Belgian Shoes – Une success story américaine fabriquée en Belgique
/C’est l’histoire d’un Américain qui se rend en Belgique pour le travail et revient avec une idée dans ses valises. En 1955, Henri Bendel Jr. commercialise des chaussures à l’allure particulière grâce à son oncle, Henri Bendel Sr., qui ouvre un grand magasin éponyme Henri Bendel à New York. Henri Bendel propose des Belgian shoes ou loafers, des chaussures hybrides mi-chaussons et mi-mocassins fabriquées à la main en Belgique, à Izegem près de Bruges. C’est un succès, le tout New York se presse dans la petite boutique au 60 West 65th street – qui déménage en 2001 au numéro 110 East 55th Street.
L’an dernier, lors d’un séjour estival new-yorkais, je voulu glisser mes pieds dans ces chaussures si spéciales et notoirement confortables.
Voici mon retour.
Une gamme étendue au chaussant particulier
La Belgique n’est pas reconnue pour être le pays du savoir-faire de souliers. Et pourtant, les Belgian Shoes sont portées dans le monde entier depuis plus de 70 ans maintenant. Précision importante, ces souliers/mocassins sont une réinterprétation d’un soulier belge qui existait déjà depuis le Moyen-âge ! La version commercialisée n’a donc pas tant à voir avec celle séculaire.
Par où commencer ?
Tout d’abord en soulevant le fait que ces mocassins (appelons-les ainsi par commodité) ont une allure fine, élancée – presque féminine diront certains - et qu’ils ne font donc pas l’unanimité. Je suis donc conscient que beaucoup d’entre vous ne voudrons jamais les essayer, encore moins les acquérir. Et c’est ainsi. Je souhaite simplement partager mon expérience et obsession nourrie depuis quelques années, une expérience personnelle et non forcée !
Les Belgian Shoes se méritent. Le soulier/mocassin est proposé en version femme et homme. Cette dernière comporte quatre gammes : la Traveler (semelle gomme), Lui (talon et mocassin à pampilles), Henri (talon et nœud), Mr. Casual (semelle cuir sans talon).
J’ai opté pour la dernière gamme.
Et voilà où les choses se compliquent. Car si ces mocassins ont un style simple, le chaussant est un vrai casse-tête. En effet, aux pointures américaines s’ajoutent les last, soit la forme : Narrow, Medium, Wide et Extra-Wide.
Pour connaître son chaussant, le plus simple est d’essayer car Belgian Shoes n’a pas de site e-commerce – le site internet existe mais n’offre pas la possibilité de placer une commande – et l’unique boutique au monde se situe à New York. Alors oui, c’est compliqué. Mais il y a deux solutions si vous êtes vraiment curieux : il existe un revendeur à Londres, chez Paolo Moschino.
L’autre solution est la possibilité de placer une commande via le formulaire du site internet de la marque en envoyant le formulaire de contact ci-dessous. Je ne m’y suis pas risqué, si vous passez le cap, n’hésitez pas à nous faire part de votre expérience.
New York, l’unique boutique au monde
Quelques photos de la boutique, prises par votre serviteur, qui a fait peau neuve en 2020.
Mon choix, la Mr. Casual black calf
Après avoir essayé plusieurs coloris et largeurs, je ressors de la boutique avec le modèle Mr. Casual en cuir lisse noir en taille 7 « Wide ».
L’esthétique du mocassin me plaît beaucoup : cousues main – avec l’intervention de machines bien entendu – à l’envers puis finis à l’endroit (cf. la vidéo), j’aime particulièrement le plateau allongé ou encore le nœud caractéristique en cuir.
Et tout cela a un prix…675 $ ! Je ne vais pas vous dire que ces mocassins les valent car je n’en suis pas convaincu. Je dois cependant admettre qu’ils sont extrêmement confortables et ne passent définitivement pas inaperçus. Je dois aussi admettre qu’il est bien possible que j’en commande une deuxième paire, cette fois en suède marron ou en peau de lézard ?…Rien n’est moins sûr !
J’aime les porter avec un jeans, un chino ou encore en costume.
Quelques personnes portant des Belgian Shoes
Brendon Babenzien, fondateur de la marque NOAH (photos GQ)
Antonio Ciongoli, ancien designer d’Eidos (photos GQ)
Oliver Dannefalk, co-fondateur de Rubato (photo Permanent Style)
Précision importante, il faut apposer un patin en gomme sur l’intégralité de la semelle extérieure afin d’en assurer la longévité. J’ai réalisé cette opération chez le cordonnier auquel j’accorde toute ma confiance, Les 2 Lutins, rue Saint Marc à Paris.
Les Belgian Shoes sont des mocassins hybrides qui ne sont pas des indispensables mais qui ont le mérite d’ajouter une allure indéniable à une tenue. Encore faut-il oser…