Kit Blake London
/Note : nous avons demandé à Kit Blake London de nous envoyer le pantalon et le short que vous allez découvrir dans cet article.
Texte : Romain @Lastrolab
Photos : Thomas M.
Marseille, juin 2005, fermez les yeux et imaginez la scène…Enfin non, gardez les yeux ouverts ça vaudra mieux pour la suite. Je disais donc, juin 2005, j’ai 16 ou 17 ans, j’essaye en boutique un pantalon en lin blanc. Le vendeur qui me voit hésiter et craint pour sa commission me glisse un « en plus, les filles aiment le lin ». Il n’en fallait pas plus pour que mes hormones et mes insécurités prennent le volant et me guident jusqu’à la caisse, non sans attraper au passage une sublime casquette Von Dutch assortie. En effet, comment ne pas pécho au Bazaar (Bd Rabateau, 13008) avec ce magnifique pantalon blanc, au bas grisé par la souillure des vodka-pomme (le Red Bull était encore interdit en France) sans véritable forme et au tissage tellement lâche que mes poils de jambes passaient à travers, tout comme les motifs criards de mon caleçon Pull-in. Je me demande même s’il n’avait pas des cordons aux chevilles, au cas où. Ça va vous surprendre, mais non, je n’ai pas pécho cet été là.
Il m’aura fallu 17 ans (je viens de recompter, je suis effaré par ce chiffre) pour surmonter ce traumatisme et essayer de nouveau un pantalon en lin. Comme vous le constatez sur les photos, ce pantalon, de la marque Kit Blake, n’a rien à voir avec celui des chaudes nuits de ma fin d’adolescence. Après tout, il serait tellement dommage de se passer complètement du lin, qui a l’avantage de respirer plus que le coton et de gratter moins que le fresco (personne ne parle du fresco qui gratte, le lobby de la laine froide a bien travaillé).
Dès les premières manipulations, la qualité du lin saute aux yeux. Lourd et souple à la fois (bien sûr qu’il froissera, ça reste du lin) le tissu garde une belle tenue qui met en valeur sa coupe.
Pour ses pantalons en laine, Kit Blake propose une couple ample avec un beau drapé tout du long de la jambe. Pour le lin et le coton, la marque a choisi d’ajuster légèrement sa coupe pour prendre en compte les spécificités de ces tissus. Les plus callipyges d’entre nous pourront peut-être choisir une taille au dessus de leur taille normale pour plus de drapé et ajuster les pattes de serrage sur les côtés. La taille est mi-haute, quelques centimètres sous le nombril. Sur le devant, les deux plis (rassurez-moi, vous ne dites plus « pinces » quand même ?) ont le bon goût d’être suffisamment profonds et orientés vers l’avant, à l’anglaise (ou à la française, comme vous voudrez). Vous l’aurez compris, on est loin du pantalon de backpacker à imprimé éléphants (celui que vous avez rapporté après avoir « fait » l’Asie du Sud-Est).
Lors de chaque première commande, les pantalons sont livrés sans ourlet afin de permettre à chacun de choisir sa longueur idéale. Pour éviter tout malentendu chez le retoucheur (« pas trop long, mais trop court non plus, hein ») le carton de livraison contient un feuillet avec trois exemples illustrés de longueurs possibles. Une fois la bonne longueur déterminée et mesurée, il sera possible de la communiquer lors d’une prochaine commande, pour vous éviter l’aller-retour chez le tailleur (le commerce de quartier vous remercie). Autre bonne surprise, un petit cintre métallique à pince vous permettra de suspendre votre pantalon comme il se doit et préserver son repassage, si la hauteur de votre penderie vous le permet.
En termes de finitions, rien n’est à redire. Le travail à la machine est impeccable. L’intérieur est très bien fini avec un gansage omniprésent et des plis dans le rideau de ceinture. Nous sommes en présence d’une belle façon italienne. Dernier détail notable, les boutons pour les bretelles sont déjà cousus. Les amateurs apprécieront.
J’ai également pu essayer un bermuda en coton. Le bermuda présente la même qualité de fabrication et la même coupe que le pantalon. A l’exception de sa longueur bien sûr…
Peut-être davantage que pour le pantalon, j’aurais pu prendre une taille au dessus pour gagner en aisance. Encore qu’après un ou deux jours de port, le short s’est détendu et est devenu tout à fait confortable (je n’ai malheureusement pas de photo pour appuyer mes propos, mais vous pouvez me faire confiance). Un détail original conclut le bermuda : l’ourlet est fini avec un revers.
Le pantalon en lin est vendu à 290 euros (250 pour de la laine, et 190 pour le coton) et le bermuda 170 euros. La dépense n’est pas anodine, mais la qualité est au rendez-vous, et il n’est pas impossible que je me laisse tenter par une jolie flanelle pour l’hiver...
Fondée en 2019 à Londres, Kit Blake propose des pantalons inspirés de la plus pure tradition de Savile Row et réalisés en Italie dans des tissus anglais et italiens. La philosophie de la marque est d’offrir des pantalons au style intemporel pour aider les hommes à sortir de leur jeans, sans pour autant sauter dans un costume. Parce qu’il n’y a pas que les pantalons gris dans la vie, la marque prépare des éditions limitées dans des tissus originaux, des pantalons plus décontractés, comme ses bermudas, et, qui sait, peut être également un programme de MTO/MTM...