Pantalon (3/6)
/Vous allez me dire, Thomas tout ça c’est très bien mais en pratique comment je fais pour différencier un pantalon bas de gamme / haut de gamme ? A force d’exercer votre œil et de comparer, vous allez reconnaitre assez facilement les finitions grossières et les matières bas de gamme. Soyez curieux, le mieux étant de voir ce qui se fait dans le très haut de gamme - quand bien même vous n’achèteriez pas -. Avec le temps vous pourrez dénicher des perles parmi les marques les moins chères. Vous arriverez à repérer celui qui sort du lot au milieu de milliers de bouses qui accrochent la poussière ou qui ressemblent plus à du plastique brillant qu’à du coton.
Point d’attention : je remarque souvent que les personnes qui débutent cette démarche se focalisent beaucoup (trop) sur les détails. Et cela pour une raison assez simple : ils sont très faciles à identifier. On dès lors tendance à s’y accrocher pour se faire un avis sur une pièce. L’allure générale des vêtements est au début beaucoup plus difficile à capter.
Rappelons qu’une fermeture YKK ça ne coûte pas grand chose. J’en vois sur mes pantalons Uniqlo à 20 balles. Les points d’arrêt sur les poches c’est pareil. Je ne dis pas qu’il ne faille pas y prêter attention, mais ne vous focalisez pas uniquement là-dessus. La matière, la couleur et la coupe d’abord ! Le reste suit en général.
Les couleurs
Tenues formelles (les costumes)
Le bleu est LA couleur du XXIème siècle (cf le livre Bleu, Histoire d’une couleur de Michel Pastoureaux). Les pantalons n’échappent pas à cette règle. Je pense aux jeans notamment. Aux chinos également. Des nuances de bleu quasi-infini. Le bleu est un très bon choix, que ce soit pour des tenues formelles ou casuales. Il ira quasiment avec tout. Prise de risque minimale.
Le gris - anthracite en particulier - fera des merveilles pour vos pantalons en flanelle. Il s’accordera parfaitement avec tous vos souliers. Qu’ils soient noirs ou couleur tanné. (Une sorte de brun roux ou parfois beige). Le gris reste donc un bon choix pour les tenues formelles.
Le marron est à mon sens le dernier choix pour les tenues formelles. Le marron foncé j’entends. Il est par contre plus difficile à associer avec des chaussures qui seraient marrons elles aussi.
Tenues informelles (tout le reste)
Pour toutes vos tenues casuales, vous avez une myriade d’autres possibilités :
- Beige : sable, ivoire, cannelle…
- Rouge : bordeaux…
- Vert : militaire, forêt…
Bien entendu le bleu, marron et gris restent aussi des bonnes options. (Bleu pétrole, Marron noisette, Gris souris …). Sans parler des couleurs plus vives comme l’orange ou le jaune. Elles peuvent également très bien s’intégrer. Pour vous donner un exemple :
De manière générale, privilégiez les teintes vives pour l’été et les teintes plus foncés pour l’automne hiver. Cette règle n’est bien évidemment pas absolue. Mais mieux vaut d’abord la maîtriser avant d’aller haut de là.
Quid du noir ? Si vous lisez régulièrement nos colonnes, vous savez que le noir est a priori à proscrire. De un, scientifiquement parlant, le noir n’est pas une couleur. Bon ok, aucun rapport. Et deux, le bleu marine est une couleur plus nuancée et moins utilisée sur les vêtements bas de gamme .Il peut même sous certains aspects paraître noir. Optez plutôt pour ce dernier si vous voulez une teinte foncée.
Et le pantalon blanc ? A moins que vous ne viviez en Italie, les pantalons blancs de qualité ne courent pas les rues. Surtout en province. Vous pourriez vite vous retrouvez avec ça :
Les pantalons blanc haut de gamme sont en général plus épais : ils gardent une certaine tenue et il n’y pas d’effet de transparence qui est une caractéristique assez féminine.
Il peut même se porter en hiver. Dans cette interview, Alexandro Squarzi dit bien qu’il s’agit du pantalon le plus versatile. C’est très certainement vrai.
Et concernant l’entretient, il conseille de ne pas être trop maniaque. Il ne mérite pas plus d’attention qu’un pantalon ordinaire. Il doit vivre avec vous. Les traces et les tâches en font parti, comme un cuir qui se patine. (Pas besoin de le salir exprès non plus hein !)
La taille :
On peut esquisser 3 grandes catégories de taille.
- Taille haute : au dessus des hanches
- Taille normale : au niveau des hanches
- Taille basse : en-dessous des hanches
Les jeans étant les pantalons les plus portés, la majorité des personnes sont habitués à revêtir des tailles basses ou normales.
Pourtant la taille haute offre l’avantage d’allonger la silhouette et de donner une allure plus sportive.
Par contre il est vrai que si vous un avez un embonpoint, la taille haute est plutôt à fuir…Idem si vous avez déjà des jambes immenses par rapport au torse.
Remarque : il y a taille haute et taille haute. Quand je parle de taille haute, le pantalon monte un peu haut dessus des hanches mais pas plus. Encore plus haut c’est bien entendu possible, mais c’est à privilégier pour les costumes (et avec bretelles ou pattes de serrages). Et vaut mieux savoir ce que l’on fait.
Les caractéristiques
1. Commençons par la caractéristique la plus triviale : le pantalon est fermé par des boutons (en corne si possible) ou une braguette. Je n’ai personnellement pas de préférence. Cela relève d’un choix esthétique et fonctionnel.
2. La ceinture permet de fermer et de maintenir votre pantalon à la taille. Les ceintures des pantalons napolitains sont assez atypiques. Un exemple ci-dessous :
3. Pattes de serrage : comme vous pouvez le remarquer, sur ce pantalon il n’y a pas de passants de ceinture. Les pattes de serrage permettent alors d’avoir un bon maintient.
Sur certains pantalons (type Workwear notamment) une patte de serrage est disposée à l’arrière du pantalon
.
4. Le pli de pantalon - qui n’a d’ailleurs pas toujours été au centre mais fut aussi sur les côtés - :
Tout d’abord petite distinction entre pli et pince même s’ils peuvent se confondre.
C’est au début du XXème siècle que le pli s’impose. Le pli donne du caractère au pantalon. Il serait même devenu « l’âme du pantalon » d’après Farid Chenoune, Des Modes et des Hommes.
Les pantalons à pinces sont très souvent associés à une taille haute. En effet, qui dit taille haute, dit volume de matière en plus car la taille est plus fine au-dessus des hanches. Pour contrebalancer ce surplus, les pinces resserrent la taille tout en donnant (un peu) plus d’espace aux cuisses.
Note : sans pli c’est très bien aussi. Les étudiants de l’Ivy League ne juraient que par des pantalons sans plis. Flat front comme ils disent.
Note 2 : vous pouvez également trouver des pinces à l'arrière du pantalon
5. Les revers : apparaissent dans les années 1860 : les joueurs de cricket anglais et les joueurs de tennis retroussent leurs pantalons, ce qui a tendance à ramasser toutes les saletés. Cela complète par contre la belle ligne du pli central.
Une largeur comprise entre 3cm et 5cm semble assez commune. Ça peut monter jusque 8cm.
6. Poches : poches arrière passepoilées se font discrètes
Sur les poches avant vous pouvez trouver :
- Poches droites : pour les chinos et pantalons formels. Dans l’idéal celles-ci doivent restées globalement fermées (comme sur la photo) une fois le pantalon enfilé, sinon c’est qu’il y a un problème de taille ou de coupe.
- Poches de côté pantalon cargo (en général poches à soufflet) : moins formel et plus baroudeur
- Poche ticket ou montre gousset : sur les jeans mais aussi présente sur certains pantalons formels
Autres caractéristiques :
Sur certains pantalons vous pouvez trouver un V anatomique à l’arrière (Fente d’aisance) ou encore un fond de propreté. (Au niveau de l’entrejambe)
Concernant les coutures qui parcourent le long de la jambe, il existe deux possibilités. Sur l’intérieur (invisible) ou sur l’extérieur (visible). Je ne pense pas qu’il y ait une différence de résistance, il s’agit plus d’un choix esthétique.
Enfin, dernière chose : pouvez également trouver des doublures. Elles sont très utiles pour les pantalons de costume ou encore ceux en laine vierge qui peuvent gratter. Elles augmentent la durabilité et le confort.
Un défaut que je constate parfois avec les doublures de pantalon de costume, c’est l’effet « double pli ».Car il se peut parfois que le pli de la doublure soit visible une fois assis (légèrement décalé par rapport au pli du pantalon – un mauvais repassage estsouvent en cause).