L'histoire des lunettes noires de Michel Dalloni
/On connaissait Michel Dalloni pour son livre Le Vélo paru en 2013. Cycliste amateur et rédacteur en chef de l'Équipe, il a également dirigé le service des sports au Monde. Il revient cette année avec un nouveau livre intitulé Lunettes Noires aux éditions La Tengo.
Résumé de la quatrième de couverture :
Imaginées il y a bien longtemps pour se protéger du soleil, les lunettes noires se sont imposées au XXe siècle comme l'accessoire essentiel de la garde-robe des stars. Certains modèles collent pour toujours à la peau des vedettes qui les portent. Que seraient Audrey Hepburn, Ray Charles, Karl Lagerfeld ou Madonna sans leurs verres teintés ? Qui reconnaîtrait Michel Polnareff sans ses légendaires Télésol (portées d'abord par Sophia Loren) ? "Avec mes lunettes de soleil, je suis Jack Nicholson.
Sans elles, je suis gros et j'ai 60 ans", confiait l'inoubliable interprète de Shining. Un tel pouvoir exhausteur ne pouvait pas laisser insensible. La planète entière a fini par succomber. "Les solaires, c'est comme la barbe : c'est la revanche des moches ! Ca va à tout le monde", décrypte le journaliste Marc Beaugé. On les porte aussi bien pour dissimuler ses sentiments (tels les juges chinois du XIIe siècle) que pour séduire (n'est-ce pas Lolita ?) ou pour effrayer (comme les dictateurs Pinochet ou Kadhafi).
Chaque seconde, 30 paires de lunettes noires se vendent dans le monde. Et Elton John en aurait acheté 20 000 à lui tout seul... Mais que se cache-t-il derrière cette industrie lucrative (plus de 20 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel) et ses marques mythiques (Ray-Ban, Persol, Oakley...) ? Pourquoi et comment porte-t-on des lunettes noires ? Qui les a vraiment inventées ? Quels progrès vont-elles encore accomplir ? C'est à ces questions et à bien d'autres que Michel Dalloni répond avec ce livre enquête unique en son genre, qui revisite des pans entiers de l'histoire du cinéma, du rock, de la littérature, de la mode, du sport, de la nuit et de l'érotisme.
Intéressé par cette mise en bouche, nous avons demandé aux éditions La Tengo de nous faire parvenir un exemplaire, ce qu’ils ont gentiment accepté.
Première impression sur la forme, le livre (uniquement disponible en Grand Format pour le moment) est pourvu d’une couverture souple. Ça n’a l’air de rien, mais cela facilite grandement la lecture. Particulièrement si, comme nous, vous lisez régulièrement dans les transports en communs.
Mais revenons sur le fond, par où commencer ? Par un petit coup d’oeil au sommaire. Et comme on ne l’a vu nul part, on se permet de vous le partager.
Lunettes Noires couvre à peu près tous les sujets liés de près ou de loin à cet accessoire devenu culte. Aussi bien d’un point de vue industriel et technique que historique, culturel, politique et sportif. C’est un livre facile à lire, et on est sûr que vous y apprendrez (et retiendrez) forcément quelque chose.
Qui connaît par exemple les lunettes Zafira de FAOSA (Fabrica de Armazones Opticos South America) ? Ce fût les lunettes du pionnier du look de rockeur à lunettes noires : Roy Orbison. Cette marque, fondée en 1925 par Jose Cuttler, a commencé à fabriquer des lunettes à Mexico avec l’aide d’un technicien suisse. La popularité du modèle Zafiro (qui à des airs de Wayferer) a explosé lorsque le chanteur Buddy Holly a commencé à les porter.
Autre exemple, Michel Dalloni revient sur le “mystère” qui entoure la marque des lunettes de soleil que porte Robert De Niro dans Taxi Driver. Il ne s’agit pas de Ray-Ban Caravan. J’étais moi même persuadé qu’il s’agissait de Randolph Engineering. Erreur. Il s’agit en fait des Original Pilot d’AO Eyewear.
On pourrait également parler de Robespierre. Qui savait qu’il fût guillotiné avec des lunettes aux verres teintés sur le nez ?
En parlant de teinte des verres, celle préférée de Johnny Depp est le bleu. Bon, ça, vous le savez sans doute déjà. Mais ce qu’il faut retenir c’est que contrairement au jaune ou au marron, les verres de teinte fantaisistes comme le bleu ou le rose n’ont pas de particularité optique spécifique et n’ont finalement qu’un intérêt esthétique.
Connaissez-vous l’inventeur des lunettes mouches, Henri Guillet, fabricant du Jura ?
Ou avez-vous déjà entendu parler des “lunettes de soleil d’intérieur” ? En 2008, Blue Shark Optics lance un traitement de surface inédit baptisé Cristalion-3. Une petite révolution. Il s’agit en fait d’une innovation destinée aux joueurs de poker. Elle permet de voir "comme en plein jour" tout en empêchant aux autres joueurs de percevoir son regard. Un avantage considérable pour ce jeu qui implique souvent une lecture de la psychologie de ses adversaires.
On pourrait multiplier les exemples à l’infini tant le livre en regorge. Comme mentionné sur la quatrième de couverture, Elton John possèderait plus de 4000 paires de lunettes stockées dans chacune de ses résidences entre Londres et Los Angeles. Il lui arrive même de demander une chambre supplémentaire (climatisée à 16° maximum) pour loger ses paires lors de ses tournées.
On parlera pour finir de Pierre Marly, opticien de renom, il a dessiné des lunettes pour les plus grandes vedettes de la seconde moitié du XXe siècle : Audrey Hepburn, Romy Schneider, Lauren Bacall, Jacqueline Onassis, Madonna mais aussi Michel Serrault, Francis Blanche, Lino Ventura, Michel Legrand, Valéry Giscard d’Estaing ou encore Serge Gainsbourg et Michel Polnareff. C’est également un grand collectionneur, une partie des milliers de lunettes qu’il a accumulé est exposée au Musée de Morez. L’une des collections les plus prestigieuses au monde.
En définitive, Lunettes Noires de Michel Dalloni est un très bon livre pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur son histoire et ses anecdotes.
L’essentiel des sujets sont abordés. Il ne tient, ensuite, qu’à vous de les approfondir si l’un d’entre eux vous passionne.