Où revendre ses souliers en seconde main ?

 

Abbot’s shoes

Nos garde-robes sont (trop) remplies. Pour les alléger, deux options s’offrent à nous, rationaliser nos achats ou revendre ce que nous ne portons/n’aimons plus. 

Mon mantra consiste à me séparer d’une pièce lorsque je fais l’acquisition d’une autre, plus conséquente. C’est une sorte de balance et d’équilibre que j’ai mis en place depuis quelques années…qui n’est pas toujours scrupuleusement respectée car il ne faut pas chercher à se séparer - ou acheter - une pièce coûte que coûte. Le tout doit se faire naturellement. 

Pour ma part, je compte plusieurs paires de chaussures - ma femme dirait trop, moi pas assez - inévitablement, je me lasse de certaines paires. Parfois, je me trompe même de pointure car je n’ai pas essayé le modèle en boutique ou que la boutique en ligne de la marque n’offre pas la possibilité d’un retour contre remboursement. C’est le jeu. 

Alors, je me tourne vers des plateformes de revente en ligne. Vous en connaissez plusieurs ici en France, Le Boncoin, eBay ou encore Vinted. En revanche, comment bien revendre une paire de qualité - achetée chère - à un public de connaisseur ?

Souvent, je me retrouve à brader des paires de Crockett & Jones sur Vinted…J’ai enfin trouver la solution pour remédier à cela. 

Voici comment j’ai réussi à revendre ma paire d’Alden modèle « Longwing » en « color 8 cordovan ».

Abbot’s, le site Anglais spécialisé dans la revente de souliers de seconde main

Sur Instagram, j’ai repéré il y a peu, un site anglais de revente de souliers de seconde main, Abbot’s. 

Le fondateur, Adam Luck, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer Abbot's ?

Peu après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j'ai commencé à travailler dans le quartier des services financiers de Londres, connu sous le nom de "The City" (ndlr. équivalent au quartier de La Défense aux abords de Paris). J'adorais passer devant les magasins de chaussures et admirer les vitrines de marques comme Church's, Joseph Cheaney et Crockett & Jones. Cependant, je ne pouvais pas me permettre l’achat aux prix auxquels ils vendaient leurs souliers, alors j'ai eu l'idée de m'acheter une paire de Church's d'occasion et de les restaurer.

J'ai appris à nettoyer et à cirer les chaussures pour qu'elles ressemblent le plus possible à une paire neuve et j'étais ravi du résultat final. J'ai continué à acheter et à remettre à neuf des chaussures d'occasion, car j'aimais ce processus. J'ai fini par le faire pour mes amis et ma famille et par vendre en ligne des chaussures que j'avais restaurées. Ce hobby a fini par faire l’effet boule de neige et s'est transformé en un emploi à temps plein et en une petite entreprise qui est maintenant Abbot's. 

 Quels sont les critères pour qu'une paire de chaussures soit proposée chez Abbot's (marque, modèle, état) ?

Les deux principaux facteurs que nous recherchons sont la qualité et l'état. Nous ne prenons en considération que les chaussures de marques dont nous avons confiance dans la qualité des matériaux qu'elles utilisent et dans les méthodes de construction utilisées pour la fabrication. L'état est également très important, car nous souhaitons que nos clients portent les chaussures qu'ils nous achètent pendant de nombreuses années. Nous ne prenons en compte que les chaussures qui ont encore de nombreuses années d'usure devant elle. Nous achetons beaucoup de marques différentes et considérons les chaussures au cas par cas. Parmi les marques les plus populaires que nous achetons et vendons figurent Edward Green, Church's, Joseph Cheaney, Tricker's, Loake et Alden.

 

Dans quelle mesure pensez-vous que l'achat d'occasion est la solution à la production de masse ?

Bien que nous ne pensions pas que l'achat d'occasion soit la solution à la production de masse, nous pensons qu'il peut avoir un impact important dans la lutte contre les problèmes multiformes que les pratiques de production de masse non durables peuvent créer. Nous ne pensons pas qu'il y ait quelque chose de mal dans le concept de base de la production de masse, mais nous pensons que le problème réside dans le manque de pratiques durables dans la production de masse ainsi que dans la nature jetable des biens qu'elle produit. L'achat et la vente d'articles d'occasion au lieu d'articles neufs peuvent certainement contribuer à lutter contre la production de masse, car ils permettent de déplacer la demande des entreprises produisant des articles jetables non durables vers des entreprises fabriquant des articles de qualité qui peuvent résister à l'épreuve du temps et donc conserver leur valeur.   

 Nous pensons que l'achat de seconde main est particulièrement important pour les articles en cuir tels que les souliers. La production de masse de chaussures en cuir n'est pas une pratique durable. La fabrication de chaussures en cuir représente un quart de la production mondiale de chaussures, mais jusqu'à 80 % de son impact environnemental. En raison du manque de matériaux de haute qualité et respectueux de l'environnement pouvant remplacer le cuir, il est important d'utiliser pleinement les articles en cuir. Porter des chaussures en cuir pendant seulement neuf mois supplémentaires, au lieu d'en acheter une nouvelle paire, peut réduire considérablement l'empreinte carbone, eau et déchets, jusqu'à 30 %.

 Nous encourageons les consommateurs à rechercher des articles de qualité, à en faire bon usage, à les faire réparer et, lorsqu'ils ne sont plus désirés, à les revendre pour qu'ils puissent continuer à être utilisés.

 En France, de grandes marques ont commencé à proposer des souliers d'occasion directement au sein de leurs magasins - comme Paraboot et J. M. Weston - pensez-vous que les marques de chaussures britanniques vont suivre ?

Nous l'espérons. Dr. Martens a actuellement une collaboration intéressante avec le site internet Depop pour vendre des chaussures et des bottes remises à neuf, ce serait formidable de voir d'autres marques britanniques suivre cet exemple. Nous pensons que proposer des chaussures d'occasion en magasin, comme les marques françaises susmentionnées, est un excellent moyen de montrer comment des chaussures confectionnées durablement peuvent souvent être encore plus belles que lorsqu'elles étaient neuves avec l'usure et l'âge. Nous pensons que les excellents services de remise à neuf/réparation proposés par les grandes marques de Northampton sont souvent sous-utilisés et la présentation de chaussures d'occasion en magasin pourrait être un excellent moyen de promouvoir la réparation et la réutilisation des chaussures à trépointe.

 

Enfin, si vous n'aviez qu'une seule paire de chaussures, laquelle serait-elle et pourquoi ?

C'est une question délicate, car je suis entouré de superbes paires de chaussures tous les jours. Peut-être que je choisirais la "Dover" d'Edward Green en veau marron foncé. Je pense que c'est une chaussure très élégante et polyvalente qui peut être assez chic pour être portée avec un costume dans un cadre formel, mais qui peut aussi être très bien avec un jean ou un chino dans un cadre plus décontracté. Cependant, comme je joue également au football, je risque d'être regardé d'une drôle de façon en essayant de taper dans un ballon de football avec ces chaussures !

Merci Adam !

Comment vendre ses souliers de marque sur Abbot’s ?

Le principe est simple. Dans un premier temps, il faut envoyer une demande électronique - en passant par leur site internet - en joignant photos, courte description de la marque, modèle et état des chaussures à vendre. 

Deux options s'offrent ensuite à vous: soit la vente directe de la paire - et l’achat par Abbot’s - soit le dépôt et l’envoi de la paire sur Abbot’s.com. 

Si vous choisissez la première option - à savoir le rachat direct par Abbot’s - alors le prix sera inférieur à celui d’un dépôt. Abbot’s prend 25% sur le prix final de la vente si vous choisissez le dépôt vente. 

À noter que l’expédition de la paire au Royaume-Uni est à votre charge. 


Exemple avec ma paire d’Alden Longwing en cordovan color 8

Voici quelques captures d’écran de ma paire vendue sur le site. L’attention aux détails et la qualité des photos est irréprochable, je serai capable de les racheter !

Pour un dépôt: ma paire d’Alden a été évaluée à 450£ (soit environ 500€). À cela, il faut retirer la commission du site, qui s’occupe de photographier, nettoyer et mettre en avant la paire, soit 25% donc 281,25£ (332€ environ). Cela peut paraître conséquent, mais en choisissant Abbot’s qui jouit d’une plateforme spécialisée pour les souliers de qualité, vos chances de succès sont nettement supérieures comparé à un site de petites annonces. 

Pour une vente directe: ma paire a été évaluée - après commission - à 260£ (soit 307€ environ). 

J’ai choisi la première option. Tout simplement car je n’étais pas pressé et je souhaitais tester l’efficacité du site. Je n’ai pas été déçu ! Ma paire s’est vendue en moins d’une semaine. Pour le règlement, il faut patienter 14 jours après que l’acheteur ait reçu sa paire afin qu’Abbot’s déclenche le paiement au vendeur. Pour ma paire d’Alden, l’acheteur n’a pas utilisé son droit de rétractation et j’ai été payé par le site sans encombre.

Pourquoi choisir Abbot’s ?

Il me paraît nécessaire aujourd’hui d’offrir une garantie d’achat et de vente pour des produits de seconde main. Ce principe irrigue par exemple le monde du marché de l’art français grâce à un décret - le décret Marcus du 3 mars 1981 sur la répression des fraudes en matière de transactions d’oeuvres d’art et d’objets de collection - énumère les principes et nomenclatures selon lesquels le commissaire-priseur doit procéder pour mettre en vente les objets d’art. Ainsi, si vous êtes face à une toile authentique de Renoir, le commissaire-priseur emploiera directement le nom de l’artiste. Si en revanche, le commissaire-priseur - et l’expert - ont des doutes quant à son authenticité, mais pensent tout de même qu’il y a de fortes chances que cette toile ait été exécutée par Renoir, alors le décret Marcus impose à l’opérateur de ventes aux enchères de mettre “attribué à Renoir”. Le prix de la toile en sera impactée mais la responsabilité du commissaire-priseur et de l’expert préservée.

Le parallèle peut être - et doit être - fait aussi pour le marché des vêtements de seconde main. De mon point de vue, Abbot’s peut cristalliser cette tâche. A savoir, lorsqu’une paire leur est confiée, ils ont la possibilité de l’authentifier, de l’estimer et de la mettre en vente. A l’image du commissaire-priseur, Abbots œuvre pour l’intérêt du vendeur, en agissant comme son mandataire.

Pour toutes ces raisons, je pense qu’Abbot’s mérite amplement sa place dans le marché de la seconde main et que la plateforme gagne à être connue et reconnue. En plus de proposer des souliers et un service de qualité, Adam et l’équipe sont d’une gentillesse et réactivité inégalées. Un service indispensable dans un monde inépuisable.