Valstar Milano 1911 - Blouson Suédé
Note : A notre demande, Valstar a accepté de nous envoyer le blouson pour la réalisation de cet article.
Texte : Marcos Eliades
Photos : Valstar ; Thomas M
Introduction
En 1873, le philosophe allemand Robert Vischer invente le terme « Einfühlung » dans sa thèse sur l’esthétique. Ce néologisme signifie littéralement « empathie » mais recoupe également le sentiment d’appartenance, de sensation et le fait de « s’adonner à une émotion ». Le vocable sera ensuite popularisé par le philosophe Theodor Lipps, admiré par Freud, qui détaille la faculté pour un être humain d’apprécier une chose seulement s’il se projette réellement avec celle-ci. Selon lui, il est impératif de véritablement ressentir l’objet, comprendre comment il a été façonné par l’artisan et la signification qu’il lui en donne. Le concept d’« Einfühlung » englobe ainsi la possibilité pour l’être humain de ressentir une émotion interne et de la partager avec son environnement.
A un niveau moindre, nos vêtements doivent nous rendre heureux : si l’on ne ressent pas une petite flamme lorsque qu’on les porte, ils finiront dans les méandres de nos armoires.
Mon blouson Valstarino me fait ressentir cet « einfühlung » lorsque je le porte.
Décryptage.
Histoire
Valstar est née à Milan en 1911. Elle a grandement été popularisée par les plus grandes stars de l’époque telles que l'acteur Humphrey Bogart – notamment dans le film Casablanca dans lequel il arbore un trench-coat de la marque – et connaît ainsi une starification quasi-instantanée.
A ses débuts la production est essentiellement dédiée aux vêtements de pluie haut de gamme. La ligne directrice est toujours la même : créer les meilleurs vêtements possibles, dans les plus belles matières.
En 1935, un nouveau blouson est lancé : le Valstarino, littéralement « petit Valstar ». Directement inspiré du mythique blouson A1 de l'armée américaine conçu en 1927, il diffère de ce dernier notamment dans le choix des matières. Façonné à partir d’un cuir très souple, en velours ou en agneau plongé, le Valstarino conserve néanmoins les boutons sur le devant, les poches plaquées ainsi que les poignets. Le col et le bas du dos sont en tricot de laine.
Le Valstarino fait partie intégrante de l’histoire italienne : tellement fameux qu’il se hisse au 11ème rang des 99 objets iconiques italiens nommés dans le livre « Novantanove icone. Da segno a sogno », au même titre que la Fiat 500, la Vespa, la cafetière Bialetti...Une vraie reconnaissance qui explique sans doute son succès au Japon aujourd’hui. Le blouson a toutefois été revisité depuis sa version historique de 1935, notamment en termes de couleurs, de coupe ou de matériaux. Le logo aussi a connu une renaissance, puisqu'il est inspiré de celui utilisé pour sponsoriser l'équipe nationale de football italienne lors de la Coupe du Monde 1978.
REVIEW
Enfiler un Valstarino, c’est tout de suite se sentir appartenir à quelque chose de grand. L’odeur du cuir caractéristique, le blouson la dégage délicatement. Extrêmement agréable à porter, il taille cependant slim et court mais se porte ainsi. Il est donc préférable de l’essayer au préalable dans un point de vente physique avant de franchir le pas de l’achat.
Ce blouson est digne des plus grands bad-boys du cinéma – McQueen, Brando – mais nous voulions nous éloigner ici de cette image en l’associant dans une tenue plus habillée.
Je l’associe avec mon pull shetland « Kelly green » Laurence J. Smith, un chino en velours blanc Uniqlo, une paire de chaussettes crème ainsi que mes Alden « color 8 cordovan » penny loafers 986. Combo gagnant.
Je dois être honnête, posséder une veste en cuir me faisait peur au début, justement à cause de l’image qu’on lui colle. Le Valstarino permet une transition de style tout en douceur : si comme moi, vous n’êtes pas habitué à endosser du cuir, ce blouson en décomplexe le port assez rapidement. En effet, pas de prise de tête avec ce type de blouson : simplicité est le maître mot.
J’apprécie particulièrement le design et la coupe qui confèrent au blouson un certain aspect « militaire-urbain ». Un vrai plaisir de faire et défaire le boutonnage de ce blouson : je vous conseille justement de jouer avec les différents styles qu’il offre ; l’effet visuel ne sera pas le même selon que le blouson est complètement ouvert, boutonné au milieu ou boutonné par deux fois. Une sorte de couteau-suisse tout-terrain. Je l’associe également facilement avec mon jeans SuperStitch mais aussi en tailoring, pour casser le côté trop « lisse » d’une tenue : pantalon flanelle taille haute pour le bas, pièce en maille pour le haut ainsi que mes éternelles loafers fétiches.
Quelle profondeur dans la couleur, quelle souplesse du cuir, quelle qualité ! Le Valstarino est comme un bon copain sur lequel compter, il ne vous décevra jamais.
Qui dit blouson en daim, dit entretien minimal. Voici nos conseils :
Imperméabiliser le blouson à l’aide d’un spray imperméabilisant (Saphir Invulner – Médaille d’Or par exemple)
Ranger son blouson sur cintre, préférablement, à l’abri d’une lumière directe pour ne pas abimer le daim.
Si votre blouson en daim viendrait à se tâcher (malheur !), pas de panique, ce produit miracle est la solution : le « Super Gommadin » toujours de Saphir Médaille d’Or.
Il est également conseillé d’apporter son blouson chez un nettoyeur spécialisé dans le cuir. L’entretien dépendra de la fréquence de port de votre blouson.
Ce n’est pas pour rien qu’il y a « star » dans Valstar.