ROTOTO - Les chaussettes japonaises par excellence
Histoire de la chaussette au Japon
L’histoire de la chaussette au Japon est intimement liée à la préfecture de Nara dans la région du Kensai. Avant les chaussettes, cette région a d’abord été connue pour sa production de coton : le coton Yamato. La rivière Yamato qui parcours la région en fait l’endroit idéal pour la culture du coton.
Avec le développement économique du japon, le matériau de prédilection des objets de la vie courante passe du chanvre au coton, de sorte que les industries de la culture du coton et de la filature dans la région de Yamato se sont enrichies et que le coton Yamato est devenu célèbre dans tout le pays.
À la fin de la période d’Edo et de l'ouverture du pays, de grandes quantités de coton indien ont commencé à être importées au Japon. La production de coton au Japon a logiquement déclinée et la superficie plantée en coton également. Par contre les nouvelles technologies de filature sont arrivées de l’étranger et se sont implantées dans des villes de la préfecture de Nara. C’est à cette période qu’un homme nommé Taijiro Yoshii du village de Mami (dans la partie ouest de Koryo-cho) a acheté une machine à tricoter des chaussettes aux États-Unis en 1910. Il a par la suite embauché les filles d'agriculteurs voisins et commencé la production de chaussettes.
Car on ne l’a pas précisé mais la préfecture de Nara est avant tout une région agricole. Les personnes qui travaillent dans cette industrie le font donc la plupart du temps le soir, après leurs travaux agricoles. Quand la culture du coton a diminuée, la production de chaussettes s'est logiquement répandue comme une industrie alternative. Avec les innovations technologiques (machines à tricoter mécanisée…) la production de chaussettes s’est agrandie et la préfecture de Nara est devenue le 4ème producteur de chaussettes à l'échelle nationale après Osaka, Tokyo et Aichi.
Le nombre de producteurs de chaussettes a temporairement diminué pendant la guerre, mais a augmenté à nouveau après la guerre et il est devenu même une activité principale plutôt qu'un travail secondaire pour les agriculteurs.
En 1951, la production nationale de nylon (via l’entreprise Toray) a encore entraîné une augmentation spectaculaire de la production. Les chaussettes en nylon (une matière qui supportent bien l'expansion et la contraction) ont fortement contribué à l'économie de la région, et Koryo-cho est devenu le premier producteur de chaussettes du Japon.
Au sommet de sa gloire, on comptait presque 200 usines de fabrication dans cette région. Aujourd’hui on en dénombre une quarantaine du fait de la concurrence étrangère accrue. La préfecture de Nara produit aujourd’hui environ 40% des chaussettes Japonaises.
La ville de Koryo-cho reste célèbre pour ses chaussettes. Un festival est même organisé depuis 2005 pour promouvoir ce savoir-faire.
ROTOTO HISTOIRE
ROTOTO est une marque Japonaise de chaussettes fondée en 2014 par le designer Daisuke Ishii, 38 ans. Daisuke Ishii est né et a grandi dans la ville de Yamatotakada, à côté de la ville de Koryo et où des chaussettes sont aussi fabriquées. Un univers avec lequel il est famillier car il y a baigné toute son enfance. Mais l’histoire de Rototo commence surtout lorsque le designer Ishii se rend à plusieurs reprises au marché de chaussettes de Koryo pour parler avec des artisans. Il recherche des fabricants de chaussettes douces et épaisses, ce qui qui est devenu avec le temps la marque de fabrique de ROTOTO.
SOUKI et Ueda : 2 des fabricants de ROTOTO
Un article du site japonais Wedge Infinity nous apprend qu’une partie des chaussettes de ROTOTO sont fabriquées au sein de l’usine SOUKI que vous pouvez suivre sur Instagram ici. SOUKI a été fondée en 1927 à Koryo-cho. Il s’agit d’une petite entreprise de fabrication de chaussettes. L’entreprise utilise principalement des machines low gauge, c’est à dire capable de produire des chaussettes épaisses.
Sa spécificité ? Elle utilise toujours des machines vieilles de plus de 50 ans alors que de nombreux fabricants de chaussettes renouvellent leur parc avec des machines à commandes numériques. Quant à eux ils préfèrent continuer d'utiliser les machines héritées des générations précédentes tout en les entretenant avec soin. Il s’agit probablement de machines japonaises de la marque Nagata qui a fermé depuis quelques années ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser des problèmes de maintenance de ces machines (difficulté à trouver des pièces de rechange par exemple).
Même si on ne pense pas que c’était nécessairement mieux avant, il est fort probable que c’est ces machines qui rendent les chaussettes SOUKI complètement différentes des machines modernes programmables. Des machines qui peuvent rebuter car elles sont plus difficiles à maîtriser et il faut des employés compétents pour les utiliser. Un niveau de connaissances d’autant plus pointu que les propriétés des fils changent en fonction de la température et de l'humidité.
Les références mondiales actuelles dans la production de chaussettes sont italiennes. On pense à Lonati, Busi Giovanni ou Santoni. En France, c’est d’ailleurs la marque Lonati qui équipe la plupart des fabricants français de chaussettes : Broussaud, Labonal, Bleu Forêt, Missègle ou encore Perrin. Certains d’entre eux possèdent évidemment d’autres marques. Perrin et Broussaud ont d’ailleurs des machines Nagata.
Est-ce à dire que c’est ces machines anciennes qui font toute la spécificité de beaucoup de marques de chaussettes japonaises ? A notre avis ce n’est pas aussi binaire et cela ne se résume pas uniquement à une histoire de machines. Car même avec les mêmes fils et les mêmes machines le résultat serait probablement différent en Europe. La vision artistique joue également sa part. Et nul doute qu’entre l’Orient et l’Occident cette vision n’est pas la même.
Pour terminer sur l’entreprise SOUKI, notons qu’elle possède également ses propres marques tel que Re loop. Elle promeut également la fabrication de ses chaussettes via le projet Charix : un vélo qui entraîne une machine à tricoter manuelle et qui permet de produire ses propres chaussettes.
Le deuxième fabricant, Ueda est plus orienté chaussettes de sport. Il s’est néanmoins adapté au cahier des charges de ROTOTO.
Pour finir on a trouvé la signification (en japonais) du nom de marque ROTOTO : 「漢字の〝足〟を分解して、カタカナにしてロとトとトです(笑)」. Si vous avez la traduction en français on est preneur.
PRODUITS
Outre le fait que les chaussettes ROTOTO soient faites avec des fils assez épais, elles sont souvent également composées de mélanges de matières intéressants, voires inédits.
Quelques exemples :
On vu un mélange de coton bio, de soie bio et de laine de YAK (!)
Beaucoup de mélanges en laine mérinos et coton
Des mélanges soie / coton
L’utilisation de Silk Noil, qui est une matière réalisée à partir de déchets lors du tissage de la soie
Des chaussettes en mélange coton / dralon® pour plus de résistance
Nos chaussettes préférés sont certainement celles en matière double face : il y a de la bouclette sur les deux côtés de la chaussette. Très confortable et encore jamais vu sur des marques européennes.
Vous avez également peut être remarqué cet anneau textile qui livré avec chaque paire de chaussettes. D’où provient-t-il ?
Cet anneau est en fait une chute liée à la couture au niveau des orteils. On s’explique. Les chaussettes en low gauge (fils épais) ne peuvent pas être tricotées automatiquement de bout en bout. Au bout des orteils subsiste un “trou”. Pour le fermer il existe différentes possibilités.
Le remaillage manuel
Cette opération n’est en fait pas entièrement manuelle. C’est un abus de langage mais elle nécessite effectivement des compétences pointues et une opération assez longue. Elle est faite avec une machine qui va relier les deux parties des chaussettes avec un fil. Cette “couture” est suffisamment plate pour que les gens ne la sentent pas lorsqu'ils portent les chaussettes.
2. Technique “Rosso”
Cette opération peut aussi être réalisée à l’aide d’une autre machine pour aller plus vite. Elle a été développé initialement par le fabricant italien Rosso et porte donc souvent le nom de technique Rosso. La technique est plus grossière et ne permet pas d’avoir des résultats aussi “seamless” que le remaillage manuel.
C’est dans tous les cas à l’issue de cette opération que cet anneau est produit. Il s’agit de la partie supérieur de la couture qui est coupée. Les entreprises ne savent bien souvent pas comment utiliser ce déchet intelligemment.
SOUKI a semble-t-il trouve des solutions autrement plus astucieuses :