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Maison Hellard - L'excellence du lin

Certains d’entre vous ont sans doute déjà croisé les liasses de tissus Maison Hellard lors de leur rendez-vous chez le tailleur ou tout simplement sur Instagram. Nous avons eu la chance et l’immense plaisir de rencontrer Nathan Hellard lors d’un trunkshow à Paris récemment, chez Virgil Viret - propriétaire de Lafayette Saltiel Drapiers - et spécialiste incontesté du tissu. 

Voici notre discussion avec un véritable passionné.

Comment est né Maison Hellard ? Peux-tu nous raconter son histoire ?

J’ai toujours eu une passion pour l’artisanat et le textile, une niche dans le secteur dit du luxe. En tant qu’ancien officier, il m’a été très compliqué de rejoindre cette industrie. Après avoir travaillé pour Zegna et Scabal, et arrivé à un certain niveau de compétence et de compréhension, j’ai pensé que je pouvais essayer d’apporter une vision personnelle. J’ai choisi le lin pour l’exprimer puisque c'est une matière locale et inscrite dans notre histoire, plus que toutes les autres. Pas de volonté de cocarde ou de slogan de ma part, mais j'ai beaucoup de respect pour les agriculteurs derrière cette plante, venant moi-même d'une région très rurale.


Le lin a la particularité d’être issue d’une plante, cela rend-il le travail du tissage plus complexe ?


Travailler le lin c’est se fermer beaucoup de portes en effet. Le tissage est différent et doit se faire à l’humide, la fibre peut casser plus facilement et il faut accepter sa texture végétale. Ceci dit, c’est une matière qui a les qualités de ses défauts: la texture justement mais aussi l’irrégularité des teintes, le volume. Je ne parle pas non plus des qualités inhérentes à la fibre comme la respirabilité, la fraicheur ou l’absorption. Je dirai aussi que complexité et marché de niche ont longtemps relégué le lin a un tissu secondaire, très saisonnier ou se cantonnant à des mélanges. Cela ouvre de belles opportunités pour un spécialiste comme nous.


Comment sont nées les collaborations entre Maison Hellard et Lafayette Saltiel Drapier ?


Je suis entré chez Lafayette Saltiel pour rencontrer Virgil alors qu’un ami me l’avait déconseillé suite à une expérience mitigée. Je le dis et le répète aujourd’hui à qui veut l’entendre (et en souriant) car je pense qu’il s’était trompé d’adresse. Il nous a fallu moins de cinq minutes pour devenir amis avec Virgil (le propriétaire de LSD). Nous vivons une passion commune et nous partageons une esthétique assez marquée, ce qui facilite les collaborations. Notre amitié a fait le reste. 
Nuit parisienne et Sainte Victoire sont avant tout des réflexions sur la couleur. Nous nous sommes inspirées d’échecs de teintures présentes dans les archives de LSD (Nuit parisienne) et puis nous avons pris plus de distance pour évoquer des paysages qui reflétaient notre parcours (Sainte Victoire - pour l'enfance de Virgil). La prochaine capsule parlera plus de mon histoire personnelle: les teintes seront plus militaires, plus froides. Nous travaillons également sur une collaboration avec un artiste belge, Tom van Puyvelde, spécialiste des couleurs... j’ai hâte d'en montrer plus.

As-tu des références préférées, si oui, lesquelles ?


Mon travail est une passion que je vis avec des passionnés, aussi bien clients que tailleurs. J’ai des références personnelles oui, de l’armée ou de certaines personnalités brillantes que j’ai rencontrées comme Martin Aveyard (directeur artistique d'Abraham Moon), Florian Sirven (Berluti) ou Campbell Carey (Huntsman)… mais je me nourris de plus en plus des trésors que les artisans acceptent de me faire découvrir. C’est une chance immense que de se voir ouvrir les archives de maisons renommées de Savile Row, de LSD, ou du légendaire Jungmann Neffe de Vienne… et il n’y a pas de jalousie ou de méfiance: il est difficile d’inventer car le textile est un art figé, mais nous pouvons réinventer, ensemble.

Tes références de tissus ont toutes un nom poétique, « brou de noix », « marée basse »…est-ce une volonté de ta part de raconter une histoire avec le tissu ?

Il y a un adage chez les marchands: "il faut un rose pour vendre un bleu marine", il faut un tissu fort pour que le client soit attiré et opte ensuite pour un tissu bien plus sage. Chacun de nos tissus est exclusif et a été le fruit d’une longue réflexion. Je n’ai ni la place, ni les moyens d’investir dans ce fameux tissu rose. Passé autant de temps sur des échantillons de variantes de couleur et de dessins, les tissus commencent à évoquer autre chose, et dépassent le simple monde textile. Ils deviennent personnels et font écho à ma propre histoire. 

Enfin, peux-tu nous parler des futurs projets de Maison Hellard ?


De beaux projets. Nous allons mettre à jour notre première collection. Les retours de nos clients nous ont fait prendre confiance en nous et nous connaissons désormais plus précisément notre esthétique, sans trop se préoccuper d’une vision commerciale. Je suis intimement persuadé qu'en mettant toute son énergie à faire du beau, cela plaira, au moins à certains. Il y aura aussi une nouvelle collection basée sur des savoirs-faire passionnants, toujours autour du lin... mais je n’en dirai pas plus. Ce sera assez intéressant. 

Un dernier mot ?

Oui, j’aimerais aussi insister sur le fait que Maison Hellard est une aventure familiale. Je travaille avec mes parents, désormais retraités et complètement étrangers au secteur. Cela joue un rôle important dans notre développement et dans notre rapport avec nos clients, qui sont d'ailleurs devenus bien plus pour une bonne partie d'entre eux. Nous vivons une passion tous les trois. C’est à la fois une responsabilité et un devoir, celui de ne pas décevoir tout en restant confidentiel pour continuer à vivre cette expérience avec plaisir et de manière humaine.

Merci Nathan !

Pour le plaisir des yeux, je vous invite à découvrir l’univers de Maison Hellard en photos ci-dessous et sur leur site internet.

TOUTES LES PHOTOS COPY RIGHT MAISON HELLARD