelier & Repairs, Transnomadica

 
 
Interview : Thomas M.
Traduction : Marcos Eliades
Image de couverture : Transnomadica.com
Maurizio Donadi  Image coolhunting.com

Maurizio Donadi
Image coolhunting.com

Maurizio Donadi a plus de 35 ans d'expérience dans l'industrie de la mode en tant que cadre chez des mastodontes du secteur tel que Ralph Lauren, Benetton, Armani, Diesel et Levi's. C’est également le fondateur d’Atelier & Repairs, une marque qui réprouve la culture du “jetable” en réutilisant et en embellissant des vêtements vintages (jeans, outerwear, t-shirts…). En cette année de crise, il lance Transnomadica, une archive en ligne - son inventaire personnel - de plus de 8000 pièces provenant du monde entier.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Maurizio Donadi depuis 63 ans. Je n'ai rien de particulier à dire sur moi, si ce n'est cette grande curiosité émotionnelle qui m'a toujours animé.

Le concept d'Atelier & Repairs consiste à construire une marque sans rien produire. Est-ce bien cela ? Comment trouvez-vous de nouveaux partenaires ?

Le concept d'A&R est philosophiquement correct. Dans un monde dominé par un consumérisme frénétique, où tout est produit en excès, l'idée de transformer cet excès en quelque chose de nouveau est certainement intrigante. Il y a beaucoup de créativité et d'expérimentation dans la transformation des objets existants, utilisés ou non.
Lorsqu'une idée suscite l'intérêt des partenaires quels qu'ils soient (commerciaux, financiers, etc.) cela arrive tôt ou tard.

Pouvez-vous nous parler de votre nouveau projet Transnomadica ?

Si l'A&R est basée sur la transformation des vêtements usagés, la récupération des tissus inutilisés et la réduction de la production excédentaire, Transnomadica célèbre les vêtements et les objets dans l'état où ils ont été trouvés. La plupart sont choisis pour leur patine, vintage ou antique, comme s'ils faisaient partie d'une exposition. Ces pièces (environ 8000) représentent 40 ans de voyages, d'idées, d'évènements, de couleurs et de tissus, d'inspiration pour mon travail et une certaine obsession de la recherche.

Cherchez-vous encore des pièces de vêtements pour alimenter le site ?

La recherche ne s'arrête jamais. Seule une partie se retrouve sur le site. Le reste est disponible sur rendez-vous.

Selon vous, quel est le meilleur endroit (ou pays) pour trouver des vêtements vintage ? Ou est-ce sur Internet ?

Cela dépend de ce que vous recherchez. C'est généralement l'objet qui vous trouve, étant donné le caractère unique de chaque recherche. Il y a certes des magasins, des sites, des marchés, des collectionneurs, etc. qui sont d'incroyables sources de recherche pour le vintage mais ces lieux sont "connus" par tous. Ce que je cherche, je le trouve généralement dans les pays où les déchets sont jetés. Et je n’en dirais pas plus.

Quel est le vêtement le plus inhabituel sur Transnomadica ?

Je ne saurais le dire. Ce qui est inhabituel, c'est un groupe de produits qu'on ne trouve pas facilement, à savoir les jeans japonais selvedges, utilisés et portés par le temps, et non par le lavage industriel. Pour les amoureux du denim, ces jeans représentent le nec plus ultra du jean. Il y a quelques boutiques dans le monde qui en vendent, mais ma collection est vraiment importante avec plus de 500 pièces, toutes différentes les unes des autres. Une immense source d'inspiration.

Comment pensez-vous que le marché de l'occasion et du vintage pourrait évoluer ?

Le marché de l'occasion évolue de manière exponentielle. Il s'agit d'une entreprise relativement nouvelle et sa gestion commerciale reste à définir. La friperie classique, déroutante, mal tenue et à très bas prix sera transformée en une boutique sélective, spécialisée et conservée comme une vraie boutique. Probablement en mélangeant l'ancien et le nouveau. Il existe déjà une communauté de boutiques vintages (pas seulement d'occasion) très spécialisées à la fois dans le casual (jeans, militaire, etc.) et dans la revente de vêtements de mode, car certaines marques sont plus recherchées que d'autres. Dans mes archives, par exemple, j'aime mélanger la mode des années 90 avec le vintage américain des années 70 et les chemises italiennes.

Est-il possible que toutes les marques créent leur propre site de revente de vieux vêtements ?

Possible, mais pas tous car leur passé est parfois très récent et dépourvu d’intérêt.

Avez-vous des pièces préférées que vous ne voulez pas revendre ?

Certainement. Ce sont des vêtements qui ont une valeur émotionnelle, non pas parce ce qu'ils sont rares. Une veste Sisley bleue des années 80, avec laquelle j'ai parcouru les Caraïbes pendant 3 ans, sera laissée à mes enfants.

Le fait d'être italien dans ce domaine vous a-t-il aidé ?

Le passeport n'a jamais conditionné ma vie. Dans les affaires comme dans la vie, il n'est pas nécessaire d'être italien, américain ou japonais. Vous devez être ouvert, sincère, curieux, poli, respectueux, bon, gentil. Et n'oubliez pas que sans les autres, nous sommes seuls. Dans ma vie, j'ai fait des erreurs et je me suis mal comporté avec certaines personnes dans certaines situations. Dans ces rares moments, voire très rares, je me suis senti dégoûté de moi-même. Un sentiment auquel je ne veux jamais revenir. J'étais jeune et inexpérimenté.

Pour conclure, avec tout ce qui se passe aujourd'hui, comment pensez-vous que le marché de l'habillement va évoluer dans les prochaines années ?

Bonne question. Impossible de répondre surtout alors que nous vivons une crise profonde des valeurs, des incertitudes financières, du dégoût politique, de la confusion sur le travail, etc. etc. que ce virus n'a fait qu'accélérer, et non créer. Beaucoup de choses changent, nous ne reviendrons certainement pas à la situation antérieure. La grande opportunité réside dans la possibilité d'une révolution culturelle qui nous mènera vers un monde meilleur si nous nous concentrons sur la collaboration, la créativité, l'éducation, en limitant l'impact négatif sur les êtres humains et notre planète.

Si nous le voulons.

Mais je vois toujours la lumière, jamais le tunnel.





Levi's Type III Image transnomadica.com

Levi's Type III
Image transnomadica.com

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Levi's Type III
Image transnomadica.com

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Levi's Type III
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La grande opportunité réside dans la possibilité d’une révolution culturelle qui nous mènera vers un monde meilleur si nous nous concentrons sur la collaboration, la créativité, l’éducation, en limitant l’impact négatif sur les êtres humains et notre planète.

Si nous le voulons.

Mais je vois toujours la lumière, jamais le tunnel.
— Maurizio Donadi
Levis 701 - Made in USA Image transnomadica.com

Levis 701 - Made in USA
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Levis 701 - Made in USA
Image transnomadica.com

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Levis 701 - Made in USA
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Selon vous, quel est le meilleur endroit (ou pays) pour trouver des vêtements vintage ? Ou est-ce sur Internet ?

Cela dépend de ce que vous recherchez. C’est généralement l’objet qui vous trouve, étant donné le caractère unique de chaque recherche. Il y a certes des magasins, des sites, des marchés, des collectionneurs, etc. qui sont d’incroyables sources de recherche pour le vintage mais ces lieux sont “connus” par tous. Ce que je cherche, je le trouve généralement dans les pays où les déchets sont jetés. Et je n’en dirais pas plus.
— Maurizio Donadi
 
Nautical Jacket by Ralph Lauren Image transnomadica.com

Nautical Jacket by Ralph Lauren
Image transnomadica.com

Nautical Jacket by Ralph Lauren Image transnomadica.com

Nautical Jacket by Ralph Lauren
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THE BUOY PANT  Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT
Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT
Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT
Image atelierandrepairs.com

THE HAWAIIAN TUXEDO - Jean 501 réparé et ajout de 2 bandes en coton en tissu hawaïen Image atelierandrepairs.com

THE HAWAIIAN TUXEDO - Jean 501 réparé et ajout de 2 bandes en coton en tissu hawaïen
Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT Image atelierandrepairs.com

THE BUOY PANT
Image atelierandrepairs.com

 

Snow Peak - Lisa et Toru Yamai

 
 

Snow Peak est une marque outdoor cultissime au Japon, fondée en 1958 par Yukio Yamai. Grimpeur et amateur de plein air, Yukio Yamai a vu l'opportunité d'améliorer l'équipement d’escalade qu'il utilisait à l'époque et a décidé de se lancer dans l’aventure.

C’est avec des artisans de sa région natale que l’histoire commence. A l’instar d’Yvon Chouinard (qui se lancera un an plus tard), il parvient à faire fabriquer des piolets, des crampons et des pitons qu’il teste sur les pentes de son sommet préféré, le mont Tanigawa. L’équipement d’escalade sera pendant longtemps l’épine dorsale de la marque Snow Peak.
En 1988, Tohru Yamai, fils de Yukio Yamai, créé le concept de camping-car élégant et confortable.  En quelques années ce mouvement deviendra très populaire dans culture japonaise. C’est aussi lui qui amènera à Snow Peak une reconnaissance internationale dans le monde de l’outdoor. L’histoire familiale se poursuit toujours, puisqu'en 2014, Lisa Yamai, fille de Tohru Yamai lance Snow Peak Apparel, la ligne de vêtement de la marque. Elles est désormais présidente de Snow Peak Japan.

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Instagram de Tohru Yamai
Dirigeant de Snow Peak

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Instagram de Lisa Yamai
Dirigeante de Snow Peak Japan


 

L'ANNUAIRE - DAIKI SUZUKI

Crédit photo : Heddels.com

Crédit photo : Heddels.com

Connaissez-vous Daiki Suzuki ?

Designer né en 1962 au Japon, il est le fondateur de Engineered Garments, une marque basée à New York qui revisite les vêtements de l’héritage américain. Depuis 2006 il est également le designer d'une autre marque américaine bien connue : Woolrich. Enfin, pour plus précis de Woolrich Woolen Mills, une deuxième ligne de Woolrich.*
Pour la petite anecdote, Daiki Suzuki avait postulé chez Beams avant sa sortie d’école. Sans succès.

Je pense que c'était environ six mois avant l'obtention de mon diplôme. Mon ami m'a dit que nous devrions chercher un emploi à temps partiel dans un magasin de vêtements jusqu'à ce que nous ayons des offres d'entreprises liées à la mode. Alors qu'il commençait à travailler chez BEAMS, j'ai leur ai apporté mon CV pour obtenir le même travail, mais ils ont rejeté ma candidature sur-le-champ. Imaginez à quel point j'étais choqué” 
Daiki Suzuki via Nepenthes.co 

*on a beau chercher, la différence entre les deux n'est pas claire - sur Internet tout du moins