O’Connell’s clothing

 
 

Texte : Mathieu @Bestshopsintown

À la découverte de “O’Connell’s clothing” 

Les États-Unis, comme beaucoup de pays occidentaux, ont très tôt emboîté le pas de la mondialisation et de la délocalisation vers des territoires proposant une main d’œuvre à moindre coût. S’en ai suivi la fermeture de nombreuses usines, la perte de certains savoir-faire et la mort de marques iconiques. Mais certains ont lutté au fil des années et contre les difficultés pour aujourd’hui briller aux yeux de tous comme des marques références.  

C’est le cas par exemple de la marque de chaussures de Middleborough dans le Massachusetts, la célèbre Alden, qui a su préserver son savoir-faire et son usine historique tout en se développant et en acquérant une renommée internationale.  

J’ai d’ailleurs pu me rendre il y a quelques mois dans une des boutiques Alden, celle de Washington DC, qui n’est autre que l’une des deux seules boutiques officielles de la marque sur le sol américain. 

Une rencontre fortuite 

Une fois dans la boutique, je suis accueilli chaleureusement par Brian Valencia, le responsable du magasin. Après avoir essayé quelques paires de souliers, nous échangeons sur la marque, son histoire mais également l’image qu’elle véhicule au Japon.

Véritable objet culte, il m’expliquera que certains Japonais vont jusqu’à acheter 10 paires uniquement en Cordovan. Reconnu pour la beauté de sa patine au fil du temps, nous ne pouvons qu’être d’accord avec eux. Puis nous digressons sur les vêtements et Brian m’explique qu’il est un inconditionnel des vêtements de seconde main de certaines époques.

Que ce soit les vestes Barbour faites en Angleterre dans les années 80, les chemises Brooks Brothers OCBD de l’époque en coton bien épais et confectionnées aux Etats-Unis ou plus récemment des collections JPress (Brian a longtemps travaillé pour la marque) de la fin des années 90 au début 2000. C’est un véritable passionné qui vit et respire vêtement. 

Mais pour la maille, Brian ne jure que par une seule adresse. Je m’attends à ce qu’il me cite une marque disparue il y a de cela bien longtemps. Mais à mon grand étonnement, non. 

Bienvenu chez O’Connell’s Clothing à Buffalo 

Brian me décrit un endroit où il aime y passer des journées entières, à chiner, trouver la pièce à ajouter à son vestiaire. Mais il me met en garde, l’endroit est à plus de 7 heures de voiture de Washington, à Buffalo dans l’État de New York  plus exactement. Après un rapide coup d’oeil sur la carte, la ville se situe exactement à la frontière avec le Canada, pile sur mon chemin du retour, ce sera donc un stop obligatoire.  

Quelques jours plus tard, me voilà à Buffalo. La ville, rendue “célèbre” il y a quelques semaines par un triste évènement, n’est pas très accueillante. Beaucoup de bâtiments au charme industriel sont abandonnés, la pauvreté semble régner et même le campus universitaire est vide pour cause de vacances. En bref, une ville sans charme apparent.

Mais je suis venu ici dans un but précis. C’est alors que sur une des artères principales de la ville, je découvre un grand bâtiment en briques rouges avec les fameuses lettres OCONNELLS. Je suis arrivé à  destination. Je pousse la porte, bienvenue dans l’antre. 

Le magasin, son histoire et ses produits 

Une fois la porte ouverte, je suis de suite surpris par l’atmosphère. Le calme règne et je suis accueilli par John Huber, qui fait partit de la seconde génération de la famille. Ce business a été fondé en 1958 par trois joueurs de football américain, membres des Buffalo Bills mais racheté l’année suivante par le père de John, Bernhard alors employé.
Le magasin est resté depuis lors au sein de la  famille Huber.

Ils proposent des vêtements pour homme, femme et jeune garçon. C’est dans les  années 60 que la ville de Buffalo a connu son âge d’or et de nombreux magasins proposaient des vêtements classiques pour les étudiants du coin. O’Connells avait pour concurrents des boutiques comme Burns Bros, Campus Corner ou encore Cresbury’s. Et force est de constater qu’O’Connells est aujourd’hui le dernier survivant d’une époque révolue. Le lieu, l’atmosphère qui y règne, la  marchandise proposée et la qualité de cette dernière nous fait vivre une sorte de bon dans le temps. 

Les pièces proposées sont typiques du style américain traditionnel des années 50 à 80, un mélange de preppy, ivy et classicisme. 

Dès l’entrée je suis surpris par la quantité et le nombre de références à disposition. Tout est rangé par taille, couleur, types d’accessoires (cravates, ceintures, boutons de manchettes, chaussettes,  casquettes, etc...). 

Mais le “pire” reste à venir. C’est dans la seconde partie du magasin que la magie opère. C’est bien  simple, il y en a absolument partout, du sol au plafond. Que ce soit des paires d’Alden, Quoddy,  Allen Edmonds, des vestes sport en seersucker, madras, des chemises OCBD manches courtes ou  longues, des pantalons à plis ou sans, des vestes waxées, raincoats et autres manteaux d’extérieur,  des costumes dans toutes les laines et poids que vous désirez…la liste est beaucoup trop longue.

Et comme si cela ne suffisait pas à vous combler, ils possèdent aussi un très important  stock de pièces NOS (New Old Stock), donc des pièces vintage mais neuves possédant encore leur étiquette originale. Je comprends mieux quand Brian me disait qu’il y passait des heures. 

D’ailleurs, il m’avait mentionné la maille. C’est bien simple, on trouve ce qui se fait de mieux,  Shetland, Cashmere, Fair Isle, Cricket, Merino…

L’ensemble des pièces viennent des  meilleurs ateliers et spécialistes dans leur domaine. C’est à dire des Etats-Unis, du Canada ou du  Royaume-Uni.
Quelques marques sont disponibles comme Barbour, Alden, Filson, Drake’s,  Mackintosh, Wigens ou encore Chrysalis mais la plupart des produits sont à en marque en propre. 

Comme l’a déclaré John Huber, actuel président de l’entreprise “notre philosophie et notre offre n’ont pas vraiment évolué dans la mesure où nous sommes reconnus pour notre connaissance sur  les produits que nous proposons. Nous ne changeons pas notre sélection en fonction de la mode du  moment”. 

Une envie d’y retourner 

Vous l’aurez compris, O’Connells est un voyage où tous vos sens sont en éveil et l’envie de fouiner à  travers les monticules de vêtements pour trouver la pièce qu’il vous faut est omniprésente. Etant donné qu’il ne s’agit pas d’un voyage facile d’accès, on peut au moins se consoler avec leur site internet où vous retrouverez une grande partie de leur stock.  

Mais je ne peux que vous conseiller de vivre l’expérience pleinement en vous rendant sur place si  jamais vous passez dans le coin et de faire quelques folies. À bon entendeur…

O’Connell’s Clothing 
3240 Main Street 
Buffalo, NY 14214

Chaussettes Bresciani