Blackhorse Lane Ateliers

La Workshirt en chambray 6oZ E16 e

t le jeans NW1 Candiani

Un savoir-faire anglais

Note : nous avons demandé à Black Horse Lane de nous envoyer les pièces que vous allez découvrir dans cet article
Texte : Mathieu R. et Marcos E.
Photos : Thomas M.

Le jean, cette star planétaire qui s’est imposée dans presque toutes les sociétés occidentales nous fascine toujours autant. C’est le vêtement le plus vendu au monde avec quelques 2 milliards de jeans écoulés chaque année, soit en moyenne 73 par seconde. 

Cela amène une contrainte majeure. Outre le fait que le jeans est très demandeur en eau lors de son processus de production, que de nombreux produits chimiques sont utilisés pour la culture du coton, c’est surtout au moment de faire son choix que cela se complique. C’est simple, l’écrasante majorité des marques en propose. Que ce soit de l’entrée de gamme, aux marques de luxe en passant par les spécialistes nippons ou américains de la toile de Nîmes, le choix est pléthorique. 

Comme au sein de l’équipe, nous préférons mettre en avant des marques spécialisées dans leur domaine, nous avons été intrigués par une marque venue d’un pays plus connu pour les tailleurs de Savile Row, ses chausseurs spécialistes de modèles brogues, ses vestes de chasse imperméables ou encore des corgis de feu de la Reine Elisabeth II, j’ai nommé l’Angleterre. 

Direction le nord-est de Londres pour comprendre l’univers de la marque Blackhorse Lane Ateliers. 

L’ADN Blackhorse Lane 

Situé dans le quartier de Walthamstow au sein d’une usine datant des années 1920, la marque créée en 2016 par Bilgehan “Han” Ates propose des jeans en prêt-à-porter en denim brut et coton biologique pour hommes et femmes. Avec plus de 30 années d’expérience dans le domaine de la confection, Han souhaitait créer un jean classique mais avec quelques évolutions sur les finitions. 

En mettant l'accent sur la qualité, la communauté et la durabilité, la marque estime que la conception de son denim est inégalée dans le monde. Un projet ambitieux. Pour se lancer dans l’aventure et respecter ce cahier des charges précis, il a fallu analyser, comparer et tester ce que faisaient les autres, les Japonais étant en haut de la liste. 

L’un des objectifs de la marque est de mettre en avant un savoir-faire, des méthodes de fabrication spécifiques tout en participant à la réindustrialisation des pays Occidentaux. Le tout bien entendu avec un grand respect pour les personnes qui travaillent pour la marque et un choix de matière première de la meilleure qualité possible (c’est d’ailleurs la seule chose qui n’est pas faite sur place). Même si tous ces arguments sont à la mode et sonnent un peu marketing, force est de constater que pour BlackHorse Lane Atelier, ce n’est pas le cas tant par la qualité de fabrication que le rendu final de ses produits. 

 
 

Analyse du cinq poches écru

Vous connaissez notre amour pour le jeans blanc. Un indispensable à avoir. Il se marie avec toutes les couleurs et donne systématiquement de la luminosité à une tenue terne. Sans doute dû au fait que le blanc fait partie des couleurs qui orientent la perception visuelle. Bien entendu comme toutes les couleurs, il possède de nombreuses nuances. Et quoi de mieux que l’avis des teinturiers des siècles précédents ? Ces derniers ne pouvaient garantir la blancheur des vêtements à cause des produits qu’ils utilisaient. C’est pour cette raison que les sous-vêtements étaient généralement de couleur écrue. L’écru est un tissu qui n’a pas été préparé, c’est à dire ni blanchi, ni teint. À l’inverse de l’indigo, vous n’avez donc aucun risque de vous retrouver avec les jambes bleues après avoir porté votre nouveau jeans. Une fois le choix de la couleur définie, il a fallu choisir la bonne coupe. Que ce soit du tapered, du slim, du droit, du large…chacun peut y trouver son compte. Les modèles portent les noms des codes postaux de la ville de Londres tel que E5, E8, NW1, SE1, etc... 

 
 

Étant partisan de la coupe droite avec une taille haute (sans doute à cause ou grâce à mon amour pour le fameux 501 de Levi’s des années 60/80), mon choix s’est vite porté sur le modèle NW1. On y reviendra mais Black Horse Lane ne se contente pas de reproduire des jeans anciens, mais plutôt d’améliorer ce qui a déjà été fait. 

L’avantage de la fourche haute, c’est à dire de la distance entre l’entrejambe et le dernier bouton de la braguette, est que je n’ai aucune appréhension lorsque je me baisse ou que je dois faire des mouvements amples. Non pas qu’il m’arrive de faire des grands écarts comme JCVD tous les matins, mais il n’y a pour moi rien de plus inélégant que de voir les dessous, voire pire, de quelqu’un qui se baisse. La braguette est finie par un point de piqure plat à l’intérieur, ce qui permet de ne pas rendre visible les points de surjets. Ce type de détail est le fruit d’une approche plus tailoring que workwear de la part de Han. 

 
 

La toile est en 13oz et vient des ateliers de chez Candiani en Italie. Là aussi, BlackHorse Lane Atelier fait attention à son sourcing, avec des toiles venant principalement d’Italie, Turquie ou Japon. Vous retrouverez l’ensemble des informations nécessaires (style, taille, provenance de la toile...) sur les poches intérieures. La transparence avant tout. 

Concernant la longueur, outre le fait que vous pouvez choisir une longueur de jambe “classique”, 34 ou 36, vous avez également la possibilité de le faire retoucher à votre convenance par leur soin. Chose que j’aurais dû faire tant le 34 est bien trop long pour moi. 

Au niveau des poches, là encore c’est du solide et les finitions sont soignées. Vous n’aurez pas le souci récurrent des vieux Levi’s qui ont des poches intérieures, à l’avant, qui ont tendance à se déchirer au fil du temps. Dans le cas présent, la doublure est très épaisse (10oz en coton croisé venant de Turquie) et dans le fond de poche droit, vous avez même un double compartiment qui vous permet de segmenter ce que vous aurez à l’intérieur. Le tout est bien entendu supporté par des rivets ainsi que des boutons en nickel cuivré fabriqués par YKK. Au niveau de la “coin pocket” en revanche, pas de petit liseré selvedge, qui peut-être un détail sympa pour les puristes. 

 
 

Autre point important, la marque propose des réparations gratuites afin d’allonger la durée de vie de votre pièce. Il vous faudra vous rendre sur place pour les ourlets et les réparations, le tout étant effectué sur des machines traditionnelles comme les célèbres Union Special 43200 G permettant le fameux point de chainette. 

Pour bénéficier de toutes ces caractéristiques, il faudra y mettre le prix. En effet, le NW1 est à plus de 350€, ce qui commence à faire beaucoup d’argent pour un jeans. En revanche, la qualité générale du jeans sera bien présente avec une pièce faite pour vous accompagner un bon nombre d’année. Les meilleurs jeans d’Angleterre, sans aucun doute. 

Disponible ici.

 

 
 

La chemise chambray E16 

Voici un exemple vivant d’une réinterprétation réussie d’une pièce iconique. La workshirt E16 a été revisitée par Black Horse Lane en s’inspirant de modèles anciens tout en veillant à lui conférer un fit contemporain. 

Il est composé d’un chambray 6oZ manufacturé au Japon par Collect Mills, le tissu s’adoucira au fil des lavages et ports successifs tout en se patinant merveilleusement. La triple couture assure une tenue durable. La chemise est entièrement fabriquée à Londres dans les ateliers de Black Horse Lane.

 
 

La chemise est taillée en regular, j’ai opté pour une taille XXS – tout simplement car je ne suis pas un grand adepte de chemise trop longue. Sachant qu’elle rétrécira uniquement en longueur au lavage d’environ 1-1,5 cm maximum.

Je regrette cependant quelques points sur cette chemise. J’aurai préféré voir deux boutons sur les poches plaquées de la poitrine. Mais c’est un choix stylistique plutôt que fonctionnel. Je préfère des boutons pour avoir vraiment un côté plus outdoor. Malgré cela, le dénuement confère ici à la pièce un côté plus épuré rendant la pièce peut-être plus facile à intégrer dans une tenue moins workwear.

 
 

Autre point, le col. Je le trouve trop court. A 6,5 cm, je ne suis pas habitué à une pointe aussi courte même si historiquement elles sont généralement de cette taille. Il faut éagelement souligner que ce genre de chemise ne se porte pas avec une cravate, donc n’a presque pas pour vocation d’être boutonnée jusqu’au col. Le col a une très bonne tenue dû au tissu encore un peu cartonneux. Il faut dire qu’elle n’a pas encore été lavé par mes soins. J’ai surtout hâte qu’elle s’adoucisse.

On ne le voit pas sur les photos, mais la chemise comporte 7 boutons sur la gorge. À mon sens eut été plus judicieux d’en avoir 6 pour conférer à la chemise encore plus un côté americana. Malgré cela, belle initiative d’avoir placé le dernier bouton plus haut, ce qui facilite les mouvements. Après tout, ce type de chemises sont faites – initialement – pour y travailler dedans.

 
 

Enfin, le prix. À 305€, c’est une pièce qui en rebutera sans doute plus d’un. Mais pour ce prix, vous aurez du made in UK avec un tissu japonais vraiment exceptionnel.

Tout compte fait, pour du prêt-à-porter, la chemise affiche des détails intéressants. Tels que des boutons en nacre, un tissu japonais vraiment beau, une hirondelle de renfort et surtout la triple piqure. 

La chemise est disponible ici sur le site de Black Horse Lane.