La Mode, l'Art et Instagram

 

Vous en avez peut-être déjà entendu parlé. Le 17 Juin dernier a eu lieu le 1er salon dédié à Instagram. Le Salon des instapreneurs comme ils disent.

L'occasion pour nous de vous partager 2 comptes ultra réussi et toujours bien sentis. Ces marques arrivent à mêler ART et Vêtements à merveille. Leur force ? L'impression que notre rapport à l'Art est aussi simple, rapide et accessible que celui qu’on a avec la Mode.
C’est un peu les mêmes ressorts qui sont utilisés lorsque que le journal Le Monde offre un exemplaire de La Comédie Humaine de Balzac dans un coffret. Le lecteur a la subtile impression que l’acte de lire La Comédie Humaine est aussi facile et rapide que celui de lire Le Monde entre 2 tartines de confitures aux fraises.* Le sentiment que l’on peut passer de l’un à l’autre sans effort. Et ça, mine de rien c'est très fort.

*confiture préférée des français d'après un magazine féminin dont on a oublié le nom

 

Bonne Maison

La prousesse de cette jeune marque française de chaussettes féminines (elles sont fines, parce que plus féminines), c'est de réussir à retranscrire l'univers coloré d’œuvres d'Art sur leurs chaussettes.

 

STOFFA

Si vous nous suivez, vous savez sans doute que l’on aime beaucoup l’esthétique de cette marque.
Beaucoup de références à l’artiste CY Tomwbly. Un artiste que dont on a eu l’occasion de voir une partie de ses œuvres lors d’une exposition au centre Pompidou. Et l’on doit dire qu’elles sont beaucoup moins évidentes à appréhender en vraies que via des publications Instagram.

 

Samuel Gassmann : l'artisanat de luxe français des boutons de manchette

 
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Samuel Gassmann - Boutons de manchette

Rencontre et échange
au sein de son atelier de fabrication parisien

 

Histoire du bouton de chemise

L’aventure de Samuel Gassmann a commencé à la suite de recherches sur le plus petit élément du vestiaire masculin, l'idée étant de proposer ce sujet à la chaîne franco-allemande ARTE.
Première étape, la visite du musée de la nacre à Méru dans l’Oise, à proximité de Paris. Comme le souligne Samuel, bien souvent les musées émergent là où les industries s’effondrent. Et une industrie de poids. En effet, au XIXème siècle il s’agissait de la capitale mondiale du bouton de nacre. Des dizaines de milliers d’ouvriers du département travaillaient dans ce secteur en plein essor.

En continuant ses recherches sur ce qu’était un bouton de chemise, il a découvert qu’au au moment de la révolution bourgeoise de 1789, des codes très précis sur la forme et la fonction du bouton de chemise ont été crées.  Pourquoi ? Pour des raisons pratiques essentiellement.
Les artisans de cette époque fabriquaient et revendaient via les Grands Magasins. Dès lors, comment différencier les boutons à destinations des chemises homme de ceux destinés aux femmes ? En employant un diamètre plus petit pour les boutons féminins.
Le résultat est un disque en nacre franche* (la nacre n’était pas aussi rare à l’époque) de 11 mm de diamètre, un rebord de 1 mm et avec 4 trous pour les hommes. Pour les femmes, les boutons ont les mêmes spécificités, si ce n'est qu'ils font 9 mm de diamètre.
Cette liste de détails correspond aux caractéristiques précises des boutons de jours. Car oui, il existe des boutons pour chaque moment de la vie quotidienne. 5 moments exactement :

  • Négligé : qui correspond au matin, en prenant le petit déjeuner en famille par exemple.

  • Jour : en nacre franche

  • Sport : oui à l'époque on portait des chemises pour faire du sport, au tennis par exemple. Les boutons présentaient un rebord de 2 mm pour plus de solidité.

  • Soir : nacre grise avec un rebord de 1 mm.

  • Apparat : pour les grandes occasions, le bouton étant généralement plat et symbolisé avec une gravure.

*la nacre franche est une variété de nacre très appréciée pour sa blancheur

                                                                      &nbs…

                                                                                                              Vous l'aurez probablement remarqué, il s'agit des boutons du jour

Des caractéristiques que l’on retrouve encore aujourd’hui. Vous pourrez vérifier par vous-même, hormis les boutons fantaisistes - types chemises XOOS -, de gap à H&M en passant par Zara, tous vos boutons de chemises font 11 mm. Ce code n'a pas bougé depuis le XIXème siècle. Samuel me précise par exemple que chez Charvet ils sont plats avec un rebord symbolisés. (typique des boutons d'apparat)
Et qui disait boutons différents, disait chemise différentes pour chaque moment de la journée. Globalement aujourd'hui vous aurez remarqué que ce n'est plus vraiment le cas. Les chemises sont moins différenciées et tous les boutons se ressemblent plus ou moins. Excepté pour...les boutons de manchettes ! Les premières traces remontent au XIVème siècle, mais mais l’âge d’or des boutons de manchette durera du début du XIXème siècle jusque dans les années 1970.

 

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Tous les boutons de chemise homme, quelque soit la marque, font 11 mm de diamètre.
Si vous allez chez Charvet, Gap ou Zara, ils ont tous la même dimension, sauf recherche un peu “design”.
— SAMUEL GASSMANN

 

Naissance de sa 1ère collection

Une question a très vite intéressé Samuel : est-il possible de trouver des formes et des matières qui expliquent par elles-mêmes comment les utiliser ? Presque dénué de tout design en un sens.
Venant de l’histoire de l’art, période 1907 1914 (cubisme, constructivisme, futurisme…), il s'inspire de l'esprit de l'époque : simplification de la forme pour accéder au réel et le rendre plus lisible. Toute la démarche de ses 3 premières collections repose sur cette idée. Un an et demi de créations et de simplifications des portraits obtenus. (un portrait étant un thème de boutons de manchette).

Un exemple de réflexion menée concerne le lien du bouton. On s'explique. Il y a 8 ans, quand il a commencé, les boutons de manchettes faisaient tous 90° avec un fermoir à bascule dont unqiement un côté qui présente une face "jolie".
Or l’angle d'un poignet mousquetaire (et ce quelque soit la morphologie de la personne) ne fait jamais 90°. Plutôt 45°. Un angle qu’a repris Samuel pour tous les boutons de sa collection.
On le conçoit, dit comme ça, ce n'est pas forcément très clair. En image ça devrait vous parler :

Toutes ces réflexions et recherches ont permis de créer les portrait jours et nuit. Pour les autres portraits, il a fallu procéder autrement. En effet, les familles qui fabriquaient des boutons de nacre n’ont, pour la grande majorité, pas laissé beaucoup de traces écrites sur le sujet. La transmission était majoritairement orale. La suite de ses recherches s’est donc déroulée en collaboration avec des artisans en activité, dans l'idée de voir ce qu’il était possible de faire. S’il l’on prend par exemple les trois catégories qui laisse le plus de liberté à la créativité :

  • Apparat : peu de documentations approfondies sur le sujet. Samuel utilise des matériaux qui ont une histoire. En bronze principalement. Pourquoi ? Parce que cette matière fut une des premières utilisées pour les bijoux homme. C'est une matière incroyable mais très peu employée en bijoux homme actuellement. Contrairement à l'argent.

  • Négligé : le troca, coquillage un peu moins cher, était vraisemblablement utilisé à l'époque. Mais en poussant un peu plus loin, (et en s'éloignant un peu de la théorie), Samuel a décidé d'employer d'autres matériaux comme l’ébène, le vison, le mouton, le cheveux, ou même de l’os de vache indienne (NDLR : c’est l’âme des vaches qui sont sacrées, et le corps importe moins, donc une fois morte…) et de la feuille d’or.

  • Sport : là encore la théorie n'est pas claire. L'idée de Samuel était donc de se demander ce qu'était un vêtement de sport. Pour lui il s'agit très souvent d'un vêtement support sur lequel l'on peut inscrire à quelle équipe l'on appartient. Comme pour une toile de peinture en quelque sorte. Un matériaux qui répondait à ce cahier des charges fût la porcelaine car facile à peindre.

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Ce qu'on apprécie beaucoup, c'est qu'en partant de ce travail de recherche sur les boutons de chemises, ses boutons de manchettes ont fini par leur ressembler, s'éloignant ainsi de l'idée des boutons de manchette plus "voyant", plus "bling bling".

 

Autres collections

Par la suite, l'idée était de sortir du cadre des recherches initiales sur le bouton et d'initier une autre démarche, un peu plus "fun". Samuel m'explique un peu sous la forme d'une boutade, que puisque que personne ne porte de boutons de manchette, autant être original. Une boutade car les Grands Magasins américains en sont friands.

Il créé alors portraits sur le Temps, sur Mondrian, sur le Corps ou encore l’Alphabet avec un typographe. Il sort du cadre de la simple paire de boutons de manchette, pour raconter une autre histoire. Ainsi pour l'Alphabet, il y a les 26 lettres. Dans ce cas aucun bouton ne va forcément de pair avec un autre, plusieurs combinaisons sont possibles. 

                                                                      &nbs…

                                                                                                                                            Portrait sur le temps

Enfin, cette recherche initiale de luxe discret fût étendue à d’autres accessoires : porte-clés, nœuds papillon et cravates (en collaboration avec la maison Boivin), bagues...
Pour les cravates par exemple, elle sont 100% soie (et sans triplure) mais surtout...9 plis. Quelque chose que on n'avait pas encore vu, même s'il est vrai que des maisons italiennes en produisent également. Avis aux amateurs....

                                                                     Fermo…

                                                                     Fermoir en argent du noeud papillon : il est invisible une fois porté, un luxe discret qu'apprécie beaucoup Samuel

 

Fabrication

Les boutons de manchettes sont fabriqués à la main dans son atelier parisien. Plusieurs étapes sont nécessaires : le polissage, la soudure...Des connaissances que Samuel a apprises sur le tas, en travaillant notamment avec d'autres artisans ou en créant ses propres techniques. Comme pour l'utilisation de la feuille d'or. Le bouton étant amené à frotter régulièrement, un procédé spécifique a dû être créé.

Ce qui est intéressant avec cette partie fabrication, c’est que les techniques évoluent tous les jours. C’est un milieu en total mutation par rapport au travail de la matière. C’est assez enthousiasmant.
Par exemple, j’utilise un émail à froid développé il y a 4-5 ans. Ce qui n’était pas possible avant. Il fallait avoir son four ect...ça ne changeait pas grand chose, mais c’était un peu plus lourd.
— samuel gassmann


Pour les savoir-faire vraiment très pointus, il est amené à travailler avec d'autres entreprises. Ses bagues ont pu voir le jour grâce à l'alliance de la haut technologie et de l'artisanat.

  • La 3D permet de créer le moule de la bague via ordinateur. On arrive à des degré de pureté et une précision incroyable. Quelque chose qu'on ne pouvait avoir avec la main...Avec ces nouvelles techniques, le travail se concentre beaucoup plus sur l'idée et le dessin.

  • Les diamants "tailles en rose"  - qui ont la particularité d'être à fond plat - ont été façonnées par des artisans

samuel gassman paris bouton de manchette luxe

Note : Pour ceux qui se demanderaient, tous les boutons de ses collections font 11 mm, et le plupart sont réalisées en nacre et argent. (et le reste en bronze, porcelaine, cuir..)

 

 

Distribution 

Les boutons et autres accessoires sont disponibles sur son e-commerce ou via les Grands Magasins (Barneys, United Arrows, Bon marché - à côté des cravates au sous-sol -...). Disponibles également chez Maison Degand à Bruxelles.

Un atelier-boutique devrait vraisemblablement voir le jour l'année prochaine à Paris. Un lieu où toute la collection sera disponible ainsi qu'une offre sur-mesure. A suivre !

 
 

Reportage : Savoir faire, les ateliers du Luxe

 

Un documentaire où vous apprendrez notamment que :

 

Hermès

  • Quasiment 2 ans sont nécessaires pour réaliser un carré de soie Hermès (foulard en soie de forme carré, masculin ou féminin) dont 800 à 900 heures pour réaliser l'opération dite de photo-gravure (réalisation des futurs dessins qui seront imprimés sur les carrés)
  • Le "roulotage" du bord des carrés Hermès est systématiquement effectué à la main et prend jusqu'à 45 minutes

 

 

Weston

  • Les chaussures JM Weston sont assemblées dans une usine du centre de la France (Limoges) : un chausseur 100% français contrairement à ce qu'on pourrait croire (à cause de son nom anglais entre autres)
  • Les cuirs sont issus de la tanerrie Bastin, propriété de Weston
  • Le tannage végétal à base de bois est effectué selon un procédé artisanal qui n'a pas bougé depuis 1806. On rappelle que l'objectif du tannage est de rendre la peau imputrescible (qui ne pourrie plus)
  • Ils travaillent majoritairement le croupon (partie la plus épaisse et la plus ferme d'une peau) pour la réalisation de la semelle
  • 40 jours trempage dans des mélanges de tanin + 8 à 12 mois placées dans fosses, entre des écorces de chêne + nourries à l'huile de foie de morue...
  • Petite astuce pour tuer les éventuelles mouches qui pourraient coller au cuir en cours de processus de tannage : conserver les toiles d’araignées qui peuplent les ateliers !
  • L'aplanissage du cuir se fait via une presse de 10 tonnes
  • 180 opérations différentes sont effectuées pour la fabrication d'une bottine Weston
  • Une 30aine de paires sont produites par jour
  • Les paires qui ont fait leur temps sont restaurées dans un atelier spécifique au sein de l'usine. Du ressemelage principalement.

 

...et bien d'autres choses !

 

Montres connectées VS Montres classiques

Jean-Claude Biver, né au Luxembourg et résidant Suisse, est actuellement à la tête de 3 marques de montres de luxe : Hublot, Zenith et TAG Heuer. Une personnalité atypique du secteur que vous aurez l'occasion de découvrir à travers cet excellent podcast de Tyler Brûlé.

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Résumé des sujets abordés :

  • La révolution Apple Watch

  • Les désirs de la nouvelle génération

  • Réflexion atour de l'arrivée des montres quartz sur le marché par le passé

  • Montre connecté vs montre "traditionnelle"

  • Le futur de l'industrie Suisse

  • L'évolution du marché du Luxe

  • Internet vs les boutiques physiques

6 CITATIONS POUR VOUS DONNER ENVIE D'ECOUTER CE PODCAST

Whatever the brand is, you can not make a quartz movement differently. It is the same with connected watches [...] In the mechanical watches, there you have all the particularities, all the identities.
— Jean-Claude Biver
What is a mechanical watch ? It is eternity in a box…it is like Big Ben in London, still working after 150 years !
— Jean Claude Biver
You can only be a leader if you have followers […] its better if you are 5 competitors, because you are 5 people to advertise, you are 5 people to promote […] competition helps everybody
— Jean-Claude Biver
Even Rolex produced a quartz movement […] those Rolex have a high value because they’re not many because they give it up very quickly
— Jean-Claude Biver
The more you sell connected watches, the more you promote the Art…because when the young kids, who don’t wear watches today (they look on the phone what time it is), they might buy a connected watch […] it is easy 10 years later to sell them a piece of art […] we are producing art for your rest
— Jean-Claude Biver
We have no choices, I believe, to make paternships, and to try to have slowy technical and technological transfer…but to think that one day you will have a Silicon Valley in Switerzland making mico processesor, it is an illusion…Switrzerland will remain an concentration of art, tradition and culture
— Jean-Claude Biver

Vous voulez en savoir plus ?

Dans ce cas on vous conseille de regarder ce reportage réalisé par l'excellente équipe de Hodinkee

Galeries Lafayette : reportage dans les coulisses de la mode

 

Encouragé par les retours positifs sur le partage du reportage consacré à Isabel Marant, on vous propose ce mois-ci de visionner ce documentaire consacré à l'envers du décor des Galeries Lafayette.

Edit : Le reportage Arte n'étant plus disponible, vous pouvez regarder un équivalent ci-dessous :

Les Galeries Lafayette ouvrent leurs portes à Paris en 1894. Situé à deux pas de la gare Saint-Lazare et de l'Opéra, ce magasin de nouveautés rencontre immédiatement un franc succès et ne cesse de s'agrandir. En 1912 est inaugurée la coupole devenue l'emblème de ce temple de la consommation...

 

C'est par ici : Reportage Galeries Lafayette - ARTE
*Attention la diffusion de ce documentaire est limitée dans le temps

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