Tenue des lecteurs, Obeyfeline AKA Réginald Jérôme de Mans auteur de « Swan Songs: Souvenirs of Paris Elegance »
Nous avons déjà écrit un article sur le livre de Réginald-Jérôme de Mans, Swan Songs. De notre point de vue, c’est un des meilleurs livres des 10 dernières années sur l’univers du vêtement masculin. Aussi lorsque nous avons appris qu’il faisait une dédicace chez Chato Lufsen en fin d’année dernière, nous lui avons immédiatement proposé de figurer dans notre série Tenue des Lecteurs. Et on en a profité pour lui poser quelques questions.
Vous pourrez trouver la version originelle en anglais ici.
D’où vient ton amour pour l’artisanat français ?
Sans vouloir faire penser aux longues introductions et aux allusions historiques qu’écrit mon ami Derek Guy de Die, Workwear! pour ses propres billets, il faut remonter à mon adolescence lorsque j’étais scolarisé dans un prep school – ou école préparatoire privée pour une faculté américaine hors de prix – du nord-est américain. Prep n’est pas ce à quoi on pense aujourd’hui, une image embellie par le syncrétisme de Ralph Lauren et une nostalgie à l’eau de rose montée de toutes pièces par des personnes qui n’y étaient pas. C’était un monde axé sur l’adolescence, le lycée et le privilège.
Et comme on peut attendre du monde adolescent, c’était basé sur des thèmes d’exclusion. Le Nord-est américain est réputé pour avoir ce côté froid et inamical. Il y avait très peu d’élégance, seulement une homogénéité d’OCBD et de khakis – (ndlr : pantalons de couleur beige), de sacs à dos LL Bean, et surtout la peur, la peur ne pas « en être », de se faire découvrir. Il ne fallait pas mentionner qu’on n’avait pas de maison de vacances à la plage ou qu’on ne passait pas ses vacances d’hiver à faire du ski au Colorado ou en Suisse. Cela allait jusqu’à la musique qu’on écoutait. Médiocrité de bourgeoisie moyenne et assurance, l’assurance que tout nous sera offert par le monde pour pouvoir perpétuer notre appartenance à ce monde – si nous en faisions déjà partie. Pour moi, c’était un choc. Me sentant exclu, je m’astreignais à me définir plutôt qu’à être défini, y compris dans la façon dont je m’habillais. Je ne pouvais pas me permettre une garde-robe très étoffée de vêtements Preppy.
Or, dans une braderie je suis tombé sur un manteau griffé Christian Dior – de l’époque d’avant que LVMH rachète toutes ses licences, donc une ligne sans grand intérêt esthétique. Mais pour moi c’était exotique, complétement hors du monde des marques preppy. Par cet exotisme il me semblait dépasser le preppy sur le plan esthétique. Et cela m’a cultivé dans une curiosité exacerbée pour en savoir plus sur la marque – et ensuite sur toutes les marques et faiseurs auxquelles je me suis intéressé, leur histoire, leurs références culturelles…L’année suivante, une nouvelle version d’Une robe pour Mrs Harris est passée à la télé avec mon comédien préféré, Omar Sharif, donc je l’ai regardé. L’intrigue est une dame aux petits moyens qui va à Paris pour s’acheter une robe haute couture Christian Dior avec ses économies, une métaphore de ma vie depuis.
Bien sûr, entre l’adolescence et ma vie actuelle d’homme qui a vendu son âme pour le steez français, beaucoup de choses se sont produites. En vérité, quand j’avais commencé à m’intéresser à l’élégance, je me suis surtout intéressé à certaines marques et faiseurs britanniques. Mais comme je l’ai écrit, il n’y a rien de plus français que l’anglophilie. Or, ayant habité en France à plusieurs reprises pendant ma vie, je connaissais certains magasins et marques françaises mieux que les iGent lambda. Et vivant à Paris pendant les dernières années d’Old England et Arnys, juste après la fermeture définitive de Sulka, j’ai pu les fréquenter ainsi que découvrir d’autres adresses moi-même comme Anthony Delos de l’époque où il travaillait pour son propre compte. Mais aussi Charvet, qui est évidemment très bien connu mais qui est devenu mon premier chemisier sur-mesure, parce qu’à l’époque je m’étais promis que je commanderais une chemise sur mesure, seulement une, et donc qu’elle devait être parfaite et dans le tissu parfait parce que si Charvet n’avait pas la couleur ou le motif, il était probable qu’elle n’existe pas.
En l’occurrence, j’ai enchainé des commandes de chemises et j’ai découvert que même Charvet n’avait pas toutes les couleurs que j’avais entrevu dans mes fantasmes. Mais je suis tombé sur un patronnier qui était un vrai as, Luis Penedo, qui avait été chez Gaillet avant sa reprise par Hermès et chez Sulka Paris, qui a réalisé un patron superbe pour moi… et j’ai redécouvert que, comme avec mon vieux manteau en prêt-à-porter, je voulais ce que les autres n’avaient pas, soit pour leur ignorance soit par rareté. Aussi, j’ai fait faire une veste par le tailleur Charvet, celui qui habillait Philippe Noiret, l’un des Français les plus élégants du dernier demi-siècle. Bien qu’il soit excellent, le service tailleur Charvet est très méconnu – et à l’époque, plutôt raisonnable !!! Quand j’habitais Paris je continuais d’utiliser des tailleurs britanniques, mais le fameux et mystérieux Michael Alden m’avait aussi ouvert les yeux au « Groupe des cinq » (NDLR : Formé en 1956 par André Bardot, José Camps, Max Evzeline, Socrate et Gaston Waltener, « le groupe des Cinq » ambitionne de créer une “Haute Couture pour Hommes”. Ils se distinguent de l’ancienne garde par leur audace, la présentation de leur collection chez Maxim’s puis à l’hôtel Crillon. Usés par les railleries et l’essor du prêt-à-porter par Pierre Cardin, le groupe s’éteindra à l’aube des années 70. Cette coupe à la française sera portée haut et fort de 1958 et 1967 par toute une génération de tailleurs qui emboîtent le pas des Cinq ; Urban, Gonzales, Rousseau, Cifonelli, Smalto et Jean Raymond entre autres.) et à la tradition tailleur française, me donnant une envie que je n’avais satisfait qu’après des années. Et c’est grâce à lui que je suis allé chez mon chemisier actuel, Marc Lauwers. Je n’ai pas essayé tous les chemisiers qui existent, mais il est, de ma propre expérience, le meilleur toujours exerçant le métier – et de loin le plus élégant !
Ce qui a cristallisé ma francophilie vestimentaire en son incarnation actuelle était en fait la demande de mon ancien agent littéraire d’écrire un livre. Après avoir réfléchi sur des sujets éventuels, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de livre sur les faiseurs français qui en parlait avec intelligence et exhaustivité. (Depuis, bien sûr, Hugo Jacomet a sorti le sien, bien que nous abordions le sujet de manière différente.) Ça m’a même poussé à faire ma première commande chez Camps de Luca, bien que l’excuse « It was just for research » ne fonctionne pas auprès des femmes dans ce cas non plus. Mais surtout je me suis investi dans le vintage des faiseurs français… Et donc à mon désir de dépasser, d’avoir ce que les autres ne pouvaient pas, s’est rajouté un autre aspect : avoir pas simplement ce que les autres ne connaissent pas, mais ce qui n’existe plus. Car les J6M (ndlr : Jean-Marie Messier, ancien patron de Vivendi, baptisé « J6M » pour Jean-Marie Messier, Moi-Même Maître du Monde par les Guignols de l’info) du monde sartorial d’aujourd’hui peuvent avoir tout, commandent avant le petit déjeuner le même nombre de costumes de tailleur parisien que j’ai mis une décennie à me permettre, s’achètent des montres haut de gamme comme moi j’achète mes demi-kilos de café. Mais ils ne sauront jamais quelles étiquettes signalent les grandes époques de Sulka, ou ce qui rend certaines mailles cachemire Hermès ou Charvet du passé meilleurs que les Loro Piana et autres Cucinelli d’aujourd’hui. A moins qu’ils ne lisent mon livre.
Sur ton compte Instagram @Obeyfeline tu t’amuses des mèmes sur le savoir-faire haut de gamme français, est-ce une façon pour toi de rendre ce monde plus accessible ?
Quand j’ai commencé à être Extremely Online j’ai très vite remarqué que la plupart des influenceurs (et avant eux les journalistes qui écrivaient sur l’élégance masculine) pratiquaient une distanciation voulue à ce a quoi ils avaient accès, la grande mesure, l’artisanat cousu main, et autres, les élevant culturellement grâce à des allusions aux textes qu’ils n’ont probablement pas lus, aux anciens clients qui avaient été servi par des coupeurs ou formiers morts depuis un demi-siècle, et aux pratiques confidentielles évoquées comme des secrets occultes. En ce faisant, ces gens-là renforcent leur propre valeur comme les seuls qui ont la connaissance de ces mystères… et en plus font semblants d’appartenir à une classe putative qui pouvaient s’en servir (créant un concept exclusif et ridicule de « gentleman »). Or, certaines marques (grandes ou petites) profitent de cette opacité pour faire des raccourcis et vivent de leur réputation. Et ni moi ni la plupart de ces pythies – ni 95% de notre lectorat, y compris les traditionalistes « RETVRN » glauques – ne font partie de cette classe supposée habituée à la grande mesure, et en fait ces gens-là, si même ils existent, se sont servies de la mesure et des autres éléments de l’artisanat haut de gamme français sans y réfléchir et sans prendre du plaisir. Pour la plupart d’entre eux, il s’agissait des objets d’apparat, des trucs qu’on commandait parce que c’était ce qui se fait, d’une routine ennuyeuse et onéreuse.
Les gens qui doivent y penser, pour qui c’est excitant parce que c’est une nouveauté, qui s’occupent des détails, sont des gens comme moi, présumant au-dessus de nos conditions. Ainsi faisons-nous des fantasmes et chaque réalisation est tempérée de déception. Et donc c’est comique et tragique en maints aspects ; l’impertinence s’impose. Il faut dégonfler des légendes sans fond, des prétentions ridicules. Je ne peux pas oublier l’aveu de Tyler Brûlé, qui avait fondé la magazine hypermoderniste wallpaper*, qu’en fin de compte la personne qui achetait les objets bellissimes si soigneusement sélectionnés et composés dans les reportages de son magazine était « some banker, » donc un finance bro au goût quelconque.
Je plaisante de temps en temps que (pour périphraser Black Sabbath) j’ai vendu mon âme pour steez (I sold my soul for steez), c’est-à-dire j’ai passé des décennies à y penser, à en lire des bouquins, et surtout à rechercher des graals qui s’enchainent… A l’exception desdits gens que j’ai décrites ci-dessus il n’y a jamais d’objet magique qui vous transforme la vie, jamais une formule qui vous rendra membre des élus… et même aux adresses les plus mythiques qu’ils chantent on risque de se faire traiter comme du bétail par des vendeurs stagiaires eux-mêmes guère plus instruits que des bêtes… Aussi, il faut imaginer comme un Sisyphe heureux.
Ton livre, Swan Songs, relate les histoires de grandes maisons parisiennes du passée, pour la plupart éteintes aujourd’hui. Selon toi, quelle(s) marque(s) ont su capter cet héritage ?
Comme les sept villes qui se disputent la naissance d’Homère après sa mort dans l’épigramme antique, il me semble qu’une dizaine de boutiques parisiennes s’efforcent de se faire l’héritière d’Arnys (Doh !)… Or, son esthétique était très particulière, et elle-même inventée comme Philippe Trétiack avait décrit. Malgré l’intervention du designer d’Arnys Dominique Lelys chez Artumès, je trouve que Christophe Bréard chez Chato Lufsen conserve l’esprit créatif et luxueux de l’inspiration Arnys ainsi que l’élégance excentrique de certaines autres maisons défuntes dont j’avais écrit.
Rien ne pourra remplacer Old England parce que l’important chez Old England était son cadre baronnial, cet espace énorme et majestueux, qui est irremplaçable maintenant, à l’exception de sa marchandise. Mais pour ceux qui cherchent l’intégrité de l’artisanat dans la plus haute tradition, Marc Lauwers la conserve en chemiserie, tandis que Camps de Luca résume le génie de la grande mesure du tailleur français du dernier siècle : l’essor des rebelles du Groupe des cinq (qui voulaient se différencier des tailleurs classiques en coupant de nouveaux styles en étoffes légères) et, ironiquement, l’héritage par ces tailleurs rebelles du patrimoine tailleur classique quand le style grande mesure s’est redéfini aux années 1980 et après, parce que le Groupe des cinq et ses anciens sont presque les seuls tailleurs qui restent. Même Cifonelli, qui était un grand tailleur classique, a intégré d’abord Claude Rousseau et ensuite Gabriel Gonzalez, tous les deux des disciples de Joseph Camps.
As-tu des obsessions stylistiques ?
Je ne suis pas certain si j’ai bien compris la différence de cette question des deux qui suivent, mais la couleur et la transgression dans le classique m’obsèdent. Pour la couleur, c’est surtout dans mes pulls col roulé et dans mes chemises, prenant inspiration des années 1960 et de Terence Stamp, de David Hemmings dans Blow-Up, de Lord Snowdon… J’étais attiré par cette période d’abord parce que c’était (superficiellement) une époque de démocratisation de l’élégance où des obsédés vestimentaires des basses classes comme Terence Stamp s’imposaient comme icônes, et où un homme de couleur, Omar Sharif, est devenu le comédien d’origine inclassable, jouant des Argentins, des Arméniens, des Mongoliens, des Autrichiens, et des Russes innombrables. Origine inclassable et domicile inclassable, habitant pendant des décennies une chambre de l’hôtel Royal Monceau, en costumes Huntsman et Cifonelli, prenant compte du changement des saisons par, dans ses propres mots, « changeant de cols roulés cachemire aux cols roulés cotons de chez Harrods ».
J’ai d’autres obsessions pointues vestimentaires inspirées par ces périodes et références, comme le col que je commande sur mes chemises, toujours un « spread » à l’anglaise mais un peu haut, et mes vestes qui sont depuis 20 ans presque toutes à la forme « hacking », c’est-à-dire poches en biais et fentes doubles. Et toujours des pattes de serrage aux pantalons pour ne pas avoir affaire aux ceintures…
Esthétiquement mon obsession est anthologique, pour utiliser le concept de Derrida : une vision des éléments du passé et de ce qui aurait pu être, ainsi que ce que nous – ceux qui n’avaient pas du tout droit à toutes les choses sympas du passé – auraient pu en faire de manière postmoderne. C’est pourquoi j’avais tellement aimé le concept store « 15 » qui fleurissait à Paris de 2003 à 2004 avec ses classiques de l’époque Art Déco à côté du meilleur de l’artisanat français actuel revu d’une manière rigoureuse, voire spartiate… le fantasque qui doit faire face à un monde plus que prosaïque, cauchemaresque.
L’accessoire dont tu ne peux te passer ?
Ma réponse automatique est la pochette RJ cat, la pochette en soie à l’image de feu de mon chat que j’avais persuadé Kent Wang à commercialiser afin que des hommes partout dans le monde portent mon chat près de leurs cœurs. En fait, je ne porte presque plus de pochettes en soie, au profit des mouchoirs en lin blanc tout simple pour éviter l’effet Pitti…
Sinon je tiens aux gants de qualité et à un bon foulard, celui-ci se voit dans les photos que vous avez prises de moi… J’ai toujours plus froid aux mains et au cou quand il fait froid, d’où mon goût pour les cols roulés et les foulards, soit des imprimés cachemire-soie soit des foulards très longs en cachemire de chez Begg. Pour les gants je préfère les gantiers français ; bien que les maisons françaises les plus connues ne sont plus très bonnes à mon humble avis…
Un indispensable dont tout homme doit posséder dans sa garde-robe selon toi ?
Des pulls col roulé en laine d’agneau ou un bon cachemire… à commencer avec le noir (le « tactleneck » de Sterling Archer) mais idéalement dans toutes les couleurs de l’arc en ciel. Je vie dedans pendant l’hiver. Après ça, ce qui est indispensable est un bon retoucheur, ce qui ne court plus les rues.
Quelles sont les marques que tu aimes ?
J’ai longtemps été très fan du designer britannique Richard James. Mes marques fétiches sont Caerlee Mills (l’ancien fabricant Ballantyne avant sa fermeture en 2012), les cravates Holliday & Brown re-edited pour Prada, une vision tout à fait alignée avec mon esthétique, et, grâce aux années passées sur mon livre, certaines époques de Sulka, ainsi que les vêtements anciens faits pour ou par Hilditch & Key Paris – on peut le voir par l’étiquette et ce n’était pas du tout la même chose que les vêtements fait pour Hilditch & Key London, qui maintenant a tout repris et qui sombre dans une médiocrité oubliable.
As-tu des marques peu connues que tu peux recommander ?
Ayant mentionné les gantiers français, il faut que je recommande Lesdiguières-Barnier de Grenoble, le seul bon gantier français qui travaille toujours le chevreau (le gantier Lavabre-Cadet vient d’annoncer qu’ils arrêtent de proposer les gants en chevreau, mais le chevreau français est incomparable). Les gants en pécari fabrication française sont une autre obsession ; Gerard Durand rue du Bac en a la meilleure qualité aux meilleurs prix. J’adore les chaussettes aux pointures précises, et Kimono boulevard Haussmann et Crimson rue Marbeuf ont quelques-uns des meilleurs choix de mi-bas en coton ou en laine avec de vraies tailles. Grâce à Martin Nimier du site ancien souliers.net, j’ai appris l’existence d’A l’escalier d’argent aux arcades du Palais-Royal qui propose des cravates fait main en motifs jacquard du 18eme siècle.
Mon ami Oscar Udeshi, mon « frère d’une autre mère » comme on dit en anglais, parait être méconnu en France, mais c’est quelqu’un avec un œil pour le beau et une obsession pour la qualité, les matières et la fabrication de ses produits.
Je devrai aussi mentionner le jeune maroquinier Victor Dast, très talentueux, très humble et très diligent. C’est aussi un ami, mais je n’ai aucun lien commercial avec lui.
Que portais-tu lors de ce shooting ?
Ahahahaha ! Voilà que le réchauffement climatique nous avait tous déboussolés. Avant ma visite la météo s’était annoncée dix degrés plus froid donc j’avais amené mes mailles cachemires épaisses (fait pour des maisons françaises des années 1990 par le même faiseur écossais défunt, en l’occurrence) et des pantalons épais en flanelle… à mon arrivée à Paris il faisait un temps humide mais bon auquel je ne m’étais pas du tout préparé… Ainsi ai-je dû improviser…je porte un t-shirt Hermès vintage en coton karnak (un coton super-soyeux et lumineux supposément récolté tous les trois ans), une veste M65 Hermès en agneau, tous deux des années 1990, un foulard cachemire-soie imprimé de scènes médiévales de chez Hilditch et Key Paris (de l’époque où cette antenne parisienne vendait des choses introuvables ailleurs même chez son parent londonien), un pantalon en cavalry twill épais ivoire de chez Fox (la gamme/le tirage Simon Crompton) copié par mon MBTM (Mystery Bespoke Trousermaker) de mon pantalon Camps de Luca, des bottines double boucle grande mesure en chevreau velours par Anthony Delos, à l’époque je dévalisais le catalogue grande mesure de Lobb London, qui avait un nombre infini de modèles élégants…
Delos en a fait sa propre interprétation pour ne pas voler la propriété intellectuelle de Lobb. Pour le pantalon, pendant la pandémie quand on ne pouvait pas se déplacer j’ai fait copier par un tailleur très attentionné mon pantalon mesure Camps de Luca dans toute sorte de tissus pour porter ce modèle dépareillé. Pour la première fois de ma vie j’ai compris l’ardeur et la folie dithyrambique des gens vis-à-vis de certains « culottiers » tellement la coupe (et les détails main) de ce pantalon étaient flatteurs et élégants même sur ma propre silhouette actuellement peu séduisante. Mon MBTM lui-même était bluffant du travail. Et le cavalry twill Crompton était une aubaine : épais, souple, élastique.